First Cobalt, qui a récemment fusionné avec Cobalt One et CobaltTech, est l’une des nombreuses entreprises d’exploration qui a participé à une ruée au jalonnement de cobalt près de Cobalt en Ontario. Son site minier Keeley-Frontier est situé à 40 kilomètres au sud de la ville. Gracieuseté de First Cobalt

First Cobalt a mis la dernière main à l’entente visant la fusion de Cobalt One et CobaltTech à la fin de juin, la toute dernière d’une rafale de fusions et d’acquisitions qui ont eu lieu dans et autour de la ville de Cobalt, sise dans le nord-est de l’Ontario. La nouvelle société, que l’on nommera MergeCo pour l’instant, serait le propriétaire dominant du légendaire camp minier de Cobalt et la plus importante société cotée en bourse se concentrant uniquement sur l’exploration du cobalt et dont la capitalisation boursière est évaluée à 110 millions de dollars.

Les actionnaires de la société Cobalt One dont les nombreuses concessions minières dans le camp s’étendent sur près de 7 800 hectares conserveraient une part majoritaire dans la nouvelle société. Ces concessions seront intégrées au portefeuille de propriétés de cobalt de First Cobalt détenues dans la République démocratique du Congo et aux 3 000 hectares d’actifs détenus dans la ville de Cobalt.

CobaltTech possède une usine de cobalt d’une capacité de 100 tonnes par jour, onze anciennes mines dans le secteur, des propriétés au Québec et une propriété dans le nord-ouest de l’Ontario.

La fusion a mis un terme à un litige entre CobaltTech et Cobalt One concernant la vente de la seule raffinerie de cobalt qui se trouve sur le camp minier. Cette raffinerie est la seule raffinerie en Amérique du Nord qui n’établit aucune limite quant au contenu en arsenic et serait la propriété exclusive de MergeCo. La géologie du secteur renferme d’énormes quantités d’arsenic.

Selon Gino Chitaroni, président de la Northern Prospectors Association, la fusion est motivée par « une ruée vers le cobalt, comme celle qui a eu lieu au temps de l’établissement de la mine de Cobalt ». Bien qu’il ait été nommé ainsi en raison du cobalt qu’on y a découvert sur la rive d’un lac, le secteur était auparavant exploité pour l’argent qu’il contenait et dont la découverte a déclenché une ruée en 1903.

M. Chitaroni a commencé ses recherches sur le secteur il y a deux ans et y a vu un très grand intérêt au début de 2016. « Il y a eu un engouement », a-t-il souligné. « À ma connaissance, il ne reste plus rien de toutes les superficies exploitables de grande et de moindre importance situées dans le nord-est de l’Ontario; elles ont toutes été jalonnées au cours des dix à douze derniers mois. »

Le cobalt est presque exclusivement récupéré comme sous-produit du traitement des minerais de nickel et de cuivre; il n’existe qu’une seule mine d’exploitation exclusive du cobalt dans le monde, plus précisément à Bou Azzer, au Maroc. Dans le camp minier de Cobalt, le minerai se trouve en présence d’argent et représentait autrefois une nuisance pour les sociétés minières puisqu’il compliquait l’extraction par fusion et le raffinage. L’exploration du cobalt dans la ville s’est faite de façon sporadique, en particulier après la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les propriétés de résistance à la chaleur du minerai ont été découvertes et que le minerai est entré dans la fabrication de moteurs d’avion.

Comme le cobalt est un composant clé des batteries au lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, les ordinateurs portables, les tablettes et les téléphones mobiles, la demande pour le minerai est montée en flèche. Selon le CRU Group, le cobalt se négociait au mois de juillet entre 28 et 30 dollars américains la livre, une hausse fulgurante par rapport au prix de 12,1 dollars américains auquel il se négociait l’an dernier, et ce, depuis les quinze dernières années.


Le lithium ne connaît pas la crise


Edward Spencer, consultant principal du CRU Group, a indiqué que le cours actuel « du cobalt est stable pour le moment », mais il a ajouté qu’il « risque d’augmenter beaucoup plus si la demande en véhicules électriques dépasse nos prévisions initiales ou si la République démocratique du Congo connaît des bouleversements politiques ».

Selon les prévisions de M. Spencer, l’approvisionnement en cobalt ne suffira pas à la demande énorme du marché des batteries et du marché émergeant d’appareils de stockage d’énergie, et que la croissance marquée actuelle « continuera de s’intensifier au cours des dix prochaines années ».

L’Ontario représente un emplacement de choix pour l’exploration et l’exploitation du cobalt pour plusieurs raisons. Plus de la moitié de la réserve mondiale de cobalt est contenue dans les mines de la République démocratique du Congo, un pays en proie à des problèmes d’instabilité politique et d’exploitation du travail des enfants dans le commerce du cobalt. Il est donc dans l’intérêt des sociétés de fabrication de batteries de se tourner vers des producteurs dont la réputation sur le plan éthique n’est pas ternie. Des projets sont en cours en Idaho, en Ontario, en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest.

Actuellement, la consommation en lithium-ion se concentre principalement dans le marché asiatique, et la plus grande quantité de cathodes de batterie est produite en Chine, au Japon et en Corée, mais le marché évolue également ailleurs dans le monde. « L’un des nouveaux endroits où le marché pourrait connaître un essor est l’Amérique du Nord. Un marché en Amérique du Nord pourrait donner naissance à une succession de mines [comme celle de MergeCo] qui pourraient très facilement fournir toute leur matière à des producteurs de l’intérieur du continent », indique M. Spence.

Le fait que le cobalt se trouve en association avec l’argent à Cobalt n’est pas négligeable. On trouve habituellement le cobalt en association avec le nickel et le cuivre et, comme la demande de ces minerais connaît une forte baisse, les sociétés minières ne compromettront pas leurs principales activités de production de cobalt de seconde fusion. Et puisque l’approvisionnement en argent est insuffisant depuis un certain nombre d’années, les gisements d’argent et de cobalt de l’Ontario représentent une occasion alléchante.

Trent Mell, président-directeur général de First Cobalt, a bon espoir que la géoscience et la technologie de pointe permettront à MergeCo d’obtenir un ratio de cobalt et d’argent à parts égales, une nette amélioration par rapport au ratio 20 pour cent d’argent contre 80 pour cent d’autres minerais obtenu à l’époque où les activités d’extraction de l’argent étaient florissantes. L’obtention d’un tel ratio comporte de procéder à la transition de l’exploitation vers les mines à ciel ouvert de manière à atteindre le pourtour des colonnes d’argent solide qui ont été exploitées selon la technique d’exploitation des mines à filons étroits.

M. Mell a affirmé que Jason Bontempo, directeur général de Cobalt One, et lui partageaient la même vision au moment de planifier la fusion. « Si vous comptez offrir un réel effet de levier aux investisseurs, il vous faut pouvoir produire à grande échelle », a-t-il précisé. Auparavant, le camp minier était constitué d’une chaîne de petites concessions minières. « En nous regroupant tous les trois, nous pourrons exploiter près de la moitié des concessions de prospection. »

M. Chitaroni a évoqué les espoirs de Trent Mell à l’égard d’une augmentation des investissements dans le camp minier de Cobalt. « Nous en sommes qu’aux balbutiements. Actuellement, toutes les sociétés en jeu sont de jeunes sociétés. Il est possible qu’à un certain moment, des investissements beaucoup plus importants y soient consentis et que l’on voit arriver l’influence de grandes sociétés minières. Nous n'y sommes pas encore, mais si cela se produit, la structure du camp minier connaîtra un énorme changement. »

M. Mell prévoit que la société sera formée d’ici le début de novembre, une fois qu’elle aura obtenu les approbations réglementaires appropriées. Au conseil d’administration de la société siégera l’investisseur Robert Cross ainsi que des membres de Colbalt One et First Cobalt.