Avec l’aimable autorisation d’Anne Marie Toutant
«Le monde connaît une mondialisation des risques, mais une nationalisation de la résilience », déclarait David Miliband durant un récent débat du programme canadien pour les conseils d’administration de Deloitte sur les enjeux géopolitiques et ceux que rencontrent les entreprises dans un monde en fragmentation. L’un de ses collègues conférenciers, le général américain retraité David Petraeus, ajoutait que le monde était passé d’un contexte de mondialisation où l’économie détermine la géopolitique à une ère où la géopolitique détermine l’économie. La géopolitique contraint ce qui est économiquement possible lorsqu’il est question du monde de l’investissement, poursuivait le général Petraeus. Compte tenu de ce changement, Canada est un territoire idéal pour investir dans l’exploration, l’extraction, l’affinage et le recyclage des minéraux et des métaux nécessaires pour faire face aux enjeux que la société rencontre, notamment l’accès à une alimentation adéquate et à l’eau potable, et la transition énergétique de la planète.
Ces notions ont été illustrées de manière pragmatique dans un article de CBC News - Radio Canada intitulé U.S. military weighs funding mining projects in Canada amid rivalry with China (version française sous le titre « L’armée américaine pourrait investir dans les projets miniers canadiens ») par Alexander Panetta. Cet article met en avant la priorité toujours plus urgente pour le gouvernement américain de réduire sa dépendance envers des sources étrangères non fiables de minéraux et de métaux critiques pour la transition vers une énergie propre. On lisait dans l’article que le président américain Joe Biden a invoqué le Defense Production Act (la loi sur la production de défense) de 1950 qui donne plein pouvoir au ministère américain de la défense pour augmenter l’extraction et le traitement de minéraux critiques au niveau national afin de couvrir les besoins de la chaîne d’approvisionnement en batteries à grande capacité et en matériaux tels que le lithium, le nickel, le cobalt, le graphite et le manganèse. L’article indiquait également que les gouvernements américain et canadien se sont rapprochés des sociétés minières canadiennes qui pourraient être admissibles à plusieurs millions de dollars réservés à toutes les étapes des projets miniers, notamment les études de faisabilité, les agrandissements, les rénovations de concentrateurs, le recyclage et la formation des travailleurs.
Du fait de sa stabilité géopolitique, le Canada est un partenaire évident pour l’investissement économique et l’approvisionnement en minéraux critiques des États-Unis et de l’Union européenne. Les valeurs environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et le leadership qu’encourage le Canada sont tout aussi importants, de même que sa capacité à extraire les minéraux et les métaux de manière durable et éthique. C’est cela aussi, « la méthode canadienne ».
L’ICM promeut constamment cette manière de faire. Nos lignes directrices sur les meilleures pratiques, qui sont les principales références pour l’instrument national NI-43-101, sont mises à jour régulièrement. La version la plus récente est celle des lignes directrices de l’ICM sur les meilleures pratiques en matière de traitement du minerai de 2022. Les lignes directrices de l’ICM en matière d’ESG ont été mises à disposition en 2022 pour une consultation publique. Compte tenu des réponses reçues, elles sont en cours de révision. L’ICM, en collaboration avec le conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHiM), promeut le « programme d’ambassadeurs de carrière : nous avons besoin de l’industrie minière. L’industrie minière a besoin de vous ». Les sociétés minières canadiennes ont développé et continuent d’améliorer l’initiative Vers le développement minier durable (VDMD) de l’association minière du Canada (AMC), une norme mondialement reconnue adoptée par les chambres des mines de 11 pays dans le monde.
L’évolution de la pratique canadienne en matière d’extraction durable de minerais requiert un engagement constant et des ressources ciblées. Les avancées manifestes et l’exécution réussie des premières actions concrètes prises par les sociétés canadiennes pour réduire l’utilisation énergétique de l’industrie dans les domaines de l’exploration, de l’exploitation, de l’extraction, de l’affinage et du recyclage des métaux et des minéraux sont essentielles. Les paysages réglementaires fédéral, territorial et provincial doivent devenir plus sûrs pour les investisseurs et être définis plus rapidement pour les développeurs, tout en répondant véritablement aux exigences de consultation des communautés autochtones et locales afin d’assurer une prospérité durable.
L’avenir du Canada s’annonce brillant pour la promotion des métaux et des minéraux extraits, traités et recyclés dont a besoin la société, aujourd’hui et demain.
Traduit par Karen Rolland