Le 23 mars, Endeavour Mining Corporation annonçait le rachat de toutes les parts de la société minière SEMAFO, basée à Montréal, se classant ainsi parmi les 15 plus grands producteurs d’or à l’échelle mondiale avec cette transaction d’une valeur d’un milliard de dollars américains.

La société fusionnée prendra le contrôle de quatre mines en activité dans la nation ouest-africaine du Burkina Faso (les mines Boungou, Mana, Karma et Houndé) ainsi que des mines Ity et Agbaou en Côte d’Ivoire. Ensemble, ces sociétés dirigent plusieurs projets de développement au Burkina Faso et dans le pays voisin, le Mali.

« Cette transaction s’est attiré le soutien de nos principaux actionnaires, selon lesquels une valeur commerciale intéressante découlera de la fusion de deux sociétés aux valeurs communes et du partage d’une culture reposant sur des décennies de solide expérience en Afrique occidentale », déclarait Benoit Desormeaux, président et chef de la direction de SEMAFO, dans le communiqué de presse.

D’après les prévisions actuelles des deux sociétés, l’association des activités leur permettra de produire plus d’un million d’onces en 2020, avec des coûts nécessaires au maintien de la production ne dépassant pas les 900 dollars américains l’once. On lit également dans le communiqué de presse que la société fusionnée affichera un solide flux net de trésorerie et pourra mieux gérer les risques sur ses exploitations.

« Cette fusion constitue une occasion rare de réunir deux exploitants miniers majeurs d’Afrique occidentale qui partagent une vision stratégique, ont des actifs complémentaires et des équipes de direction qui ont fait leurs preuves », déclarait Sébastien de Montessus, président et chef de la direction d’Endeavour, dans le communiqué de presse. « Cette transaction représente une équation de valeur intéressante pour les actionnaires des deux sociétés, offrant la possibilité d’une reclassification significative ainsi qu’une hausse de la diversification des actifs et un renforcement de notre capacité à gérer les risques inhérents à notre activité. »


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L’accent mis sur la gestion des risques est justifié. De fait, des employés travaillant dans les mines Boungou et Mana de SEMAFO ont été victimes de plusieurs attaques terroristes pendant des convois vers les mines. Le 11 août 2018, cinq gendarmes et l’employé d’un sous-traitant ont été assassinés lors d’une embuscade tendue sur la route les menant à la mine Boungou. Six jours plus tard, le 17 août, un car conduisant les employés vers la mine Mana a été braqué par des bandits ; l’un des employés nationaux de la société et un sous-traitant ont été tués.

Plus récemment, le 6 novembre 2019, un convoi de cinq cars a été frappé par un engin explosif improvisé sur la route menant à Boungou. Dans cette attaque, 39 personnes ont trouvé la mort et 60 ont été blessées. Les activités à la mine ont été suspendues. Une mise à jour de février 2020 annonçait la reprise des activités vers le quatrième trimestre, et les employés travaillant au concentrateur de la mine sont pour l’instant héliportés vers le site minier pour traiter les réserves de minerai jusqu’à ce que l’extraction minière reprenne.

D’après le communiqué de presse, pendant les discussions entre les deux sociétés, l’équipe de direction d’Endeavour « a procédé à une vérification diligente sur place des exploitations de SEMAFO au Burkina Faso au mois de février 2020, et notamment à une évaluation exhaustive de la sécurité, des activités et de l’exploration ». À la suite d’un vote par approbation à la majorité, il a été décidé que les actionnaires d’Endeavour et de SEMAFO détiendront respectivement environ 70 % et 30 % de la société fusionnée. La société de portefeuille La Mancha, qui détient actuellement 31 % d’Endeavour, s’est engagée à investir 100 millions de dollars américains dans la transaction et contrôlera 25 % de l’entité fusionnée.

Les assemblées des actionnaires devraient avoir lieu durant le second trimestre 2020.