Avec l’aimable autorisation de Sabrina Bouchard
Bécancour, au Québec, est voué à devenir un centre dédié à la transition vers une énergie propre. Il comprendra des installations de matières actives pour batteries et des projets d’affinage pour les batteries de véhicules électriques (VÉ) en construction. Le développement de batteries pour VÉ de la ville a nécessité des investissements considérables. C’est là que Sabrina Bouchard est entrée en jeu.
Dans son poste chez Investissement Québec, Mme Bouchard couvre les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec, où se trouve Bécancour. Elle travaille sur la concrétisation de la stratégie de batteries écologiques du Québec.
Mme Bouchard expliquait que cette stratégie comporte trois piliers : l’extraction et le traitement des minéraux locaux, l’intégration dans une chaîne d’approvisionnement plus vaste en Amérique du Nord, et la gestion des batteries en fin de vie.
« Dans le département de l’investissement direct à l’étranger, notre rôle consiste à combler les lacunes en termes de ce que l’on considère comme le plus stratégique pour la province », ajoutait-elle. « Des personnes à l’étranger s’efforcent d’attirer de nouveaux acteurs, de promouvoir le Québec et de préserver une relation avec les grandes sociétés. »
Mme Bouchard est la porte-parole de Bécancour dans des discussions portant sur le développement de nouveaux projets de batteries pour VÉ. Actuellement, quatre grands projets sont en cours dans cette petite ville du Québec. Nemaska Lithium devrait devenir la première usine d’hydroxyde de lithium au Canada. SK On, EcoProBM et Ford font équipe pour créer une installation de matières actives pour cathodes, et Ultium CAM (une entreprise commune entre General Motors et POSCO Future M) construira, elle aussi, une installation de matières actives pour cathodes. Quant à Nouveau Monde Graphite (NMG), elle devrait construire une usine de matières actives pour anodes.
« Nous travaillons sur l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement entourant ces projets [et] sur le lancement d’autres projets [nécessaires] pour construire un écosystème », déclarait Mme Bouchard.
Selon elle, les investisseurs dans l’industrie manufacturière de batteries pour VÉ s’intéressent à Bécancour en raison de l’accès à une hydroélectricité propre et abordable. Par ailleurs, le parc industriel de Bécancour, qui est détenu par l’État, est prêt à accueillir l’industrie avec son parc de 2 000 hectares de zonage industriel lourd.
Les projets sont aussi intéressants pour la communauté de Bécancour.
« Ils créeront des avantages économiques en termes de salaires intéressants, [qui sont] supérieurs à la moyenne du secteur, des impôts dont s’acquitteront ces sociétés de classe mondiale, mais également de la création d’une chaîne d’approvisionnement importante et spécialisée autour de cette industrie », indiquait Mme Bouchard, ajoutant que Bécancour accueillera de nombreux travailleurs qualifiés et formés. « Nous sommes prêts à construire quelque chose de vaste. »
Mme Bouchard faisait remarquer que la chaîne d’approvisionnement en minéraux critiques à Bécancour est importante non seulement pour les batteries pour VÉ, mais aussi pour la transition vers les énergies propres et l’économie du Québec.
« Les minéraux critiques du Québec présentent un intérêt pour les chaînes d’approvisionnement en panneaux solaires et les électrolyseurs pour l’hydrogène », ajoutait-elle. « C’est une occasion exceptionnelle pour le Québec de traiter ses propres minéraux sur place, et cela marque un changement de paradigme car jusqu’ici, nous exportions nos minéraux pour qu’ils soient traités ailleurs. »
Mme Bouchard insistait sur le fait que les chaînes d’approvisionnement local de batteries pour VÉ permettraient de réduire la dépendance du Canada vis-à-vis d’autres pays. Elle indiquait par exemple que la Chine, qui produit 90 % des matériaux de graphite pour anodes à l’échelle mondiale, a interdit les exportations de graphite à la fin de l’année dernière. En outre, ajoutait-elle, l’usine de NMG sera le premier projet de ce type qui se conforme à l’Inflation Reduction Act (IRA, la loi sur la réduction de l’inflation) des États-Unis.
« Ceci permet aux [fabricants d’équipement d’origine] de disposer d’une chaîne d’approvisionnement qui se trouve dans un environnement stable sur le plan politique, qui a recours à des pratiques éthiques et qui respecte les droits de l’homme », indiquait Mme Bouchard.
Témoigner du développement de Bécancour constitue la partie la plus gratifiante de son travail.
« Je me sens privilégiée de participer à la création de cette nouvelle industrie prometteuse », indiquait-elle. « C’est un travail qui a beaucoup de sens, et c’est une formidable occasion pour le Québec de se positionner en tant que chef de file dans la transition vers une énergie propre. »
Lisez la suite de nos noms à connaître 2024.
Traduit par Karen Rolland