Marie-Pierre Paquin. Avec l’aimable autorisation de Rio Tinto

Lorsque des acteurs clés de l’industrie établissent des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050, ce sont des personnes comme Marie-Pierre Paquin qui sont chargées de les concrétiser. En tant que conseillère en chef du bureau du scientifique en chef à Rio Tinto, son travail consiste à sensibiliser des parties prenantes externes au processus de décarbonation, et à s’assurer que les facteurs scientifiques fondamentaux répondent aux ambitions de la multinationale.

L’histoire de Mme Paquin avec Rio Tinto remonte à loin. Elle a intégré la société peu après avoir terminé ses études. Pendant 15 ans, elle a occupé divers postes au complexe métallurgique de Rio Tinto Fer et Titane (RTIT) à Sorel-Tracy, au Québec, avant de devenir conseillère principale au centre d’excellence en matière de traitement de Montréal. Elle a rejoint le bureau du scientifique en chef lors de sa création en 2021 en tant que conseillère en chef pour le groupe Découverte, où elle travaille aux côtés de son équipe sur des feuilles de route de décarbonation et pour trouver des solutions techniques aux questions de décarbonation.

Malgré son engagement actuel à l’égard des activités internationales de Rio Tinto, la quête vers la décarbonation dans laquelle Mme Paquin s’est lancée l’a ramené à son ancien repaire de Sorel-Tracy. Elle a participé au développement de l’usine pilote BlueSmelting sur ce site, qui vise à tester et à valider une technologie de fonderie d’ilménite. Cette dernière pourrait générer 95 % d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en moins que le processus de réduction actuel de RTIT. La technologie produirait du dioxyde de titane à haute teneur, de l’acier et des poudres métalliques avec une empreinte carbone bien inférieure. Cette idée couvait depuis des décennies au centre technologique de Sorel-Tracy.

Avec son groupe, elle aide l’équipe locale à mener des examens des procédés et apporte son aide pour les autres technologies novatrices, par exemple pour déterminer la technologie de production d’hydrogène la plus adaptée à leur application. L’usine pilote BlueSmelting est suffisamment grande pour surmonter les enjeux techniques qu’une exploitation à grande échelle pourrait rencontrer lorsqu’elle utilise un agent réducteur tel que l’hydrogène.

D’après l’expérience de Mme Paquin, la difficulté courante de la décarbonation que rencontrent tous les groupes de produits de Rio Tinto a généré une grande synergie entre ses actifs. Elle a vu des fonderies en Australie et en Afrique du Sud se démener pour passer des combustibles fossiles à l’électricité propre. Les camions et autres équipements mobiles lourds sont aussi des cibles de réduction des émissions dans plusieurs exploitations. « Nous essayons de remplir un rôle de coordination pour partager les bonnes pratiques, les bonnes technologies et nous assurer que nous avançons à un rythme soutenu pour atteindre notre objectif », déclarait-elle.

Du fait qu’elle travaille au premier plan des efforts de neutralité carbone, elle est bien consciente de ses enjeux. Selon elle, le principal obstacle à la transition énergétique sera de construire l’infrastructure nécessaire pour répondre aux besoins en électricité verte sur une courte période, un enjeu qui ne concerne pas que l’industrie minière. « En tant que futurs utilisateurs, nous nous devons de faire preuve de la plus grande efficacité possible avec l’électricité propre, si précieuse », ajoutait-elle. À son avis, le moyen d’atteindre cette efficacité est de passer à l’électrification directe, ou du moins de réduire, dans la mesure du possible, le nombre d’étapes dans l’électrification.

Pourtant, malgré les obstacles technologiques et techniques à surmonter avant de pouvoir atteindre les objectifs à l’horizon 2050, Mme Paquin est émue de l’importance qu’a prise la décarbonation dans l’ensemble de l’industrie. « Ce qui est passionnant, dirais-je, ce n’est pas la technologie en particulier. C’est plutôt l’alignement que l’on observe entre professionnels, entre experts, entre secteurs », indiquait-elle. « Parce que c’est en collaborant que l’on peut faire une véritable différence. »

Traduit par Karen Rolland