Avec l’aimable autorisation de Renée Boucher

Dans l’idéal, toute personne prenant part à un projet minier devrait s’intéresser aux personnes affectées par le projet et s’assurer qu’elles sont entendues et respectées, que leurs valeurs et objectifs sont pris en considération, et qu’un espace est créé de manière à ce que ces valeurs puissent être présentées et comprises.

L’approche qu’adopte Renée Boucher en tant que directrice des relations communautaires à la mine Rainy River de New Gold illustre la manière dont les sociétés peuvent s’efforcer de fournir cet espace vital. Mme Boucher a rejoint la société durant l’été 2019, mais a travaillé pendant 20 ans aux côtés des Premières Nations. Elle-même membre de la Première Nation de Fort William, elle apporte une philosophie innovante et progressiste à l’égard de la création d’une voie de dialogue entre New Gold et les 16 communautés autochtones vivant à proximité du projet de Rainy River.

« Le travail que nous menons dans le domaine des [relations communautaires] est au cœur des priorités de la société, et l’approche que j’ai adoptée implique que les fonctions opérationnelles principales ne sont pas nécessairement les plus importantes. La communauté doit être au cœur de notre processus décisionnel », déclarait Mme Boucher. « Dès lors que nous avançons, nous envisageons les répercussions que nos actions vont avoir sur les communautés avec lesquelles nous travaillons, autochtones ou pas. »

La mine de Rainy River est notable pour sa maison ronde sur le site. La construction de ce bâtiment circulaire s’est terminée en mai 2020. Les maisons rondes sont des lieux de rencontre où se déroulent des cérémonies traditionnelles et des célébrations et où sont partagés les savoirs traditionnels. « Les [directeurs] du site de Rainy River ont décidé, après s’être entretenus avec les Anciens de la région du traité N° 3, de construire [la maison ronde] sur le site… afin de rapprocher les visions du monde respectives des communautés autochtones et non autochtones de la région. Nous organisons des sessions de formation interculturelles et utilisons la maison ronde [pour] partager divers enseignements de la région, de manière à ce que toutes et tous comprennent mieux nos visions du monde. Nous avons commencé à l’automne dernier et avons mené une série d’environ huit sessions d’enseignement. À chaque session, nous avons convié un(e) ancien(ne) de chacune des 16 communautés, car toutes ont leurs spécificités. Cela nous a permis d’obtenir une représentation équilibrée et de partager la culture des Autochtones. » Par exemple, une session portait sur les plantes médicinales, montrant aux employés l’importance de l’environnement pour les communautés des Premières Nations dans la guérison et les cérémonies spirituelles.

Mme Boucher insistait sur l’importance de ces sessions en ce qu’elles créent un lieu où les employés et les membres de la communauté peuvent poser des questions. Elles permettent également d’encourager l’apprentissage de la culture autochtone, et de comprendre la place qu’occupent les cérémonies dans la vie des Autochtones ainsi que leurs liens forts à la terre. Elle soulignait l’aspect primordial de ce type d’approche pour l’exécution de projets dans l’industrie minière.

« J’ai entendu des récits où les personnes n’étaient pas très ouvertes à ce genre d’approches, où les sociétés ne comprenaient pas l’importance culturelle de l’histoire. Par exemple, des personnes occupant des postes semblables au mien préconisaient l’installation d’espaces dédiés aux cérémonies de purification par la fumée, mais n’étaient pas autorisées à utiliser les bâtiments car les alarmes incendies pouvaient se déclencher. Ce genre d’obstacles empêchent clairement de réduire l’écart qu’il existe entre nos diverses visions du monde, car une bonne partie de nos activités tournent autour des cérémonies. [Si on ne peut organiser nos cérémonies], il est difficile de faire découvrir notre culture aux personnes non autochtones, et de leur faire comprendre pourquoi la terre est si précieuse à nos yeux. »

Mme Boucher espère augmenter le nombre de programmes à l’intention du personnel et de sessions de formation organisées à la maison ronde dans les années à venir. « Je suis impatiente de voir ce que nous pouvons faire de plus et comment nous pouvons développer nos sessions dans cet espace. Je souhaite aussi que la maison ronde devienne un lieu ouvert à toutes les communautés de la région, un lieu qu’elles peuvent utiliser librement. »

Traduit par Karen Rolland