Avec l'aimable autorisation de Charles Dumaresq

L’objectif de la gestion responsable des résidus miniers est de perpétuellement s’efforcer de minimiser les risques physiques et chimiques liés aux parcs à résidus miniers, par exemple en évitant leurs ruptures catastrophiques et en éliminant leurs répercussions importantes sur l’environnement ou la santé humaine. C’est en gardant ces objectifs à l’esprit que l’initiative Vers le développement minier durable (VDMD), un programme de durabilité mondialement reconnu qui aide les sociétés minières à gérer leurs responsabilités environnementales et sociales essentielles, s’est intéressée aux exigences et aux consignes visant à garantir, dans la mesure du possible, la bonne gestion des résidus.

Les résidus miniers peuvent poser des risques physiques et chimiques à l’environnement et à la santé humaine. Les risques physiques sont évidents dans les ruptures catastrophiques de parcs à résidus miniers (comme celles s’étant produites au Brésil en 2015 et 2019), qui engendrent des répercussions environnementales et, dans certains cas, la perte de vies humaines. Les risques chimiques, quant à eux, se traduisent par des répercussions sur la qualité de l’eau dans les rivières ou les lacs, notamment en raison de la lixiviation des métaux ou de l’acide des résidus.

Chaque parc à résidus miniers est unique, tout comme les risques qui lui sont associés et la gestion la plus efficace de ces risques. Il n’existe pas d’approche universelle. Toutefois, une caractéristique que partagent tous les parcs à résidus miniers est qu’ils se trouvent en état perpétuel de changement, depuis leur construction jusqu’à leur fermeture. Ces changements concernent les caractéristiques physiques, le personnel responsable de la gestion des résidus, les conditions environnementales et climatiques, les exigences légales ainsi que les attentes du public, des investisseurs et des autres parties prenantes. Cet état perpétuel de changement rend la gestion des résidus miniers particulièrement complexe.

Comment explique-t-on la rupture des parcs à résidus miniers, et les répercussions physiques et/ou chimiques qu’elle engendre ? Il existe indéniablement des liens avec les caractéristiques des résidus miniers, des parcs à résidus miniers et des fondations sur lesquelles ces parcs sont construits. Toutefois, dans la plupart des cas, voire dans tous les cas, les ruptures sont liées à des décisions prises durant le cycle de vie de ces parcs. En d’autres termes, les décisions prises par les personnes responsables de la gestion des résidus miniers sont souvent, voire toujours, la cause principale des ruptures. « Les facteurs humains » pourraient poser la plus grande menace à la gestion responsable des résidus miniers.

Mais alors, comment éviter ces ruptures ?

Clairement, la mise en place de principes techniques est essentielle. Toutefois, compte tenu de la complexité des parcs à résidus miniers, de leur état perpétuel de changement et des facteurs humains impliqués, l’application de pratiques techniques éprouvées ne suffira pas. Une bonne gouvernance est essentielle pour prévoir et continuer à gérer de manière responsable les parcs à résidus miniers durant tout leur cycle de vie.

Pour à la fois aider et compliquer les enjeux de la gestion responsable des résidus miniers, une myriade de normes et de consignes existent sur le sujet. Certaines sont axées sur des aspects spécifiques de la pratique technique, d’autres englobent la gouvernance et le génie. Toutefois, la plupart des documents d’orientation existants ne sont pas liés aux normes par des attentes en matière de rendement que l’on peut mesurer et signaler. La plupart des normes, dont la Global Industry Standard on Tailings Management (la norme internationale de l’industrie sur la gestion des résidus miniers), décrivent les attentes en matière de performance mais ne sont pas directement liées aux consignes censées soutenir la mise en œuvre de ces normes.

L’élément gestion des résidus miniers du programme VDMD confère une norme pour la gestion responsable de ces résidus, étayée par des consignes exhaustives et une évaluation solide de la performance, qui aident à atteindre l’objectif visant à minimiser les risques.

Les exigences et les consignes de l’initiative VDMD sont le moteur de l’amélioration continue de la gestion des résidus miniers depuis près de 20 ans. Loin d’être statiques, ces exigences et ces consignes évoluent continuellement. Dernièrement, l’AMC a élargi l’application obligatoire du protocole de gestion des résidus miniers afin d’inclure les parcs à résidus miniers fermés. Des exigences plus exhaustives ont été introduites concernant les rôles et les responsabilités de postes importants tels que le dirigeant ou la dirigeante responsable. De nouvelles exigences ont aussi été présentées concernant la documentation d’informations relatives à la conception et à la construction de ces parcs à résidus miniers.

Ces exigences et ces consignes insistent sur la bonne gouvernance et la mise en œuvre d’une approche efficace relative à un système de gestion des résidus miniers pendant tout le cycle de vie. Ceci sert de cadre pour l’intégration de tous les éléments de la gestion des résidus, qui contribue à adopter une approche plus holistique et exhaustive ainsi qu’une meilleure prise de décisions. Un manque d’intégration pourrait augmenter le risque car il mènerait à une approche plus divisée envers la gestion des résidus miniers, des interruptions plus probables dans les communications, ainsi qu’une probabilité accrue de prendre des décisions à court terme au coup par coup.

La transition énergétique mondiale place plus que jamais l’industrie minière sur le devant de la scène. Ainsi, il est essentiel d’accorder la priorité à la gestion responsable des résidus miniers. Les investisseurs, les communautés, les autorités réglementaires et d’autres incitent vivement l’industrie minière à gérer de manière responsable ses résidus. Il ne fait donc aucun doute que les normes telles que la VDMD sont vouées à occuper une place toujours plus importante afin de garantir que l’éventualité d’une rupture soit atténuée au plus haut degré possible.


Charles Dumaresq est vice-président de la division des sciences et de la gestion environnementale à l’association minière du Canada.

Traduit par Karen Rolland