Nadia Kunz. Photo: Julian Haber

Les travaux de Nadja Kunz dans le secteur minier ont toujours été axés sur la résolution de problèmes. Dès le départ, ses centres d’intérêt s’orientaient vers les variables de mise au point opérationnelle pour optimiser un circuit de flottation, et elle étudiait comment mettre en œuvre le contrôle automatisé des procédés. Avec le temps et au vu des circonstances, ces centres d’intérêt se sont considérablement étendus.

Mme Kunz est chaire de recherche du Canada en gestion et intendance des eaux de mine et professeure agrégée à l’université de la Colombie-Britannique (UBC). L’ensemble de son œuvre, tout comme l’eau qui coule au cœur de sa recherche, bifurque, se ramifie et parfois déborde sur d’autres disciplines.

« J’ai étudié deux disciplines, le génie chimique et l’administration des affaires. Pourtant, j’ai toujours su que je voulais travailler sur l’amélioration des performances environnementales et de durabilité au sein des systèmes industriels », indiquait-elle.

Un trimestre passé dans ce qui était alors la mine Northparkes de Rio Tinto, en Australie, lui a permis de réaliser ce rêve. Bien que cela ne fasse pas partie de son projet initial, elle a accepté ce « projet passe-temps » consistant à évaluer la quantité d’eau qui s’évaporait du site minier lors des grandes sécheresses qui frappaient l’Australie depuis des années. « Tous les secteurs subissaient une grande pression pour réduire leur consommation d’eau. En tant que jeune ingénieure, je trouvais captivant et passionnant qu’un problème environnemental tel que l’eau ait des conséquences critiques sur la production. »

Ses diplômes de premier cycle l’ont mené à un doctorat en Suisse. Elle s’est ensuite dirigée vers un emploi dans le conseil en tant que spécialiste pour l’International Finance Corporation (IFC, la société financière internationale), notamment dans le cadre de programmes visant à renforcer les capacités et à encourager la transparence autour du thème de l’utilisation et de la gestion de l’eau.

En avril dernier, elle a coprésidé le Water in Mining Global Summit (le sommet mondial sur l’eau dans le secteur minier) et a animé des présentations sur la gestion des eaux d’exhaure dans le contexte du changement climatique. Elle a aussi participé au congrès de l’ICM en mai en tant que conférencière de séance plénière. Ses investigations ont donné naissance à un article universitaire dont elle est la coautrice, lequel analyse la question du genre dans la communication de la durabilité des sociétés minières. Elle est aussi l’autrice d’un article d’opinion sur la difficulté du gouvernement de Colombie-Britannique à assumer la conciliation de ses engagements envers la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones avec la loi sur les titres miniers de la province, qui date d’une époque révolue.

En sa qualité de professeur à l’UBC nommée par le Norman B. Keevil Institute of Mining Engineering (l’institut Norman B. Keevil de génie minier) et la School of Public Policy and Global Affairs (la faculté de politique publique et des affaires internationales), Mme Kunz pense que ces thèmes se rejoignent. Comme elle l’expliquait lors d’un débat au congrès de l’ICM, toute personne responsable de la gestion de l’eau dans l’industrie minière devrait avoir un point de vue similaire. « Lorsqu’il est question de risques liés à l’eau, la manière de décrire un risque dépendra de la personne à qui vous vous adressez. Une société peut penser immédiatement aux risques physiques, à la pénurie d’eau, à l’inondation, aux risques économiques, etc. Pour une collectivité locale ou des détenteurs de droits, la définition des risques peut varier, et être davantage liée à la vie, la culture, la valeur spirituelle. »

Dans ses travaux, elle a exploré la difficulté de représenter quantitativement ces « risques non techniques ». Il n’est sans doute pas possible de résoudre ce problème insoluble et, faisait-elle remarquer après l’événement, il faut pour cela adopter un point de vue différent. « Notre formation d’ingénieurs nous apprend principalement qu’il existe une seule, ou un ensemble très restreint, de “ bonnes “ solutions. En réalité, le monde est complexe. Nous pouvons mieux nous y prendre pour enseigner aux ingénieurs et aux spécialistes en finance à accepter davantage les impondérables. »

 Traduit par Karen Rolland