Josette Ross. Avec l’aimable autorisation de Rio Tinto
Josette Ross est, avant tout, une scientifique.
En 2021, elle devient la première femme à diriger l’Arvida Research and Development Centre (ARDC, le centre de recherche et développement Arvida) de Rio Tinto depuis sa création en 1946. Si sa fonction est aujourd’hui davantage axée sur la gestion que sur la science, c’est de science dont il est question au sein de ses équipes. « Même si je gère des personnes, en fin de compte, nous gérons aussi la science », expliquait-elle. « Et pour gérer la science, je dois gérer des personnes. Pour moi, c’est la même chose. »
L’ARDC, situé dans la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean au Québec, a pour mission de développer de nouvelles technologies et d’améliorer les processus, mais aussi d’apporter un soutien aux exploitations d’aluminium de Rio Tinto et d’aider les équipes de vente et commerciales en élaborant et en testant des produits répondant aux besoins des clients. L’organisation se divise en deux sections : l’une axée sur la R&D (recherche et développement) et l’innovation, et l’autre qui soutient les opérations à l’aide de la chimie analytique.
L’une des plus grandes réussites du centre récemment a été obtenue en partenariat avec Indium Corporation. Les deux entreprises collaborent pour trouver un moyen fiable d’extraire du gallium primaire en volume, à partir de la bauxite traitée dans les exploitations d’aluminium de Rio Tinto. Le gallium est un minéral critique rare utilisé dans la production de circuits intégrés. La Chine, principal fournisseur à l’échelle mondiale, restreint l’exportation du minéral. C’est pourquoi il devient essentiel pour l’industrie des semi-conducteurs de disposer d’une source fiable en Amérique du Nord.
Mme Ross expliquait qu’une équipe multidisciplinaire, qui inclut ses spécialistes, collabore avec Indium pour mettre au point un processus permettant d’extraire le gallium sans interférer avec l’extraction de l’alumine dans la bauxite. D’après un communiqué de presse de mai 2025 de Rio Tinto, la prochaine phase du projet comprend l’évaluation des techniques d’extraction de plus grandes quantités de gallium à l’échelle pilote. Si le projet aboutit, Rio Tinto prévoit de construire une usine de démonstration au Saguenay–Lac-Saint-Jean d’une capacité allant jusqu’à 3,5 tonnes de gallium par année.
« Après cela, nous espérons pouvoir atteindre le niveau commercial », indiquait Mme Ross. « Nous souhaitons garantir la chaîne d’approvisionnement. »
Lorsqu’elle est devenue directrice générale de l’ARDC, elle travaillait déjà depuis plus de 15 ans dans le centre de recherche, où elle apprenait tout ce qu’elle pouvait sur les diverses disciplines. Cela lui a bien servi.
« C’est la raison pour laquelle j’ai été choisie pour ce poste. Ce n’est pas un poste facile », expliquait-elle. « Il faut connaître pratiquement tout dans nos domaines pour rester pertinents. En essayant différents postes et différents domaines, j’ai beaucoup appris sur l’ensemble des processus. »
L’association de ses connaissances institutionnelles approfondies et de sa curiosité innée lui a permis d’apporter une nouvelle vision à l’ARDC en réorganisant le centre, en brisant les silos et en créant des équipes de spécialistes disparates, afin que tous et toutes puissent avoir une vision globale tout en travaillant sur un projet. « En les regroupant en une seule équipe dans l’optique de réunir les meilleures idées et solutions pour l’exploitation, ils sont plus forts », déclarait-elle. « Cela peut paraître banal, mais le résultat est positif. J’en suis très fière, car aujourd’hui, nous avons un grand portefeuille de projets qui sont totalement en phase avec les besoins opérationnels. »
Son message aux jeunes qui veulent réussir est simple et direct : ne tenez pas compte de l’imposteur ou impostrice en vous qui vous dit que vous n’êtes pas capables de faire une chose, et tentez votre chance.
« Parfois, vous réussirez, parfois vous échouerez », ajoutait-elle. « Qui ne tente rien n’a rien. Nous hésitons parfois à tenter quelque chose par peur d’échouer, mais là n’est pas le problème. C’est la manière dont nous apprenons les choses qui compte, et c’est ainsi que notre [candidature sur le marché du travail] s’avère plus intéressante. »
Traduit par Karen Rolland