Les sociétés minières du Québec peuvent maintenant démontrer que leurs pratiques d'exploration sont socialement et écologiquement responsables. Avec l’aimable autorisation de Nouveau Monde Graphite

Le financement des activités des sociétés d’exploration dépend énormément des investisseurs. Ces dernières années, les fonds d’investissement se sont éloignés du secteur de l’exploration pour s’orienter vers d’autres industries émergentes telles que le cannabis et les cryptomonnaies. La pression monte pour ramener ces investisseurs vers le secteur minier ainsi que pour relancer l’attrait du secteur auprès d’une nouvelle génération d’investisseurs faisant preuve de responsabilité sociale et d’éthique, et soucieux des répercussions écologiques.

Pour contribuer à cet effort, l’association de l’exploration minière du Québec (AEMQ) et ses partenaires ont mis au point un nouveau programme de certification spécifiquement destiné au secteur de l’exploration minière. Contrairement au secteur de la sylviculture par exemple, les sociétés d’exploration minière ne fabriquent pas un produit sur lequel on peut apposer un cachet d’authentification. C’est pourquoi le programme se concentre sur le procédé de l’exploration plutôt que sur le résultat. Il donne aux sociétés un cadre leur permettant de prouver aux investisseurs et aux parties prenantes leur adhésion à trois domaines d’intérêt, à savoir les réglementations environnementales, sociales et économiques, ainsi que leur engagement envers une amélioration continue.

« Il ne s’agit pas uniquement de suivre les règles de notre province », déclarait Alain Poirier, directeur de projet à l’AEMQ. « Il faut montrer que l’on va au-delà. Pour être certifié, il faut prouver qu’on se conforme aux pratiques exemplaires existantes et qu’on les améliore chaque année. »

M. Poirier a contribué au développement du programme de certification depuis son commencement en 2012, lorsque l’AEMQ s’est rapprochée de la chaire en entrepreneuriat minier de l’UQAT-UQÀM à Rouyn-Noranda afin d’identifier tous les programmes similaires dans le monde s’adressant aux sociétés d’exploration minière.

« Il n’existe aucune certification dans le secteur de l’exploration minière », déclarait M. Poirier.

L’AEMQ et la chaire en entrepreneuriat minier de l’UQAT-UQÀM ont lancé un partenariat avec le gouvernement du Québec et le groupe MISA pour développer la norme. Underwriters

Laboratories (UL), une organisation indépendante non gouvernementale accréditée par le conseil canadien des normes, a pris la direction de l’administration de la norme au printemps 2019. En octobre 2019, elle a publié deux nouveaux programmes de certifications : UL 2723, un programme de certification ÉCOLOGO en développement responsable pour les sociétés d’exploration minière et UL 2724, un programme de certification ÉCOLOGO en développement responsable pour les fournisseurs de services du secteur de l’exploration minière.

Initialement, ces programmes s’adressent uniquement aux sociétés exerçant au Québec ; cependant, UL prévoit d’élargir le programme de certification à l’intégralité du Canada, et potentiellement à l’international « dans les années à venir », indiquait un porte-parole d’UL dans un communiqué de presse. D’après M. Poirier, plus de 90 % du programme peut déjà être facilement transféré à d’autres provinces et territoires du Canada, avec des modifications mineures.

C’est dans la catégorie sociale, indiquait M. Poirier, que les nouvelles certifications auront la plus grande incidence. Ce sont les sociétés d’exploration et les fournisseurs qui effectuent les travaux préparatoires d’une exploitation minière et deviennent donc des porte-parole au sein de la communauté locale. Ainsi, leur performance sociale jouera un rôle important dans la réussite ou l’échec d’une mine future. Les nouvelles certifications ÉCOLOGO constituent une fiche de rendement en matière de performance sociale, notamment en ce qui concerne la consultation et les efforts des sociétés pour le renforcement des relations avec les communautés locales et les groupes autochtones affectés.

« Les aspects sociaux de la nouvelle certification sont ce qui en fait un programme à part », indiquait M. Poirier. « Cette partie de la certification a été particulièrement bien reçue par les groupes autochtones et les ONG. »

Un autre domaine pour lequel les certifications ÉCOLOGO sont tout particulièrement utiles concerne l’engagement envers l’atténuation du changement climatique et le contrôle des émissions de gaz à effet de serre (GES). Si les activités d’exploration minière telles que le forage, la cartographie, l’échantillonnage et les levés géophysiques ont des répercussions relativement minimes sur l’environnement par rapport à une mine totalement opérationnelle, toutes les sociétés sont confrontées à l’enjeu universel que constitue l’engagement envers la réduction de leur impact sur le climat.

« Les sociétés d’exploration minière ne produisent pas énormément [de gaz à effet de serre] », indiquait M. Poirier. « Il n’en reste pas moins que c’est un enjeu que l’on ne peut ignorer. Ainsi, nous devons consigner ce qu’elles produisent aujourd’hui, puis voir comment améliorer ces résultats. Nous mettons au point un outil permettant aux sociétés de mesurer les gaz à effet de serre qu’elles produisent car nous souhaitons qu’elles s’améliorent à l’avenir. »

Le calculateur d’émissions de gaz à effet de serre fait partie de la série d’outils qu’a mis au point l’AEMQ pour encadrer les sociétés durant la procédure de certification. L’AEMQ met également à disposition un membre dédié de son personnel qui aidera les sociétés à déposer leur demande et à préserver leur certification.

M. Poirier fait remarquer que si l’on développe une nouvelle pratique ou un nouveau protocole pour l’un des trois domaines d’intérêt, il sera facile de les intégrer dans un cadre flexible de certification. Par exemple, la Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC, l’association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) et l’association minière du Canada (AMC) ont récemment publié un appel à propositions pour développer une approche scientifique permettant de mesurer les répercussions sur l’environnement des activités de l’exploration minière ; une fois développés, la société peut utiliser ce genre d’outils pour mesurer son impact dans la catégorie Environnement de la certification.

Forages Rouillier, basée en Abitibi, est la première société à avoir obtenu la certification UL 2724 pour les fournisseurs de services ; elle a aussi participé au développement du programme. Dans un communiqué de presse, le président et chef de la direction de la société Mario Rouillier faisait remarquer que la certification ajoute une certaine rigueur à ses pratiques existantes et aide la société à se démarquer de ses concurrents.

En novembre 2019, 12 sociétés ont la certification mais ne sont pas encore annoncées, et 13 sociétés supplémentaires sont en phase de l’obtenir.