Le projet d’expansion de l’oléoduc de Trans Mountain comporte « simplement trop de risques pour notre environnement, notre économie et les milliers d’emplois existants », a affirmé George Heyman, ministre de l’Environnement de la Colombie- Britannique, devant les journalistes. Capture d’écran de Global News

Bien que la nouvelle administration du Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique n’en soit qu’à ses débuts, les associations minières se disent modérément optimistes quant à l’établissement de bonnes relations avec le nouveau gouvernement. Cependant, de récentes actions pourraient indiquer que le gouvernement compte changer d’approche quant à l’exploitation des mines et ressources dans la province.

Dans l’élection de mai, le Parti libéral a remporté deux sièges de plus que le NPD, son plus proche rival, mais le Parti vert a conclu une entente de coopération avec le NPD pour faire basculer le rapport de force et former le premier gouvernement minoritaire de la province depuis 1952. Deux initiatives de cette entente, soit la réalisation d’un examen du système de « fiabilité professionnelle » de la province et l’engagement de mettre fin au projet de Kinder Morgan, indiquent que la position du gouvernement pourrait être différente de celle de la précédente administration quant à l’exploitation des ressources.

« Le projet de Kinder Morgan était un enjeu crucial pour le Parti vert », a dit M. Weaver à l’occasion d’une conférence de presse annonçant l’entente de coopération.

Cependant, selon Bryan Cox, président et chef de la direction de l’Association minière de la Colombie-

Britannique, le nouveau gouvernement ne s’est pas dérobé devant les sociétés minières. « Le gouvernement, très proactif, nous a tendu la main, et j’ai eu l’occasion de discuter avec plusieurs ministres », a-t-il précisé.

Comme l’a souligné M. Cox, au cours de la campagne en faveur des sociétés minières, orchestrée par les associations minières (mines, fournisseurs et prospecteurs) et lancée avant l’élection, toutes les parties « se disaient fortement favorables à l’exploitation minière et à la présence d’un secteur minier responsable, solide et vigoureux. »

Le ministre de l’Environnement, George Heyman, figurait parmi les candidats électoraux qui ont répondu aux questions soulevées lors de la campagne. Dans ses réponses, il a rappelé les promesses faites par le NPD concernant le maintien du financement accréditif et des crédits d’impôt à l’exploration, et l’élimination de la taxe de vente provinciale sur l’électricité utilisée dans les opérations minières. Toutefois, le ministre a aussi annoncé que son administration demanderait le statut d’intervenant dans la contestation judiciaire en cours contre l’approbation par le gouvernement fédéral du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan, une promesse faite par le NPD et le Parti vert durant la campagne électorale. Le 29 août, une cour fédérale a accordé ce statut au gouvernement.

Thomas Berger, ancien juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a agi comme conseiller externe du gouvernement lors des démarches qui ont mené à l’obtention du statut d’intervenant. Malgré la contestation judiciaire, Kinder Morgan s’est engagée à entreprendre dès septembre les travaux de construction en Alberta.

M. Cox a indiqué qu’il s’attendait à ce que le gouvernement décide d’entamer des procédures judiciaires. « La position du gouvernement face à Kinder Morgan fait partie de la plateforme du NPD depuis quelque temps déjà. Mon objectif est d’assurer la présence d’un secteur minier solide en Colombie-Britannique, tant pour les activités en cours que pour les projets à venir », a-t-il ajouté.

Une révision du processus d’examen environnemental – plus particulièrement du fait que le gouvernement s’appuie sur l’opinion de professionnels qualifiés embauchés par les promoteurs de projet dans le cadre des évaluations environnementales – a des points communs avec une des recommandations du rapport du vérificateur général de la province sur l’incident de Mount Polley en 2016.

« Au cours de la dernière décennie, le gouvernement a adopté une approche visant à réduire le fardeau réglementaire qui pèse sur l’industrie. Cette approche a accru la dépendance à l’égard des professionnels qualifiés embauchés par l’industrie, à qui l’on confie le travail qu’exigent les divers mandats du gouvernement », peut-on lire dans le rapport. Il y est également mentionné que le ministère de l’Énergie et des Mines n’avait pas confirmé de façon indépendante que les digues de retenue des résidus avaient été construites selon les plans soumis par un professionnel qualifié, ni que le ministère de l’Environnement avait mis en place un « processus clairement défini » pour revoir les données se rapportant à un site minier soumises par un professionnel qualifié.

Comme l’a précisé M. Cox, les modalités de l’examen sont encore en cours d’élaboration et, selon lui, de nombreuses parties prenantes, dont les associations professionnelles, devraient avoir leur mot à dire. « Il s’agit d’une discussion vaste et importante. »

Le rapport du vérificateur général a également proposé d’établir une unité indépendante chargée de la conformité et de l’application. À l’époque, le gouvernement libéral n’avait pas pleinement accepté cette recommandation et avait même remis en question la conclusion de la trop grande dépendance du gouvernement à l’égard des professionnels qualifiés. « Il n’est pas acceptable que de simples apparences suffisent pour retirer au ministère de l’Énergie et des Mines la responsabilité de la conformité et de l’application », avait-il répondu, ajoutant que la dépendance excessive envers les professionnels qualifiés n’était pas justifiée dans le contexte du secteur minier.

Néanmoins, la mise sur pied d’une unité de surveillance indépendante est l’une des tâches confiées à la nouvelle ministre responsable des mines, Michelle Mungall, en plus de la formation d’un nouveau groupe de travail sur les emplois dans le secteur minier. Un porte-parole du bureau de la ministre a indiqué qu’il était encore trop tôt pour aborder en détail ce que Mme Mungall compte faire à l’avenir.

Le groupe de travail en est encore à ses débuts. Même si le mandat du groupe n’a pas encore été établi, M. Cox s’est dit très encouragé par la création d’un groupe de travail sur les emplois durables dans le secteur minier. « Voilà une démarche que le gouvernement a déjà entreprise, et nous sommes très heureux d’y participer. »

À titre de ministre responsable de la stratégie sur le changement climatique, M. Heyman a pour mandat, entre autres, de réduire les émissions de carbone de la province et de hausser les taxes sur le carbone, conformément aux cibles du gouvernement fédéral. Au cours de la campagne, le NPD a promis d’augmenter les taxes sur le carbone plus tôt et plus graduellement que le Parti libéral.

M. Cox voit des occasions pour le secteur minier, et ce, même si le gouvernement favorise une économie à faible consommation de carbone. Les moteurs électriques ont besoin d’une quantité de cuivre nettement supérieure aux moteurs à combustion conventionnels, a-t-il dit, ce qui pourrait être une bénédiction pour les mineurs de cuivre de la province.

« Étant donné la direction que nous empruntons en tant que société – une économie sobre en carbone – les mines sont absolument indispensables. »