Il y a quelques années, lors d’un congrès et salon commercial sur l’industrie minière aux États-Unis, j’ai rencontré un homme qui avait été mineur dans l’est des États-Unis. Il était à la fois aimable et bourru. Il m’a raconté certains détails de son travail dans les mines de charbon souterraines et les accidents évités de justesse auxquels il avait survécu. Lorsqu’il se remémorait qu’il avait failli mourir enseveli sous du charbon et qu’il avait dû s’extirper seul des décombres, ce n’est pas avec soulagement qu’il évoquait cette époque révolue, mais avec fierté d’avoir eu le courage de travailler dans un environnement aussi risqué et de s’en sortir sain et sauf.

Il parlait avec dédain de la Mine Safety and Health Administration (MSHA, l’administration de la santé et la sécurité dans les mines), chargée d’assurer le respect des réglementations en matière de sécurité. Selon lui, l’agence n’a fait qu’empêcher les personnes de faire leur travail. De son côté, la MSHA a eu un impact considérable sur la sécurité dans les mines américaines. Dans les cinq années qui ont suivi sa création en 1977, les accidents mortels par nombre de houilleurs ont diminué de 30 % par rapport aux cinq années précédentes. Au fil du temps, toutefois, le nombre de houilleurs a décliné, mais pas aussi brusquement que le nombre d’accidents mortels.

Cet ancien houilleur était toutefois présent à l’événement pour promouvoir le National Institute of Occupational Safety and Health (NIOSH, l’institut national pour la sécurité et la santé sur les lieux de travail). Tout comme la MSHA, le NIOSH a été créé dans les années 1970. Il n’avait pas pour mission de renforcer les réglementations, mais de chercher la cause des blessures, maladies, handicaps et décès en lien avec le lieu de travail, et de fournir une orientation afin de les éviter. Si la MSHA contraint les mineurs à appliquer les réglementations en matière de sécurité à grand renfort de mesures punitives, le NIOSH est là pour les aider à éviter les accidents.

Le NIOSH, par exemple, a contribué à une recherche récente qui a identifié la raison de la hausse drastique des cas de pneumoconiose du houilleur chez les mineurs travaillant dans les mines de charbon des Appalaches, malgré des contrôles plus stricts sur l’exposition à la poussière de charbon. Les machines modernes d’exploitation du charbon, semblerait-il, génèrent plus de poussière de silice car elles peuvent découper la roche située au-dessus et en dessous des filons de charbon. Toute cette poussière de silice supplémentaire détruit les poumons des mineurs à un rythme alarmant.

De nouvelles réglementations visant à résoudre ce problème ont été mises en application l’année dernière. La conformité à ces dernières est requise d’ici le mois d’avril cette année.

Bien entendu, les choses ont pris une tournure toute différente ces derniers mois. L’administration Trump encourage l’exploitation du charbon, les ressources de la MSHA ont été considérablement réduites, l’entrée en vigueur de nouvelles limites pour la poussière de silice dans l’exploitation du charbon a été provisoirement suspendue, et le département du NIOSH dédié à l’exploitation minière a été en grande partie supprimé.

Bien sûr, j’ai mon opinion sur la chose, mais je préférerais savoir ce qu’il est advenu de ce houilleur devenu fonctionnaire, et entendre son opinion quant à la conjoncture actuelle.

Traduit par Karen Rolland