L’innovation et l’adoption de la technologie sont essentielles pour un secteur minier prospère et durable, mais à ce jour, nos approches pour assurer le développement de ces dernières ont accusé un retard par rapport à celles des autres industries. Alors que pouvons-nous apprendre de ces secteurs? Un outil commun qui a donné de bons résultats est la création d’une carte routière technologique.
Une carte routière technologique est un plan qui correspond aux objectifs à court et à long terme avec des lacunes technologiques spécifiques qu’il convient de combler. Les cartes routières peuvent être élaborées pour un produit spécifique, un portfolio de produits, une entreprise ou à l’ensemble d’une industrie. Par exemple, la NASA a publié 21 cartes routières technologiques en 2015, couvrant ainsi une variété de systèmes correspondant aux besoins techniques à long terme dans l’espace.
L’élaboration d’une carte routière aide à parvenir à un consensus à propos des objectifs à long terme dans un intervalle de temps de 10 à 20 ans, d’un ensemble de besoins et des technologies nécessaires pour répondre à ces besoins. Les cartes routières fournissent un cadre pour aider à planifier et à coordonner les évolutions technologiques dans l’ensemble d’un écosystème commercial et peuvent fournir un aperçu de l’avenir de l’évolution technologique. Dans le cas de la NASA, une telle carte routière identifie les activités de recherche appliquée et de développement actuelles qui peuvent aider à atteindre l’objectif qui est de couper de moitié les coûts de lancement des engins spatiaux d’ici l’année 2035. À l’échelle de l’industrie, les cartes routières technologiques accélèrent le développement et le déploiement de solutions, car elles aident à concentrer les efforts dans l’ensemble de l’écosystème, de l’académie aux entreprises en démarrage aux petites et moyennes entreprises (PME), tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du secteur minier.
À notre connaissance, aucun effort constant n’a jamais été fait en vue de créer des cartes routières technologiques à l’échelle de l’industrie pour le secteur minier, jusqu’à ce jour.
L’industrie minière a largement tiré profit de l’innovation à changement progressif pour relever des défis et stimuler l’innovation dans les entreprises individuelles. Malheureusement, plusieurs de ces initiatives ont échoué, et ce, pour deux raisons. D’abord, parce que l’innovation à changement progressif, de par sa nature, tente de résoudre un important défi en une seule « étape » au lieu d’effectuer des modifications qui font progresser lentement. Ensuite, car la plupart de ces initiatives ont été mises en œuvre par les entreprises individuelles sans collaboration réelle avec d’autres gens qui tentent de résoudre des défis semblables.
C’est pourquoi nous, au Conseil canadien de l’innovation minière (CCIM), avons mobilisé plus de 125 personnes provenant du secteur minier afin de produire des cartes routières technologiques en exploration minière, exploitation minière souterraine, traitement et environnement. Nous avons également créé une carte routière supplémentaire qui regroupe chacun de ces thèmes en une carte routière unifiée et intégrée pour une stratégie d’innovation à l’échelle de l’industrie que nous avons surnommée Vers une exploitation minière sans déchets (« Towards Zero Waste Mining »).
L’élaboration d’une carte routière technologique est un processus intense dont une grande partie se déroule par le biais d’ateliers comprenant de 20 à 35 leaders d’opinion. Ces ateliers utilisent une méthodologie conçue pour passer d’idées « toutes acceptables » vers un consensus axé sur des objectifs à long terme, des thèmes spécifiques, des lacunes technologiques, des objectifs de rendement et des projets spécifiques.
La carte routière technologique du CCIM pour l’exploration minière, par exemple, a défini six zones clés divisées en deux thèmes qui doivent être abordés afin de résoudre les nombreux défis liés à l’exploration minière. Pour le thème « Deep Mature Camps », les trois zones sont des empreintes multi-paramètres et un système de guidage en 3D, des techniques utilisées pour décoder la géologie profonde en 3D et la collecte de données de forage fond de trou en temps réel. Le deuxième thème « Remote and Covered Areas » comporte les caractéristiques des terranes et des districts fertiles, des techniques utilisées pour cartographier la géologie souterraine et la dispersion secondaire.
Posséder cette carte routière permet aux gens, même ceux qui ne font pas partis du secteur minier, de comprendre les besoins de l’industrie en matière de recherche et de technologie en vue de concentrer plus efficacement leurs propres efforts pour répondre à ces besoins. Dans le but de faire connaître ces besoins et de recruter des participants, le CCIM a organisé une conférence, des exposés et des ateliers, de même que des discussions dirigées avec les organisations et les équipes dans les universités, les organismes en recherche et innovation et les laboratoires gouvernementaux. Ces efforts ont été récompensés. La zone des empreintes multi-paramètres et du système de guidage en 3D est directement abordée par le Consortium de l’exploration et l’innovation du CCIM, alors que la zone des caractéristiques des terranes et des districts fertiles est assumée par l’équipe qui a créé Metal Earth, une initiative de recherche de 110 millions de dollars financée par le gouvernement et menée par l’Université Laurentienne. L’équipe de cette université a utilisé cette carte routière comme guide pour créer Metal Earth. Les participants du groupe d’exploration du CCIM sont activement associés à Metal Earth pour assurer le partage d’informations et le progrès à l’égard des plus importants besoins dans l’ensemble de la communauté.
La carte routière technologique pour l’exploration souterraine a été achevée en 2016 et le CCIM a évolué grâce à un bon nombre de projets liés à l’exploitation minière continue, la coupe mécanique et les véhicules à batterie électrique. La création de lignes directrices pour les véhicules à batterie électrique, un projet terminé en collaboration avec le Global Mining Standards and Guidelines Group (GMSG), auquel plus de 100 personnes ont participé à travers le monde, a été publié au mois de mars 2017. Ces lignes directrices, offertes en ligne, sont déjà utilisées par un certain nombre d’organisations.
Au cours des deux dernières années seulement, les cartes routières technologiques ont mené à des progrès considérables vers la planification d’une transformation pour l’industrie minière et à une adhésion incroyable à la carte routière technologique comme outil pour stimuler l’innovation dans l’ensemble de l’industrie.
Carl Weatherell est le directeur général et le président directeur général du CCIM.
Traduit par Annick Vallée
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