Avec l'aimable autorisation de Avalon Advanced Materials
Le 9 janvier dernier, les gouvernements canadien et américain ont annoncé la finalisation d’un plan d’action conjoint sur la collaboration dans le domaine des minéraux critiques, un accord entre les deux pays visant à augmenter la production et à créer des chaînes d’approvisionnement pour plusieurs « minéraux critiques » auxquels les États-Unis n’ont accès qu’au travers de l’importation. À une époque d’incertitudes concernant le marché mondial des minéraux critiques, le gouvernement du Canada espère renforcer la compétitivité du secteur canadien des minéraux et des métaux.
À l’heure actuelle, c’est la Chine qui domine le marché mondial des minéraux critiques. Avec plus de 70 % de la production mondiale annuelle, ce pays est le plus gros producteur d’éléments des terres rares (ÉTR), et quasiment l’unique producteur d’ÉTR lourds tels que le terbium et le dysprosium. En raison du quasi-monopole de la Chine, de nombreux pays, dont les États-Unis et le Canada, espèrent réduire leur dépendance en trouvant de nouvelles sources de minéraux critiques et d’ÉTR.
En juin 2019, l’U.S. Department of Commerce (le ministère américain du commerce) publiait un document présentant les minéraux critiques auxquels les États-Unis n’ont accès qu’au travers de l’importation. Le plan d’action conjoint inclut 35 de ces minéraux. Quelques mois plus tard, en décembre, le Canada rejoignait l’Energy Resource Governance Initiative (ERGI, l’initiative de gouvernance des ressources énergétiques) dirigée par le département d’État américain, qui vise à sécuriser les chaînes logistiques de minéraux critiques dans les pays en développement.
Le Canada est l’un des pays où l’on trouve les plus importantes réserves d’ÉTR. Ressources naturelles Canada (RNCan) estime ces réserves à « plus de 15 millions de tonnes d’oxydes de terres rares », ÉTR lourds inclus. Pourtant, le Canada n’est actuellement pas un producteur mondial, ce que le plan d’action conjoint devrait résoudre, espère-t-on, en incitant à la création de nouveaux projets et investissements.
Au cœur de ce plan figurent la consultation avec l’industrie, la sécurisation de l’approvisionnement en minéraux critiques pour les industries stratégiques, la recherche et le développement, l’amélioration du partage des informations ainsi que la coopération internationale et la collaboration multilatérale. « Il n’est pas seulement question de la compétitivité de notre secteur d’exploration et d’exploitation minière », expliquait Hilary Morgan, directrice du groupe de travail dédié aux minéraux critiques de RNCan, à l’équipe du CIM Magazine dans un entretien. « On parle de l’utilisation de nos ressources naturelles pour créer une valeur en aval, pour renforcer la capacité à affiner et à traiter les minéraux et les métaux, et pour se rapprocher des besoins de divers secteurs stratégiques tels que l’aérospatiale, la défense et l’électronique grand public. »
Le plan n’est pas encore accessible au public car il s’agit d’un « document de travail » entre les États-Unis et le Canada.
Les membres de l’industrie minière ont salué ce plan. Comme l’expliquait Kiril Mugerman, président et directeur général de Ressources Géoméga dans un communiqué de presse annonçant l’emplacement d’une nouvelle usine de démonstration de recyclage des terres rares à Saint-Bruno-de-Montarville, au Québec, « avec le plan d’action conjoint sur la collaboration en matière de minéraux critiques, [...] nous commençons à voir les premières mesures concrètes prises par les deux pays pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement de certains minéraux essentiels nécessaires aux secteurs manufacturiers importants, dont les technologies de la communication, l’aérospatiale, la défense et les technologies propres ».
Quant à Toby Mayo, président et directeur général de la société Far Resources spécialisée dans les minéraux nécessaires à la fabrication des batteries, il expliquait dans un autre communiqué de presse que « depuis quelque temps, nous prédisions que les minéraux, dont ceux que l’on utilise dans les batteries et les technologies connexes, se retrouveraient au cœur d’une stratégie nord-américaine plus vaste, notamment pour réduire notre dépendance envers la Chine ».
« La hausse de la demande mondiale en minéraux critiques constitue une opportunité importante pour le Canada, et nous sommes conscients de la tendance visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales en minéraux critiques », expliquait Mme Morgan. « L’objectif est [...] d’exploiter nos ressources en minéraux et en métaux, une grande richesse que nous offre le pays. »
« La question des terres rares est l’occasion pour le Canada de tirer profit de ses réserves potentielles et de trouver comment les exploiter pour répondre à la demande mondiale », concluait-elle.
Traduit par Karen Rolland