Greg Dipple, conseiller scientifique en chef, Carbin Minerals. Avec l’aimable autorisation de Greg Dipple

Se voir attribuer un prix XPrize pour l’élimination du dioxyde de carbone est un accomplissement significatif pour toute entreprise. En avril, la compagnie Carbin Minerals est non seulement revenue de cette compétition internationale avec en poche un million de dollars, mais elle l’a fait, en plus, seulement sept mois après avoir été incorporée. Pour réaliser un tel exploit en si peu de temps, il a été utile de pouvoir compter sur un cofondateur ayant plus de 20 années d’expérience en recherche sur la séquestration du carbone.

Greg Dipple est géologue et professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, ainsi que chercheur au sein de la Mineral Deposit Research Unit (MDRU, Unité de recherche sur les gisements minéraux). Une autre des cofondateurs de Carbin, Bethany Ladd, est également chercheuse au sein de la MDRU, où le troisième cofondateur de Carbin, Peter Scheuermann, est chercheur universitaire au postdoctorat. Bien que Carbin soit une toute nouvelle entreprise, les compétences scientifiques dont elle dispose sont très solides.

M. Dipple croit que d’ici les 10 prochaines années, la première mine avec un bilan carbone net négatif sera une réalité, et il espère jouer un rôle dans sa création et son exploitation.

« Il s‘agit là d’un objectif réellement atteignable. Ce sera un énorme accomplissement. Ce sera important pour la planète, et ce sera important pour l’industrie, » a déclaré M. Dipple.

Il a expliqué que certains dépôts de nickel se trouvaient dans des roches ultrabasiques, et qu’en raison de leur nature minéralogique, ils étaient intrinsèquement réactifs au CO2 dans l’air. Nous pouvons maintenant mesurer de manière précise le taux de minéralisation du CO2 qui se produit dans ces résidus miniers.

« Chez Carbin Minerals, nous axons notre travail sur l’optimisation de la réactivité des résidus miniers au CO2 atmosphérique, dans le but d’accélérer tout le processus de minéralisation du carbone. Nous faisons cela en combinant nos technologies de traitement au contrôle en temps réel afin que nous puissions coordonner nos interventions de sorte à obtenir un effet maximal. Plus nous pouvons les faire réagir avant qu’ils ne soient enfouis, plus nous pouvons capturer de carbone, et une fois le carbone piégé, il précipite sous forme de carbonate de magnésium, qui est une forme très dense et stable de carbone stocké. » 

Un des traitements qu’utilise Carbin Minerals implique la manipulation ou le mélange de la surface des résidus miniers afin d’accroître leur exposition à l’air. La manière dont cela est fait concrètement dépend de la nature des résidus traités, du climat local et de divers autres paramètres physiques et chimiques pouvant varier de manière significative d’un endroit à l’autre de l’installation de stockage des résidus (ISR). « Nous avons testé ces technologies en laboratoire, nous les avons appliquées à petite échelle sur de réelles ISR, et la prochaine chose que nous allons faire, ce sera de mettre en œuvre ces technologies dans de plus grandes mines en activité. Cela nous permettra d’optimiser encore davantage nos processus, » a ajouté M. Dipple.

Greg Dipple est absolument convaincu qu’il est possible de réduire les gaz à effet de serre dans le secteur minier (et dans le monde en général), mais il pense que ce n’est pas gagné.

« Si nous n’éliminons pas le carbone de manière massive d’ici 2060, 2070 ou 2080, en tant qu’espèce, nous allons souffrir. Le ferons-nous ? Ce n’est pas évident. Techniquement, la voie à suivre pour le faire est très claire, mais sur le plan politique et en termes de choix économiques à poser pour rendre cela possible, ça va être difficile à en juger par ce qu’il se passe en ce moment. »