Vue aérienne de l’amas de résidus de tungstène à Jersey-Emerald. Margaux Resources et la Salmo Watershed Streamkeepers Society travaillent de concert à l’élaboration d’un plan pour recycler les anciens résidus. Avec l'aimable autorisation de Margaux Resources

Une petite société minière de Calgary et un groupe de gérance communautaire de la Colombie-Britannique élaborent ensemble un plan afin de recycler les résidus hérités d’une ancienne mine dans le sud-est de la Colombie-Britannique et de nettoyer le site.

Margaux Resources, qui possède plusieurs propriétés dans la région, a déposé en février une demande auprès des ministères de l’Environnement et des Mines de la Colombie-Britannique. La demande vise l’obtention d’un permis pour prélever un échantillon en vrac de 10 000 tonnes de résidus de la mine Jersey-Emerald. La mine Jersey-Emerald, qui a d’abord été exploitée en 1906, a produit du plomb, du zinc et du tungstène jusque dans les années soixante-dix.

Avant qu’il ne soit possible de procéder au prélèvement de l’échantillon en vrac, non seulement Margaux doit-elle obtenir l’autorisation, mais elle doit également établir la faisabilité économique de l’extraction du tungstène des résidus. À cette fin, en septembre dernier, Margaux a expédié un échantillon de 3 500 kilogrammes à un laboratoire de Pittsburgh pour analyse. La société a déposé une demande de permis hâtive afin de pouvoir commencer les travaux si les résultats de l’analyse pour le recyclage du tungstène s’avéraient avantageux sur le plan financier.

Les activités de Margaux dans la région sont concentrées sur l’or, le plomb et le zinc. Si les essais donnent de bons résultats, la société a aussi l’intention d’extraire du tungstène des résidus afin de produire un concentré de minéraux. Elle envisage d’éventuellement mettre en œuvre des activités de recyclage du tungstène à grande échelle.


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En outre, Margaux a l’intention de travailler en collaboration avec la Salmo Watershed Streamkeepers Society – organisme sans but lucratif local qui s’est fixé comme mission de préserver la santé du poisson et des écosystèmes aquatiques dans le bassin versant. Le groupe est actif depuis des décennies dans le secteur de la rivière Salmo, affluent de la rivière Columbia.

« Ce sera certainement un gain pour l’environnement si nous pouvons éliminer ces résidus du cycle de pollution », a déclaré le coordonnateur de Streamkeepers, Gerry Nellestijn. « De plus, il pourrait s’agir d’une importante possibilité économique verte à saisir. »

La mine Jersey-Emerald est située dans l’arc de Kootenay, une ceinture zinc-plomb-argent qui s’étend sur environ 300 km dans le sud-est de la Colombie-Britannique. De nos jours, ce secteur ne comporte plus de mine active, mais l’héritage de 150 années d’extraction minière est toujours présent, notamment au moins 40 sites de résidus miniers orphelins de tailles variées et dont l’empreinte écologique est également tout aussi variée. Les gens de Streamkeepers ont été les instigateurs des opérations de nettoyage récentes des anciennes mines productrices Yankee Girl et Howard situées dans la ceinture.

Le président-directeur général de Margaux, Tyler Rice, a déclaré que c’est Ed Lawrence, l’un de ses administrateurs et ancien directeur de la mine Jersey-Emerald qui a joué le rôle d’intermédiaire entre la Société et les Streamkeepers. Dès la première rencontre, dit-il, les deux parties ont trouvé un terrain d’entente.

« L’élément le plus significatif pour moi est que le profit n’est désormais plus défini par les résultats financiers ou le bilan », explique-t-il. « Ceux qui bénéficient des bienfaits de l’environnement devraient penser à retourner une partie des bienfaits qu’ils en ont tirés. »

Du côté des Streamkeepers, le fait que le groupe ne se soit pas montré hostile aux représentants de l’industrie a constitué un élément positif des pourparlers de collaboration. « J’ai parlé plusieurs fois à Ed et à Tyler », a déclaré M. Nellestijn. « Je conduis une voiture, j’utilise tous les jours des objets contenant du métal, je ne suis donc pas opposé à l’extraction minière. Je suis seulement d’avis qu’il existe de meilleurs moyens d’en tirer parti. »


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M. Rice s’est dit fort impressionné par le procédé élaboré par les Streamkeepers pour accélérer le nettoyage des anciens sites miniers, processus qui pourrait éventuellement orienter les activités de nettoyage au site d’extraction du tungstène. Appelé Rapid Assessment, Rapid Remediation (RAR ou évaluation et restauration rapides), ce procédé permet une caractérisation et une évaluation efficaces des sites de résidus : consignation de ce qui s’y trouve, détermination précise de moyens pour minimiser et éliminer la pollution et moyens pour tirer le meilleur parti du nettoyage en extrayant les composantes utiles des résidus. C’est le procédé idéal pour des paysages comme celui du bassin versant de la rivière Salmo, où se trouvent un grand nombre d’anciens dépôts de résidus miniers ayant une incidence environnementale plus ou moins lourde.

La remontée spectaculaire de la valeur du tungstène depuis le début de 2017 fait que les résidus miniers sont devenus une cible attrayante. « Le prix du tungstène est relativement élevé, le traitement de seulement une petite quantité de matière pourrait donner des résultats avantageux sur le plan financier », mentionne M. Rice.

Margaux a récemment expédié d’autres échantillons de résidus en Afrique du Sud, où sont réalisés des tests de fusion. Ces essais vont permettre de révéler quels sont les autres ingrédients présents dans les résidus et de déterminer si les déchets produits par le processus de recyclage sont écologiquement inertes.

L’analyse préliminaire a constaté que, en plus du tungstène, les résidus contiennent du fer et beaucoup de silice, utilisée dans le sablage. Les deux éléments pourraient être commercialisés en quantité suffisante. « Cette analyse est nécessaire pour comprendre comment il serait possible de traiter certains de ces produits complémentaires », poursuit M. Nellestijn. « et réduire l’empreinte [écologique] en les réintégrant au site. »