En octobre 2014, David Cataford quittait son poste de haute direction au gisement de minerai de fer de la mine du Lac Bloom de Cliffs Natural Resources à Fermont, au Québec, pour rejoindre Champion Iron. À l’époque, il s’agissait d’une petite société d’exploration de minerai de fer dirigée par l’entrepreneur chevronné du secteur minier Michael O’Keeffe, qui cherchait à développer un projet sur un site vierge dans la province du Labrador. « J’ai décidé de partir d’une grande société pour rejoindre une petite société d’exploration car j’y ai vu l’occasion de faire quelque chose de différent et de rejoindre une équipe très audacieuse et capable de développer une exploitation de minerai de fer du futur plus écologique », expliquait M. Cataford qui, de vice-président de l’ingénierie, est devenu directeur de l’exploitation, puis directeur général de Champion en moins de cinq ans.
Champion Iron n’est pas restée une petite société d’exploration très longtemps. Un mois après son départ de Cliffs, dans un contexte de marché du minerai de fer en pleine dérive, l’ancien employeur de M. Cataford annonçait que l’achat de la mine du Lac Bloom pour la somme de 4,3 milliards de dollars avait été une erreur, et que le projet n’était pas viable. Cliffs fermait alors définitivement la mine du Lac Bloom et licenciait 500 employés. La propriété était mise sous séquestre et faisait faillite. Là où Cliffs avait vu un projet peu viable, MM. Cataford et O’Keeffe ont vu l’occasion de faire quelque chose de différent et ont catapulté Champion Iron dans la peau d’une société de production prospère avec une mine du futur qui pourrait aider l’industrie mondiale de l’acier à réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2).
« Nous avons perçu la mine du Lac Bloom comme une opportunité que peu de gens (de fait, personne d’autre) ont su voir », déclarait M. Cataford. Pour la société, certains faits étaient clairs. Les estimations les plus récentes relatives aux réserves minérales prouvées et probables faisaient état de 807 millions de tonnes (346 millions de tonnes de réserves prouvées et 461 millions de tonnes de réserves probables) à une teneur moyenne de 29 % de fer et un prix du concentré sur le long terme à 60,89 dollars américains par tonne métrique sèche (tms) pour une teneur de 62 % de fer. Le site disposait par ailleurs d’une excellente infrastructure et de l’accès à un réseau d’énergie hydroélectrique, ainsi que d’une main-d’œuvre qualifiée.
Champion Iron rachetait la mine du Lac Bloom pour la somme de 10,5 millions de dollars en avril 2016 avec l’aide du gouvernement du Québec, qui prenait une participation dans les capitaux propres de 36,8 %. « Lorsqu’on paie 10 millions de dollars pour des actifs d’une valeur de 4 milliards de dollars, on comprend vite qu’à un moment, cette décision prendra tout son sens », expliquait M. Cataford.
Seulement deux années plus tard, Champion a mis en service la mine du Lac Bloom dans les temps et le budget impartis. La société a embauché le même superviseur qui avait appuyé sur le bouton « Arrêter » au concentrateur, pensant qu’il arrêtait la machine une bonne fois pour toutes après la décision de Cliffs de suspendre les opérations. Cette fois-ci, c’est sur « Démarrer » qu’il a appuyé. « C’était un moment très intense, car nous avons non seulement remis en route une exploitation, mais surtout, nous avons remis du pain et du beurre sur la table de 500 familles », indiquait M. Cataford.
À peine trois ans après la réouverture de la mine du Lac Bloom, Champion Iron a racheté 100 % des parts et mène actuellement un projet d’agrandissement en vue de doubler la production d’ici mi-2022. Elle a également acheté le projet Kami dans la ceinture géologique de la fosse du Labrador, dans le sud-est de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, et finalise actuellement son étude de faisabilité. Par ailleurs, la société est parvenue à une production annuelle record de plus de huit millions de tonnes métriques humides (tmh) de produit entre mars 2020 et mars 2021.
Champion Iron se concentre également sur la production de matières premières pour une production d’acier à moindre intensité de carbone. La société a mis au point un concentré de minerai de fer affichant une teneur en fer de 2 % supérieure à sa teneur record précédente de 66 %. « Cette augmentation peut paraître dérisoire, mais la réduction de CO2 que cette augmentation de 2 % confère à nos clients vient compenser à hauteur de plus de trois fois l’intégralité des émissions produites à Lac Bloom », déclarait M. Cataford. « Nous travaillons maintenant sur des produits à plus haute teneur afin de pouvoir poursuivre notre avancée et de donner vie à notre vision d’une mine plus écologique du futur. »
Traduit par Karen Rolland