Presidential Communications Operations Office/Wikimedia Commons
Sa croisade contre l’industrie minière aux Philippines aura certes été éphémère, mais les ondes de choc provoquées par Regina Lopez, ministre de l’environnement démise de ses fonctions, sont loin d’être apaisées.
La célèbre militante écologiste nommée par le président Rodrigo Duterte en juin 2016 a généré une vague de protestations au sein de l’industrie minière du pays ; 10 mois à peine après son entrée en fonction, elle exigeait la suspension des activités dans 28 des 41 mines métallifères des Philippines, annulait 75 contrats et interdisait l’exploitation minière à ciel ouvert.
Ces injonctions se sont cependant révélées trop radicales ; un groupe de législateurs chargé d’examiner les nominations du président Duterte a rejeté la nomination de Mme Lopez en mai.
« Nous avions beaucoup de projets », déclarait Mme Lopez à la presse après le vote annonçant le rejet de sa nomination, comme le confirme le quotidien New York Times. « Que d’efforts inutiles. Tout le monde aurait profité de la gestion et de la protection de l’environnement. »
D’après un rapport spécial de la banque Scotia sur l’indice des prix des matières premières publié en mars dernier, les 19 mines que Mme Lopez souhaitait fermer en février en raison des risques potentiels de pollution des bassins versants représentaient à elles seules 49 % de la production totale de nickel aux Philippines en 2016. Depuis que l’Indonésie a interdit l’exportation de nickel non traité en 2014, les Philippines sont devenues le plus gros fournisseur de nickel au niveau mondial. Aucune mine n’a encore été fermée ; comme l’expliquait Ronald Recidoro, vice-président des questions juridiques et politiques auprès de la chambre des mines des Philippines, les sociétés ont interjeté appel auprès de M. Duterte concernant les fermetures, une procédure qui ajourne les injonctions et permet aux mines de poursuivre leurs activités jusqu’à ce qu’une décision soit prise.
Le successeur de Mme Lopez, l’ancien chef militaire Roy Cimatu, a adopté une position moins radicale face à l’industrie, « qui marque un éloignement très clair de ce que Mme Lopez revendiquait ces derniers mois », expliquait M. Recidoro.
« Cependant, on ne sait pas si cette positivité se traduira par des abrogations ou des revirements des injonctions précédentes », ajoutait-il. « [M. Cimatu] n’a pas vraiment d’expérience en matière de protection de l’environnement ou de développement des ressources naturelles, aussi il se trouve encore sur une courbe d’apprentissage très raide. »
La chambre était très virulente envers Mme Lopez lorsqu’elle occupait ses fonctions.
« Très peu de personnes apprécient nos actions et reconnaissent nos contributions à l’économie. Le fait que notre défenseur supposé […] dépeigne l’industrie minière comme un violeur de l’environnement qui ne prend que ce dont elle a besoin et ne laisse derrière elle que souffrances et destruction n’aide pas à résoudre la situation », pouvait-on lire dans une déclaration publique cinglante récemment.
Mme Lopez a tout de même bénéficié du soutien fervent de divers groupes et partisans de la protection de l’environnement qui avaient appuyé sa confirmation. Aujourd’hui, ils conseillent vivement à M. Cimatu de ne pas totalement bouleverser ses positions audacieuses.
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Rob Labbé, Directeur de la sécurité de l’information chez Teck Resources