« Quand j’ai débuté, il y avait très peu d’occasions pour les femmes, en particulier dans les mines souterraines, » a expliqué Mme Hutchinson. « Nous sommes passés d’une fille dans une classe de 35, et cette fille, c’était moi, à des cours de géologie appliquée avec une proportion hommes-femmes de près de 50-50 quand j’ai commencé à l’Université Queen’s. »
En tant que professeure d’université, Mme Hutchinson enseigne tout un éventail de cours, incluant des cours sur le terrain destinés aux étudiants de premier et deuxième cycles, et axés sur le cycle de l’exploitation minière ; et elle enseigne des méthodologies de recherche pour l’étude de la stabilité des pentes à l’aide de technologies comme les systèmes de télédétection par laser (LiDAR).
Avant d’entrer dans le monde universitaire, son travail de consultante l’a amenée à voyager dans le monde entier, comme par exemple, en Grèce et en Slovaquie où elle a travaillé sur des cas d’affaissement de mine, ou en Ontario, où elle a œuvré dans le domaine de la planification de fermeture. Mme Hutchinson et son mari, qui est aussi professeur de géologie appliquée à l’Université Queen’s, ont travaillé ensemble à de multiples reprises, notamment pour l’écriture d’un livre sur le boulonnage par câble dans les mines souterraines, un projet qui a nécessité de nombreux voyages en Australie et en Amérique du Nord.
Le couple dirige aussi sa propre entreprise : Innovative Geomechanics Inc. En tant que vice-présidente, Mme Hutchinson est membre de conseils d’examen technique pour plusieurs organismes dont la mine de cuivre Bingham Canyon de Rio Tinto, en Utah.
Si cela fait des années que Mme Hutchinson s’intéresse à la promotion de l’équité, de la diversité, et de l’inclusion (EDI) dans l’industrie minière, ce à quoi cela ressemble, en pratique, a changé. « Au début de ma carrière, [faire la promotion de l’EDI] c’était offrir un modèle, montrer comment les femmes pouvaient avoir une famille et, quand même, avoir des occasions de penser de manière technique, et travailler comme ingénieure, » a expliqué Mme Hutchinson. « Deux ou trois ingénieures un peu plus âgées que moi ont vraiment été des modèles pour moi, elles étaient fabuleuses. »
De nos jours, elle voit plutôt la promotion de l’EDI comme un tremplin. Mme Hutchinson a utilisé ses rôles de leadership pour créer des occasions de recherches et de carrières pour de nouvelles membres de la profession, pour créer et animer des ateliers de formation à l’EDI pour des étudiants de premier cycle, et elle exerce plusieurs rôles consultatifs dans le domaine de l’EDI. En mars, Women in Mining Canada, une organisation canadienne consacrée aux femmes dans le secteur minier, a décerné le Prix Trailblazer 2024 à Mme Hutchinson.
« Il est vraiment important que nous nous engagions tous et toutes dans des alliances inclusives, le mentorat par les pairs, et même le micromentorat, » a-t-elle déclaré. « À chaque fois que vous en avez l’occasion, vous faites la promotion de quelqu’un d’autre. Faire la promotion des gens [quand ils en sont au début de leur carrière] est un moyen essentiel de rendre l’industrie plus inclusive. »
Mme Hutchinson croit que le fait d’avoir davantage de géologues femmes et d’ingénieures a amené des perspectives plus diverses dans les salles de cours, dans les congrès, et dans la profession. Pourtant, Mme Hutchinson a entendu des étudiantes, leurs parents, et ses propres filles, toutes deux ingénieures, dire qu’en tant que femmes, elles étaient encore confrontées à des défis dans le domaine de l’ingénierie.
« Les femmes nouvellement diplômées et les professionnelles sont encore confrontées aux mêmes comportements non inclusifs dans l’industrie, » a-t-elle déclaré. « Je vois encore des environnements dans lesquels les femmes ne sont pas les bienvenues. Il y a [encore] beaucoup de travail à faire. »
Mme Hutchinson prévoit prendre sa retraite de l’enseignement l’année prochaine, mais elle a l’intention de continuer à travailler pour des conseils d’examen et à animer des ateliers sur des sujets comme la stabilité des pentes, les risques naturels, et les initiatives EDI. Elle prévoit également continuer à travailler au sein de comités EDI dans les domaines de l’ingénierie, de la géologie et des mines, car elle croit que la rétention des femmes demeure encore un défi majeur pour l’industrie.
« [Promouvoir l’inclusivité] est [ma] principale préoccupation ces temps-ci, » a-t-elle expliqué. « [Cela signifie] voir comment nous pouvons être davantage inclusifs, faire en sorte que les gens se sentent à l’aise dans leur environnement de travail [et] informer les gens sur ce que cela implique pour le travail sur le terrain, et faire en sorte qu’il leur soit possible de prendre des décisions éclairées. »
Lisez la suite de nos noms à connaître 2024.
Traduit par Michèle Tirlemont