Janice Zinck, présidente de l’ICM pour 2018-2019, ne savait peut-être pas comment sa carrière allait évoluer, mais son enthousiasme pour la science et son engagement à l’égard de l’excellence lui ont certainement donné un bon départ. À peine vient-elle d’arriver à Énergie, Mines et Ressources que le ministère décide d’investir dans son avenir et de l’aider à faire sa maîtrise en génie des métaux. Il lui est apparu que le secteur minier canadien ne pourrait que progresser si on décidait d’y introduire une composante science et technologie et ce défi en est un qu’elle ne pouvait laisser passer. 

Maintenant, à titre de directrice à CanmetMINES, Mme Zinck dirige une équipe de scientifiques et d’ingénieurs qui ont pour mission d’élaborer et de réaliser des stratégies en innovation lesquelles contribueront à améliorer le rendement économique et environnemental du secteur.

Mme Zinck est membre de l’ICM depuis plus de 25 ans. Elle a siégé aux conseils d’administration de la société canadienne du traitement des minerais (SCTM), de la Société de la métallurgie (MetSoc) et de la Société de la responsabilité sociale et environnementale (ESRS) de l’ICM et a été présidente de la section Ottawa. Mme Zinck, en tant que conférencière éminente de l’ICM, a présenté nombre d’exposés sur le sujet de l’amélioration du rendement économique et environnemental des activités minières.

À titre de présidente, lors du 120e anniversaire de l’ICM, Mme Zinck s’était donné comme objectif de défendre les valeurs qui constituent les assises de l’ICM, notamment, rassembler les gens, échanger les connaissances et les pratiques exemplaires et soutenir le secteur minier. Même si les progrès technologiques changent les méthodes d’exploitation, Mme Zinck a déclaré qu’elle est d’avis que l’ICM peut relever les nouveaux défis auxquels fait face l’industrie minière en misant sur la collaboration de tous les membres et leur vaste expertise diversifiée.

ICM : Qu’est-ce qui vous a d’abord intéressée dans la minéralurgie?

Mme Zinck: Pendant mes études au baccalauréat, j’ai toujours été passionnée par les sciences de la terre. J’ai obtenu un diplôme de baccalauréat en chimie et géologie. Quand j’ai obtenu un emploi au ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources de l’époque, l’actuel Ressources naturelles Canada, j’étais tout simplement ravie. Même si je n’avais pas d’expérience officielle en minéralurgie, j’ai acquis de l’expérience dans le domaine, ce qui m’a beaucoup servi dans les études que j’ai entreprises par la suite. J’ai ensuite utilisé les connaissances acquises pendant mes études en hydrométallurgie dans tout un éventail de domaines. J’ai toujours travaillé dans les secteurs de l’environnement et du traitement de l’industrie afin d’élaborer des technologies et des solutions aux divers enjeux auxquels fait face l’industrie minière. Je me concentre désormais sur la mise en valeur de deux nouveaux secteurs de l’industrie au Canada, soit l’exploitation des métaux des terres rares et celle de la chromite et du ferrochrome.

ICM : Quand vous êtes-vous jointe à l’ICM?

Mme Zinck: J’ai joint les rangs d’ICM au début des années 1990, suivant ainsi les conseils de mon directeur de thèse de l’Université McGill qui m’incitait à y entrer. Jamais billet de 10 dollars n’a été mieux investi! J’y suis entrée comme stagiaire, puis je suis devenue membre associée et finalement membre à part entière. Je me suis totalement engagée et je fais maintenant partie intégrante de cette grande communauté.

ICM : Quelle est l’importance d’un évènement marquant comme le 120e anniversaire de l’ICM?

Mme Zinck: Toute organisation qui joue encore un rôle pertinent après 120 ans d’existence peut déjà être fière de cet accomplissement, mais pour une association sans but lucratif constituée de membres, c’est exceptionnel. C’est un accomplissement très significatif qui  témoigne de la qualité du contenu que vous offrez.

L’ICM est actuellement arrivée à un carrefour. La société évolue à grands pas et l’ICM suit le mouvement. Nous pouvons le constater pendant la transition dans le cadre de l’initiative « Un ICM », qui a pour objectif d’englober tous les membres afin de promouvoir la collaboration. Nous sommes constitués de 10 sociétés et de plus de 30 sections, mais nous formons une seule organisation qui s’est donné pour mission de soutenir le secteur minier au Canada et à l’étranger. La collaboration entre les sociétés et avec les différentes sections de l’organisation  est très dynamique et positive. Les membres ont compris tous les avantages dont ils pourront profiter en faisant partie d’une organisation unique solide et dynamique.

ICM : Vous avez consacré une grande partie de votre carrière dans les secteurs de la minéralurgie, du traitement métallurgique et de la gestion environnementale. Je suis certaine que plusieurs considèrent ces disciplines comme diamétralement opposées, à votre avis, est-ce bien le cas?

Mme Zinck: Pas du tout. La plus grande partie de mon travail, tout comme l’exercice de mon leadership, a été modulée par ce que nous appelons « l’exploitation minière verte », ce qui inclut la totalité du cycle minier. Je suis fermement convaincue que ces processus, ces technologies, techniques et politiques peuvent être à la fois avantageux pour l’environnement et concurrentiels sur le plan des coûts. Prenons par exemple l’énergie. Le concassage et le broyage exigent de grandes quantités d’énergie et sont extrêmement inefficaces sur le plan énergétique. Donc, la moindre amélioration apportée au circuit de fragmentation réduira considérablement les coûts de la consommation d’énergie. En même temps, l’amélioration se fera également du point de vue environnemental. Je peux vous citer un nombre incroyable d’exemples d’organisations cherchant à améliorer leur rendement opérationnel tout en adoptant une approche plus verte et en misant sur les technologies propres.

ICM : Quelles mesures a déjà prises l’ICM pour soutenir le secteur minier dans ses diverses initiatives pour se sensibiliser davantage à l’environnement?

Mme Zinck: En veillant à ce que tous aient la possibilité de s’exprimer et d’apporter leur contribution. En élargissant la programmation et l’adhésion des membres à l’ESRS, qui se concentre surtout sur les aspects environnementaux et sociaux du secteur. L’ICM doit simplement continuer à élaborer des programmes et du contenu qui sont favorables à l’écologisation du secteur et font la promotion des pratiques exemplaires à cet égard.

ICM : Que doivent maintenant faire le secteur minier et l’ICM pour s’adapter au progrès?

Mme Zinck: Le secteur minier est à la croisée des chemins, or,  le changement est plus que jamais omniprésent. Nous assistons constamment à l’introduction de nouvelles technologies et à la migration vers l’intelligence artificielle et l’analyse de données. Tandis qu’il relève du secteur de prendre les mesures pour relever ce défi, l’ICM doit déployer tous les efforts possibles pour soutenir le secteur. Pour ce faire, l’ICM pourra s’appuyer en grande partie sur son solide contenu technique, mais la manière dont les membres reçoivent et échangent l’information devra probablement changer et l’ICM devra suivre le mouvement et réagir rapidement.

ICM : Quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre comme présidente?

Mme Zinck: Au cours des dernières années, les présidents précédents, plus particulièrement Ken Thomas, ont fait beaucoup pour renforcer l’organisation sur le plan financier et accroître le nombre de membres. Pour ma part, avec ce nouveau cycle, je compte amorcer une solide collaboration avec [la directrice exécutive de l’ICM] Angela Hamlyn et le Conseil des présidents pour rapprocher davantage cette organisation.

Je crois essentiellement dans la communication, la collaboration et la communauté. C’est ce que sera mon mandat : d’abord renforcer les liens entre les intervenants à l’intérieur de l’organisation et ensuite avec les intervenants à l’extérieur de l’organisation. Ensemble, nous pouvons faire plus. En misant sur le dévouement des bénévoles, les connaissances et les nombreux talents des membres et la grande volonté de nombre d’intervenants prêts à tout faire pour soutenir le secteur minier au Canada, cette organisation peut accomplir de grandes choses. Je vois déjà des changements se concrétiser et, si je peux aider l’ICM à devenir une communauté encore plus axée sur la collaboration et aider le secteur à devenir plus intégré et mieux connecté, alors j’aurai atteint mes objectifs à titre de présidente.

ICM : Parlez-nous de votre souvenir préféré à l’ICM?

Mme Zinck: J’en ai beaucoup, mais il y en a un qui revêt une signification spéciale, et c’est la reconnaissance que m’a accordée ma famille SCTM en me décernant le premier prix du bénévolat Ray MacDonald. Cette reconnaissance m’a émue au plus haut point, et encore plus du fait que ce prix porte le nom de celui qui fut, pendant longtemps, mon mentor et mon ami, Ray MacDonald. À cet instant, j’ai senti tout le soutien de cette grande communauté. Mon but en tant que présidente de l’ICM est que chaque membre de l’ICM acquiert ce sentiment d’appartenance.