Avec l'aimable autorisation de Nemaska Lithium.

Le 17 février, le gouvernement du Québec et la nation crie de la baie James signaient un protocole d’entente visant à investir 4,7 milliards de dollars dans le développement du réseau de transport pour les industries de l’extraction des ressources et dans des initiatives dédiées à l’amélioration de la qualité de vie et la protection du territoire.

Cette entente en trois phases, qui s’inscrit dans le cadre de la mission baptisée La Grande Alliance, est le fruit de plus d’une année de consultations entre le gouvernement de la nation crie et les chefs des communautés cries ainsi que le gouvernement du Québec. Les avantages de ce plan comprennent la création de nouveaux emplois, l’augmentation de la valeur des ressources naturelles du Québec et le « positionnement du Québec au centre du secteur minier à l’échelle mondiale, notamment [dans le domaine du] lithium ».

« Au Québec, les compagnies d’exploration travaillent en collaboration avec les communautés cries depuis plusieurs décennies », déclarait Valérie Fillion, directrice générale de l’association de l’exploration minière du Québec (AEMQ), à l’équipe du CIM Magazine. « Bien sûr, lorsque l’on parle d’accès au territoire, le maintien et l’entretien des infrastructures existantes [et la construction de nouvelles infrastructures indispensables], ainsi que leur partage par les différents intervenants de façon réfléchie, est important. »

« À ce stade, nous avons peu d’informations mais c’est une bonne nouvelle puisque de nouveaux territoires peu, voire pas explorés deviendront accessibles », indiquait Mme Fillion. « Les coûts d’accès pour les compagnies d’exploration seront moindres et elles pourront donc réaliser plus de travaux d’acquisition de connaissances. »

La région de la baie James ne compte actuellement aucune mine productrice de lithium, même si elle abrite plusieurs projets d’exploitation du lithium à des stades de développement avancé. Citons notamment le projet Rose lithium-tantale de Critical Elements Lithium Corporation, le projet de mine de lithium de la baie James de Galaxy Resources et le projet Whabouchi de Nemaska Lithium.


À DÉCOUVRIR: Le nouveau programme ÉCOLOGO permettra aux sociétés d’exploration minière et à leurs fournisseurs de services de communiquer aux parties prenantes et aux investisseurs leurs performances environnementales, sociales et économiques.


Le prolongement du réseau ferroviaire promet d’ouvrir la région à une hausse des activités d’exploration des ressources, et comprend la construction de 700 kilomètres de réseau supplémentaire entre Matagami et Whapmagoostui. D’après le Premier ministre du Québec François Legault, cette initiative permettra d’une part, de créer des emplois supplémentaires au sein de la communauté crie et d’autre part, d’augmenter l’extraction des minéraux dans la région tout en offrant une alternative aux importations chinoises.

Si les sociétés établies au Québec souhaitent voir le territoire devenir plus accessible grâce à une nouvelle infrastructure, la protection du territoire reste au cœur des préoccupations. D’après Radio-Canada, le gouvernement de la nation crie a identifié en 2018 quelque 80 000 kilomètres carrés (km²) de terres, soit 30 % de son territoire, qu’il souhaitait protéger du développement.

« Nous sommes préoccupés par les aires protégées en ce qui a trait à leur catégorie et l’ajout de contraintes », expliquait Mme Fillion. « Présentement, plus de 30 % du territoire québécois est soustrait ou sous contraintes. Il est important de pouvoir explorer le territoire et acquérir de nouvelles données géoscientifiques afin d’éviter de soustraire de futurs gisements prometteurs, quelles que soient les substances minérales qu’ils abritent. »

Cette nouvelle mission s’inscrit dans la continuité d’anciens traités entre les gouvernements de la nation crie et du Québec, le premier étant la convention de la baie James et du Nord québécois (CBJNQ) signée en 1975. Le gouvernement et la nation crie ont ensuite signé l’entente de La Paix des Braves en 2002.

La première des trois étapes est une étude de faisabilité de plusieurs millions de dollars qui aura lieu dans les mois à venir. Une fois finalisée, la Grande Alliance commencera à prendre des mesures concrètes sur la mission, à compter de 2021.