Mine du Lac des Îles de North American Palladium au nord-ouest de Thunder Bay, en Ontario. Avec l'aimable autorisation de North American Palladium
Alors que l’on fait des projections à l’aube de la nouvelle année, il est important de revenir sur 2017 et d’explorer le rendement de différents produits de base en fonction à la fois de la structure et de l’humeur du marché. Études économiques de la Banque Scotia a mis l’accent sur l’excellent rendement du cobalt et du palladium cette année et le CRU Group de Londres a souligné que tous les métaux cotés à la bourse des métaux de Londres (cuivre, zinc, plomb, aluminium, étain, nickel, cobalt et molybdène) ont terminé l’année en force, avec une tendance globalement à la hausse durant l’année. Les analystes précisent que ce rendement est attribuable à une croissance mondiale synchronisée qui a stimulé l’optimisme et la demande.
Paul Robinson, directeur au CRU Group, a déclaré que selon lui, les métaux les plus performants de 2017 étaient les matières brutes de l’aluminium, c’est-à-dire l’alumine, le coke de pétrole calciné et le brai de goudron de houille. L’alumine a enregistré une hausse de prix de 40 pour cent et les autres matières brutes ont connu une augmentation de plus de 60 pour cent. La hausse du prix de l’alumine a été fortement stimulée par les inquiétudes à propos des perturbations dans l’approvisionnement liées aux grèves et aux troubles civils en Guinée. Selon M. Robinson, le rendement exceptionnel du brai de goudron de houille et du coke de pétrole calciné s’explique par un « double coup dur » structurel : une réduction de l’utilisation des hauts fourneaux pour la production de l’acier qui a entraîné une baisse du brai de goudron de houille, un sous-produit de ce procédé, et l’augmentation correspondante de l’utilisation des fours électriques à arc qui crée une demande supplémentaire pour le coke de pétrole calciné, alors que de nouveaux consommateurs font concurrence aux alumineries.
Les matières brutes de l’aluminium ont aussi été touchées par les fermetures périodiques des alumineries au charbon en Chine, un phénomène qui a eu une incidence sur les prix mondiaux de l’acier. Motivée par les préoccupations environnementales, particulièrement la qualité de l’air des grandes villes, l’initiative « Ciel bleu » de la Chine a entraîné la fermeture des alumineries durant l’hiver lorsque les habitants chauffent aussi leur maison au charbon. « Certains s’inquiétaient de voir une réduction de la production chinoise, ce qui aurait laissé l’ensemble du marché en déficit », a affirmé Rory Johnston, économiste spécialiste des produits de base, Banque Scotia. « Toutefois, alors que nous avons traversé l’année et une partie de l’hiver, les coupures ont été moins importantes que ce qui avait été craint au départ, et certaines usines à haute capacité ont été en mesure de conserver une capacité plus élevée que prévu. »
Les véhicules et les batteries électriques ont stimulé le nickel et le cuivre. « Vous avez entendu Elon Musk dire qu’on les appelait batteries lithium-ion, mais qu’on devrait plutôt les appeler batteries nickel graphite étant donné que ces métaux comptent pour la majeure partie de leur poids », a expliqué M. Johnston. Mais les stocks excédentaires de nickel sont beaucoup plus importants que ceux des autres métaux de base, et M. Johnston a choisi de faire figurer le cobalt au premier rang de ses produits de base les plus performants dans son rapport de fin d’année 2017, mentionnant une augmentation de 127 pour cent pour atteindre 33 $ la livre. « Le cobalt reproduit la montée du lithium de 2016 », a-t-il affirmé. Étant donné que le cobalt représente un marché relativement petit en matière de tonnage, il précisait que même de petits changements dans la demande pouvaient rapidement mettre le marché en déficit ou en surplus réel ou perçu.
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Malgré l’optimisme grandissant envers l’industrie des voitures électriques, la demande pour les automobiles conventionnelles reste élevée, ce qui a fait de 2017 une bonne année pour le palladium. Selon le groupe d’études de marché Statista, environ 80 millions de voitures ont été vendues à l’échelle mondiale en 2017. Le président et chef de la direction de North American Palladium, James Gallagher, a déclaré que l’augmentation annuelle avait été régulière et qu’elle se maintenait entre deux et trois pour cent depuis les dix dernières années. L’évolution des normes d’émission, particulièrement en Chine et en Europe, a aussi entraîné une augmentation de la demande de palladium, qui agit en tant que catalyseur dans les convertisseurs catalytiques et aide à filtrer certains des sous-produits les plus toxiques des moteurs. Malgré une augmentation de la demande, l’approvisionnement mondial de palladium est resté relativement stable. « Il y a eu un déficit structurel sur le marché au cours des quatre dernières années », a affirmé M. Gallagher. « On a augmenté le recyclage des vieilles automobiles et on s’est tourné vers les stocks importants de la Russie, mais ceux-ci ont grandement diminué. »
Alors que le prix du pétrole a atteint un sommet sur deux ans en 2017, le prix du brut canadien est descendu à son niveau le plus bas en trois ans au mois de décembre. Le brut canadien est généralement réduit pour rester concurrentiel lorsque les coûts de raffinage sont plus élevés, mais cette réduction a grimpé de 12 $ à 27 $ au cours de 2017, ce qui est plus important que ce qui avait été anticipé. Selon M. Johnston, le principal problème est qu’une augmentation de la production de sables bitumineux se heurte à la capacité des oléoducs. En novembre, le rabais sur le Western Canadian Select (WCS) a atteint un sommet lorsqu’un déversement relié à l’oléoduc Keystone et l’interruption qui a suivi ont bloqué les stocks dans les réservoirs de stockage albertains. « Nous attendons que plusieurs nouveaux oléoducs entrent en service, mais le climat politique et les questions réglementaires ne cessent de repousser ce moment », a expliqué M. Johnston. Il a ajouté que les entreprises ferroviaires ont accueilli avec réticence les efforts pour effectuer la livraison des oléoducs par transport ferroviaire car elles étaient peu enclines à signer des contrats provisoires.
Les répercussions de la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 ont continué de faire baisser le prix de l’uranium en 2017, qui a commencé l’année à 24,50 $ la livre pour la terminer à 22,32 $ la livre. (Avant Fukushima, le prix se situait autour de 70 $ la livre.) Au Japon, seulement 50 réacteurs ont été remis en service et la confiance envers l’énergie nucléaire a été ébranlée et même renversée ailleurs dans le monde, notamment en Allemagne. Par conséquent, le marché continue de faire l’objet d’une offre excédentaire, ce qui fait baisser les prix. Garth Struther, un porte-parole de l’entreprise Cameco basée en Saskatchewan, a affirmé qu’il entrevoyait néanmoins un point positif pour l’année : les producteurs commencent enfin à faire preuve d’une certaine discipline en matière d’approvisionnement. En novembre, Cameco a annoncé une fermeture de 10 mois pour les sites de Key Lake et McArthur River, et la compagnie d’État Kazatomprom du Kazakhstan a annoncé ses plans visant à réduire sa production sur trois ans.