Avec l’aimable autorisation de Dustin Angelo

Lancer une entreprise innovante spécialisée dans les technologies minières n’est pas sans risque. Diriger une petite société aurifère non plus. Dustin Angelo a fait les deux.

L’ancien président et chef de la direction d’Anaconda Mining dirige désormais Novamera, une société qu’il a créée avec son collègue Allan Cramm, issue de l’essaimage d’Anaconda en 2019. Cette société collabore avec l’université Memorial de Terre-Neuve en vue de développer une solution technologique permettant d’exploiter des gisements pentus à filons étroits.

Tout d’abord, un trou pilote est foré le long du pendage d’un filon guidé par un appareil d’imagerie à proximité du trou de forage (dirigé par des algorithmes et l’analytique des données). Ensuite, un forage de large diamètre (mesurant jusqu’à deux mètres) suit le trou pilote et procède à l’excavation du matériau sur la largeur du filon. Les déblais de forage sont extraits à l’aide de méthodes d’assistance reposant sur des pompes à émulsion d’air à circulation inverse, et les résidus sont ensuite replacés dans les trous forés.

Les gisements que cible Novamera mesurent généralement entre un et deux mètres de large. M. Angelo les décrit comme « presque verticaux », allant de 90 degrés à jusqu’à 30 degrés par rapport à la verticale. Il a rencontré ce type de gisements, dont l’extraction n’est pas particulièrement rentable, sur le site de Romeo and Juliet d’Anaconda, situé au cœur du projet Point Rousse de la société près de Baie Verte, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.

D’après M. Angelo, le problème rencontré sur le site de Romeo and Juliet n’est pas une situation isolée. « Nous étions finalistes dans le concours Disrupt Mining en 2019. Une fois le concours terminé, nous nous sommes entretenus avec des membres du public, qui nous ont dit que nos technologies pourraient les intéresser pour leurs sites. Nous avons vite compris que le problème que nous essayions de résoudre à Anaconda Mining était commun à bien d’autres personnes dans le monde. »

Novamera a testé sa technologie d’imagerie sur le site de Romeo and Juliet, et prévoit de mener un essai complet sur le terrain, et notamment un forage de production plus tard dans l’été. M. Angelo souhaite prouver que la solution proposée par la société peut fonctionner sur le terrain. Novamera prévoit de disposer d’un produit commercialisé d’ici la fin de l’année 2022.

En tant que nouvelle entreprise innovante, M. Angelo expliquait que Novamera a pris les mesures nécessaires pour réduire les risques associés à la mise au point d’une nouvelle technologie, notamment en menant des essais brefs et rapides qui facilitent l’apprentissage rapide et permettent d’échouer rapidement « de manière à ne pas s’éterniser sur ces chemins longs et tout tracés… sur lesquels on perd beaucoup de temps, d’argent et d’énergie ».

Novamera essaie également de réduire les risques pour l’entreprise en créant un marché pour ses produits. Cette entreprise innovante cherche à inciter les sociétés minières à essayer sa solution, dans l’espoir que cela aboutisse à un achat. Par ailleurs, M. Angelo indiquait que Novamera avait cherché des investisseurs tels que Chrysalix Venture Capital, qui peuvent envisager les avantages écologiques et financiers pouvant découler de ces nouvelles technologies minières.

Il s’attend à ce que sa philosophie de la réduction des risques devienne plus populaire. Cette approche pourrait également inciter les sociétés minières à se rapprocher de Novamera ainsi que d’autres entreprises innovantes spécialisées dans les technologies minières, car beaucoup développent des produits et services en gardant à l’esprit les préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance.

« Parce que les problématiques ESG [environnementales, sociales et de gouvernance] deviennent de plus en plus pressantes dans l’industrie minière, nous devons étudier les solutions qui ont un moindre impact environnemental, et qui offrent de meilleurs résultats aux communautés. Cette technologie répond non seulement aux exigences économiques, mais également aux questions d’ordre environnemental et social », expliquait M. Angelo. « Nous aimerions faire partie des sociétés qui seront à l’avant-garde du changement dans l’industrie minière, pour un avenir meilleur. »

Traduit par Karen Rolland