On aperçoit ici les cathodes de cuivre de la mine de Mutanda de Glencore dans la République démocratique du Congo. Le cuivre était l’une des nombreuses matières premières à voir son prix chuter en 2018. Avec l’aimable autorisation de Glencore
Dans l’ensemble, les minéraux et les métaux ont défié les prévisions optimistes pour l’année, puisque des tensions commerciales et un ralentissement de la croissance économique ont été néfastes pour les marchés mondiaux. Bien que la plupart des prix des matières premières aient baissé, avec quelques exceptions, les spécialistes annoncent qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter.
Les métaux communs avaient le vent en poupe au début de l’année : le cuivre s’échangeait au-dessus de la ligne des 3 $ US la livre et continue de grimper. Selon InfoMine, le prix du nickel et celui du zinc ont fièrement suivi des évolutions similaires, en augmentant de manière constante tout au long de l’année jusqu’à atteindre un pic de 7,14 $ US la livre en juin, pour le premier, et un pic de 1,64 $ US la livre en février, pour le second.
« Les métaux dégageaient pourtant de bons résultats durant la première moitié de l’année 2018, a affirmé Ryan McKay, stratège en produits de base à Valeurs Mobilières TD. La demande ne faisait que s’accroître. Les investisseurs s’inquiétaient d’un manque d’investissement dans les futures productions qui mettrait les marchés en situation déficitaire. »
C’est la guerre commerciale qu’a déclarée à la Chine en juin le président des États-Unis, Donald Trump, qui a coupé court à cette progression. M. Trump a imposé des tarifs douaniers de 25 % à des centaines de produits chinois, dont des métaux tels que le cuivre, le fer et le nickel, poussant le gouvernement chinois à répliquer avec ses propres droits de douane. Comme la Chine est l’une des nations les plus acheteuses de métaux, les investisseurs ont anticipé un ralentissement des achats et des ventes de ces métaux. Par conséquent, sur le marché, les prix de ces produits de base ont commencé à baisser.
« Beaucoup de ces métaux avaient encore un bon rendement, mais bon nombre de la communauté des investisseurs, dont les spéculateurs, les fonds spéculatifs, etc., ont commencé à les vendre à découvert et à baisser leurs prix », poursuit M. McKay.
Le zinc, dont le prix avait suffisamment augmenté en 2017 pour que les spéculateurs croient au rétablissement des activités de certaines entreprises qui profiteraient de la période de prospérité, a été le métal le plus affecté : en septembre, le prix de la livre était de 1,04 $ US, soit une baisse de 36 % par rapport à son prix le plus élevé en 2018. Selon M. McKay, la spéculation que les stocks demeurent élevés, conjuguée au ralentissement causé par la guerre commerciale menée par les États-Unis et la Chine, a fait craindre une inondation du marché de zinc, provoquant ainsi un effondrement des prix.
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Le prix du nickel a diminué de 32 % lors du second semestre de l’année, jusqu’à atteindre 4,83 $ US la livre à son point le plus bas, mais il était en partie soutenu par l’enthousiasme continu du marché des batteries destinées aux véhicules électriques. Par ailleurs, la dégringolade d’environ 21 % du prix du cuivre, le faisant passer de son pic le plus haut à un prix dérisoire de 2,57 $ US la livre, a largement été rapportée.
Les produits de base en vrac, comme le minerai de fer ou le charbon métallurgique, n’ont pas subi de chute aussi brutale que celles des métaux communs, mais ont tout de même été confrontés à des difficultés en 2018. Le prix du minerai de fer a légèrement baissé à la suite de nouvelles politiques environnementales mises en place par la Chine qui concernent les aciéries, dont l’une des mesures est d’imposer un prélèvement pour chaque tonne de déchets produite par le concentrateur. Il y a également différents niveaux de tarifications pour les multiples teneurs du minerai de fer, ce qui accroît l’intérêt pour le fer pur à teneur élevée.
Des problèmes d’approvisionnement causés par le déraillement d’un train transportant du charbon de la mine Moolarben de Yancoal, en Australie, selon la Banque Scotia, sont la raison pour laquelle le prix du charbon métallurgique s’est envolé. Or, l’économiste spécialiste des produits de bases à la Banque Scotia, Rory Johnston, a écrit dans le rapport pour 2019 des Perspectives mondiales de la Banque Scotia que la hausse n’est pas durable et devrait vraisemblablement ralentir en 2019 et en 2020, une fois que les problèmes d’approvisionnement seront réglés.
Vers la fin de l’année 2018, il était monnaie courante de croire que le ralentissement des économies des États-Unis, les éventuelles augmentations des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine et les situations politiques instables, comme le prochain Brexit du Royaume-Uni, pourraient entraîner une récession mondiale en 2019. Ceci, d’après M. McKay, a fait tomber davantage les prix.
Même si les pertes de ces métaux semblent spectaculaires, elles étaient attendues. M. Johnston assure même que l’effondrement des prix, sous n’importe qu'elle forme, était inévitable après avoir atteint de tels sommets en 2017 et lors du premier semestre de 2018.
« Effectivement, la croissance mondiale ralentit, mais il est important de souligner qu’un ralentissement de l’économie n’équivaut pas à une économie lente, a expliqué M. Johnston. C’est nous qui allions trop vite. »
Selon lui, les pics observés plus tôt dans l’année n’avaient aucune raison d’être et les prix faibles actuels ne sont que l’envers de la médaille.
« Nous avons réagi excessivement à l’envolée des prix, puis encore lors de leur chute, a déclaré M. Johnston. Nous pensons que la situation se réglera d’elle-même à mesure que le temps passe et que cela suffira à gonfler les prix du cuivre, et d’autres métaux, de manière à ce qu’ils entrent dans notre fourchette de prix à partir de 2019. »
Selon M. Johnston et M. McKay, les investisseurs devraient s’attendre à la hausse des prix des produits de base au cours de l’année prochaine. De son côté, M. Johnston est persuadé qu’en 2019, les prix de la livre de cuivre, de zinc et de nickel rebondiront pour osciller respectivement autour de 3 $ US, 1,20 $ US et 5,50 $ US. Pour M. McKay, une possible entente commerciale entre la Chine et les États-Unis en mars et une Réserve fédérale américaine conciliante sont des raisons suffisantes pour être optimistes en 2019 quant aux produits de base.