Avec l’aimable autorisation de David Francis Lyon

Accélérer la transition énergétique est un moteur pour David Francis Lyon, qui travaille sur l’électrification des « industries difficiles à électrifier ».

Ingénieur mécanique formé au Canada, M. Lyon a plus d’une décennie d’expérience dans le développement, le test et l’utilisation de nouvelles technologies destinées au matériel mobile dans les mines souterraines et à ciel ouvert. En 2019, ce « fou des batteries » comme il se décrit a fondé la société d’ingénierie Zero Nexus, qui travaille avec des producteurs de minéraux critiques, de jeunes entreprises technologiques et des fabricants d’équipement d’origine (OEM) pour les aider à adopter les technologies des véhicules électriques à batterie (VÉB). Il compte notamment parmi ses clients Teck, Komatsu, Vale et New Gold.

L’électrification est une passion pour M. Lyon. Selon lui, elle est indissociable des objectifs de neutralité carbone.

« Elle peut non seulement améliorer le lieu de travail, des points de vue de la productivité et de la santé, mais le monde en a besoin pour la décarbonation », expliquait-il.

Si l’objectif d’élimination des émissions d’ici 2050 peut paraître décourageant pour une industrie qui émet autant de gaz à effet de serre (GES), M. Lyon expliquait que l’intérêt accordé aux technologies de batteries et le rythme du changement dans ce domaine pourraient accélérer leur adoption dans la décennie à venir.

Il reste toutefois quelques obstacles à surmonter pour parvenir à l’électrification du secteur minier. Au cours des dix dernières années, M. Lyon a observé une adoption en masse de l’électrification souterraine, mais principalement dans la conception de projets entièrement nouveaux, qui constituent selon lui une petite partie du parc total à l’échelle mondiale.

L’hésitation à adopter les technologies de VÉB est un problème qui comporte plusieurs aspects, et il n’existe pas de solution simple. M. Lyon décrivait trois principaux problèmes. Tout d’abord, il existe un fossé dans la façon dont les sociétés minières mettent à l’essai les technologies avancées, par exemple en traitant différemment les essais technologiques de machines automatisées des essais de VÉB. Ensuite, le manque d’éducation et de sensibilisation est notoire, ce qui signifie que parfois, les VÉB sont présentés à tort comme un remplacement direct des véhicules alimentés au diesel. Enfin, le pays connaît une pénurie de compétences en ce qui concerne les travailleurs formés dans l’entretien des VÉB. Si certaines écoles et universités au Canada proposent des programmes de formation, tels que le projet de laboratoire pour VÉB du Cambrian College, ces derniers se développent sur le plan régional et non à l’échelle nécessaire pour éduquer la main-d’œuvre du secteur minier dans le monde.

Zero Nexus participe actuellement à un projet financé par le Conseil national de recherches Canada (CNRC), que M. Lyon qualifiait de « prise de température » de l’industrie minière. L’équipe est sur le terrain dans des mines en exploitation, et met à l’essai des équipements pour VÉB, discute avec tout le monde, du directeur de la mine aux opérateurs de machines, et leur demande de décrire les réussites mais plus spécifiquement, les enjeux liés à leur adoption. Il cherche à savoir ce qui fait défaut, ce qui les retient.

Il leur demande de « décrire leurs bonnes expériences, leurs mauvaises expériences, les enseignements qu’ils ont tirés. C’est un bon début », indiquait-il.

Il est particulièrement fier de sa collaboration avec Nouveau Monde Graphite dans le cadre de l’électrification de sa mine de Matawinie à ciel ouvert au Québec, qui utilisera uniquement du matériel électrique dans son exploitation.

« Dans le cadre de son processus d’obtention de permis environnemental, la société a inclus l’électrification du parc, et je ne connais personne d’autre en ayant fait de même. Je pense que c’est un signe avant-coureur de ce qui va se produire à l’avenir », indiquait-il, suggérant que cela pourrait entraîner un changement dans le cadre de référence réglementaire. « Vous voulez un permis environnemental ? Quelles initiatives avez-vous mises en œuvre pour répondre aux exigences en matière de décarbonation ? Le diesel est l’un des plus gros [émetteurs] sur votre site. Que faites-vous pour y remédier ? »

M. Lyon ne craint pas d’évoquer les grands enjeux liés à la décarbonation. À propos des années à venir, il dresse un tableau des années 2040 : l’industrie a uni ses forces, elle a mis au point de nouvelles technologies, a investi dans le bon équipement sans se laisser entraîner dans un puits sans fond, et elle a fait de grands progrès en matière de décarbonation, « le tout dans une chronologie me permettant de quitter ce secteur et de le léguer à mes enfants en toute confiance ».

Traduit par Karen Rolland