Il y a plus de dix ans, l’entraîneuse de l’équipe « Diamonds in the Rough », Kari Lentowicz (à gauche) parlait déjà de former une équipe de sauvetage minier entièrement féminine. La coéquipière Naomi Fugle (à droite) a été invitée à s’y joindre l’automne dernier. Photos gracieusement fournies par Kari Lentowicz

La Compétition internationale de sauvetage minier comporte quelques règlements. Tous les compétiteurs doivent porter un équipement de protection individuelle (EPI), y compris des gants. Ils doivent être capables d’effectuer un « travail physique exigeant sur une longue période ». De plus, aucun compétiteur ne doit avoir de pilosité faciale risquant de nuire à l’étanchéité d’un masque facial.

L’équipe Diamonds in the Rough ne devrait avoir aucun problème à se conformer à ces règlements – tout particulièrement le dernier. Chacun des membres de l’équipe de sauvetage minier de huit personnes, et l’un des deux entraîneurs, est une femme – une première dans l’histoire de la compétition.

Il aura fallu dix ans pour que l’équipe soit mise sur pied. Les entraîneurs de l’équipe, Kari Lentowicz, conseillère en mesures et intervention d’urgence du nord-est de la Saskatchewan, et Bruce Coley, agent de sécurité principal à Cameco et conseiller indépendant, ont commencé à discuter de la possibilité de former une équipe féminine en 2007.

Toutefois, même quand Bruce Coley a parlé pour la première fois à Naomi Fugle de la possibilité de joindre l’équipe l’automne dernier, l’idée semblait nébuleuse – et elle l’est demeurée jusqu’en mars. « Cela ne fait que deux mois environ que la Russie nous a donné le feu vert pour participer à la compétition », a souligné Mme Fugle, agente de l’environnement à la mine de McArthur River de Cameco et membre de l’équipe.

Plus d’une douzaine d’équipes prendront part à la compétition cette année, dont certaines provenant de la Colombie, de la Chine, de l’Inde, de la Turquie et de la Zambie. Le Canada est représenté par deux équipes : Diamonds in the Rough et une équipe de la minière Kirkland Lake Gold. La compétition, qui se déroulera à la fin de septembre dans différentes mines situées dans la région russe de Sverdlovsk, au nord du Kazakhstan, compte cinq volets, notamment une simulation de sauvetage minier dans une mine souterraine.

Cette simulation permettra littéralement aux femmes de mettre à l’épreuve leur esprit d’équipe pour la première fois. Les membres de l’équipe, qui proviennent des quatre coins du pays, ne se sont pas encore rencontrées, bien qu’elles envisagent de s’entraîner ensemble au mois d’août. « Nous passons par Facebook pour faire connaissance et tenter de définir nos forces, a dit Mme Fugle. Pour le moment, nous faisons beaucoup de visualisation. »


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La collecte de fonds pour le déplacement jusqu’au site d’entraînement – puis en Russie – représente une grande partie des préparatifs de l’équipe. Selon Mme Lentowicz, l’équipe aura besoin d’environ 84 000 $ pour s’entraîner et participer à la compétition. L’équipe a créé une page GoFundMe et obtenu un appui non financier d’Impact Marketing et de Covergalls, un fabricant d’EPI, notamment de combinaisons et de gants qui sont mieux adaptés à la morphologie féminine que l’équipement traditionnel. Les organismes Women in Mining et Women in Nuclear Saskatchewan explorent actuellement des façons d’aider l’équipe à amasser des fonds. De plus, certains des employeurs des membres de l’équipe leur ont accordé des congés payés afin qu’elles puissent prendre part à la compétition, a indiqué Mme Lentowicz.

Bien que d’autres efforts soient nécessaires pour financer le voyage, d’après Mme Lentowicz, il ne s’agit pas là du plus gros défi que l’équipe a eu à surmonter. Il a été très difficile de trouver suffisamment de femmes intéressées et qualifiées. « Nous ne sommes pas nombreuses, et ce projet nous permet réellement de tisser des liens entre nous », a expliqué Mme Fugle. La constitution de l’équipe a par conséquent donné lieu à la création d’un réseau de femmes au sein de l’industrie. « Je connais peut-être juste une autre fille, mais c’est le même cas pour mes coéquipières, et petit à petit, on finit par constater qu’on est plusieurs », a-t-elle dit.

L’avantage d’une équipe féminine est ressorti lors de compétitions antérieures, a mentionné Mme Lentowicz – et en fait, la plupart des membres de l’équipe se sont rencontrées dans les mêmes circonstances. Certaines femmes sont suffisamment menues pour se faufiler dans des endroits qui sont inaccessibles à leurs coéquipiers masculins, a expliqué Mme Lentowicz.

De plus, les équipes de pays où les femmes ne sont généralement pas présentes dans le secteur minier ont auparavant omis de considérer les participantes à la simulation de sauvetage minier comme des victimes potentielles à traiter. « Cela a été fait sans arrière-pensée, selon Mme Lentowicz. Le raisonnement étant, comme aucune femme ne travaille à la mine, elles ne peuvent pas compter parmi les victimes. »

Cela peut sembler risible, mais l’attitude « aucune femme ne travaille à la mine » peut influer sur les décisions prises au Canada également. Mme Lentowicz a évoqué les discussions autour d’un vestiaire devant être construit dans une mine exploitée par son ancien employeur. Environ un quart du vestiaire devait être réservé aux femmes. « Nous avons dit, voyons, ce n’est pas assez. » Ce à quoi ils ont répondu, « De toute façon, vous n’arriverez jamais à occuper tout cet espace ». Et avec une telle attitude, effectivement, nous n’y arriverons pas. »