Luis Alberto Torres-Cruz. Avec l’aimable autorisation de l’université de la Colombie-Britannique

Pendant ses études supérieures à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, en Afrique du Sud, les terrils de déchets faisaient partie de la ligne d’horizon de la ville où vivait Luis Alberto Torres-Cruz.

« C’est quelque chose de très présent dans nos esprits lorsqu’on vit à Johannesburg », se remémore M. Torres-Cruz, professeur adjoint à l’université de la Colombie-Britannique (UBC) et professeur mandaté par Teck en gestion des résidus et innovation au Norman B. Keevil Institute of Mining Engineering (l’institut Norman B. Keevil de génie minier) de l’université.

« Cela me paraissait sensé d’étudier et de chercher la stabilité d’un type de structure qui me semblait très proche de la ville. On pouvait facilement imaginer les conséquences dramatiques d’une rupture. »

C’est cette discipline, suggérée comme thème d’intérêt par Geoffrey Blight, son superviseur de l’époque et ingénieur géotechnique accompli, qui a motivé la carrière de M. Torres-Cruz, dédiée à améliorer la sécurité des déchets miniers.

À l’échelle mondiale, l’industrie minière produit des milliards de tonnes de résidus miniers chaque année. La majorité de ces déchets est retenue par des barrages de résidus miniers. En cas de rupture, les conséquences pour la santé humaine et l’environnement sont désastreuses.

En janvier 2019, une catastrophe s’est produite, qui a envoyé une onde de choc à l’industrie et a marqué un tournant dans la sécurité minière. L’effondrement du barrage de résidus à la mine de Córrego do Feijão de Vale à Brumadinho, au Brésil, enregistré sur une vidéo qui a circulé dans le monde entier, a entraîné le décès de 272 personnes.

« L’importance des compétences des spécialistes en génie des résidus est devenue plus évidente après la rupture à Brumadinho », méditait M. Torres-Cruz.

Après la catastrophe, il a corédigé un article d’opinion dans The Conversation qui exprimait la nécessité pour l’industrie de prendre des mesures, et qui soulignait l’importance de la collaboration entre les parties prenantes.

Dans les années qui ont suivi, M. Torres-Cruz a observé des changements de la part des sociétés minières, qui soutenaient désormais des initiatives de recherche directement, avec notamment la création de son poste à l’UBC, financé par Teck Resources. En juillet 2024, il devient le premier professeur mandaté par Teck en gestion des résidus et innovation.

Dans le cadre de cours avec M. Torres-Cruz, les étudiants et étudiantes découvrent les aspects géotechniques et environnementaux des résidus, ainsi que les solutions avancées de gestion des résidus par le biais d’une recherche ciblée informée par une participation avec des sociétés minières et des conseillers et conseillères en résidus.

« Nous identifions les domaines où la recherche est la plus nécessaire et les plus grands défis que rencontrent les ingénieurs en exercice », expliquait-il. « Nous pouvons ensuite optimiser nos efforts de recherche. »

La carrière de M. Torres-Cruz est jalonnée d’un grand nombre d’accomplissements. Il a notamment remporté à deux reprises le prix J.E. Jennings de la South African Institution of Civil Engineering (l’institution sud-africaine de génie civil), a reçu une mention honorable pour le prix R.M. Quigley de la société canadienne de géotechnique et est à l’origine d’un corpus de recherche solide sur les installations de stockage des résidus. Toutefois, son plus grand accomplissement reste le travail qu’il mène avec ses étudiants et étudiantes.

« Les publications qui ont découlé de ces travaux sont très spéciales pour moi, car elles reflètent le processus d’apprentissage », expliquait-il. « Elles reflètent le dévouement des étudiants et étudiantes vis-à-vis des travaux, et des conseils que je leur ai donnés. »

La possibilité de partager des connaissances relatives à la sécurité des résidus avec la prochaine génération d’ingénieurs miniers, hommes et femmes, est un privilège, que M. Torres-Cruz considère comme crucial pour l’avenir de l’industrie minière.

« Il est important de s’assurer que ces connaissances sont transmises à de plus jeunes ingénieures et ingénieurs [des mines], surtout car le génie des résidus n’est pas un thème traditionnellement présent dans le programme, y compris au niveau des études de premier cycle. »

Pour l’avenir, M. Torres-Cruz se réjouit à l’idée de contribuer davantage à la recherche qui permettra de mieux comprendre le comportement mécanique des résidus tels qu’ils existent dans les installations de stockage.

« Les digues à résidus ne sont pas du tout homogènes », expliquait-il. « Nous cherchons encore comment caractériser les propriétés géotechniques des résidus, et il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. »

Traduit par Karen Rolland