Le cours du cuivre a chuté au début de la pandémie, mais est remonté aux mois de juin et juillet. Avec l’aimable autorisation de Glencore
Après une année 2019 instable qui a été le théâtre d’un différend commercial entre les États-Unis et la Chine, lequel a provoqué une pression à la baisse sur les prix, les produits de base font face à une année plus qu’incertaine.
D’après Matthew Piggott, directeur de la recherche sur les métaux et les mines à S&P Global Market Intelligence, si les marchés des produits de base commençaient à montrer des signes de reprise et d’optimisme au début de l’année 2020, la pandémie de COVID-19 a rapidement changé cette tendance.
L’incertitude engendrée par la COVID-19, qui a entraîné des confinements partout dans le monde, est au cœur des actualités économiques de l’année. Tout comme l’économie qui n’a pas échappé à son impact, les produits de base à tous les niveaux ont été affectés par la réaction mondiale à la pandémie.
« La pandémie a eu de fortes répercussions sur la plupart des produits de base », déclarait Marc Desormeaux, économiste principal à la banque Scotia. « La chute de la demande [et] les perturbations au niveau de l’offre ont eu de lourdes conséquences sur les prix dans la majorité des cas. »
Le premier choc passé, le cours de l’or est non seulement déjà remonté de ses niveaux très bas de mi-mars, mais semble poursuivre une tendance haussière. D’après un récent rapport de RBC Marchés des capitaux, le cours moyen de l’or a augmenté de 8 % par rapport au premier trimestre. Comme on peut lire dans le rapport, les fermetures temporaires des mines ainsi que les nouvelles mesures de santé et de sécurité mises en œuvre pour contrôler la propagation de la pandémie devraient entraîner une baisse de la production aurifère de 11 % cette année.
La chute prévue de la demande physique en or pourrait cependant avoir des répercussions négatives dans les mois à venir, indiquait M. Desormeaux. De fait, les principaux consommateurs d’or, tels que l’Inde, se débattent avec une hausse du nombre de cas de contamination, ce qui pourrait entraîner une tendance à la baisse sur l’achat de bijoux.
Cependant, la constance du cours plus élevé de l’or pourrait compenser ces impacts. Fin juillet, le cours de l’or atteignait 1 950 dollars américains l’once. S’il est peu probable que des cours aussi élevés persistent, des analystes de Haywood Securities prévoient que le cours de l’or atteindra en moyenne 1 800 dollars américains l’once d’ici le second semestre de l’année.
« Nous vivons actuellement dans un environnement véritablement incertain, sur le plan de l’économie et des produits de base », indiquait M. Desormeaux. « La hausse du cours de l’or au-delà des 1 800 dollars américains, à un niveau plus élevé que ce que nous avons connu ces dernières années, est réellement une conséquence de cet environnement à haut risque. »
L’argent, quant à lui, a connu une baisse spectaculaire à mesure que se propageait la COVID-19.
Le 19 mars, le cours de l’argent a chuté à 12,01 dollars américains l’once, ce qui représente une baisse de 29 % par rapport au cours de la semaine précédente, et le cours le plus bas de ce métal depuis avril 2009. La production a chuté alors que de nombreux producteurs d’argent en Amérique du Sud ont dû se plier à des confinements plus restrictifs que dans d’autres régions du monde, entraînant un fort impact sur la demande en argent.
Pourtant, le cours des métaux précieux semble remonter la pente. D’après RBC Marchés des capitaux, le cours de l’argent atteindra une moyenne de 17,76 dollars américains l’once en 2020. Le rapport a également modifié ses projections concernant la demande prévue en métal de - 17 % à - 4 %.
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Le cours de l’uranium a rencontré une légère baisse au début de la pandémie de COVID-19, de l’ordre de 3,8 % entre le début de l’année et le 22 mars. Cependant, après que Cameco a suspendu les opérations à sa mine de Cigar Lake en mars, les prix ont connu une hausse spectaculaire pour atteindre plus de 27 dollars américains l’once d’uranium. La production d’uranium est concentrée entre un groupe de sociétés et de territoires, aussi les confinements à venir ou persistants pourraient imposer une pression à la hausse sur les prix.
Comme les métaux précieux, les métaux communs ont enregistré une baisse de prix cette année, qui s’explique par une consommation restreinte pendant la pandémie, mais tous n’ont pas remonté la pente aussi vite.
Le cours du cuivre a été considérablement affecté par la pandémie, accusant une chute de 22 % par rapport au prix de début d’année en avril. Au mois de juin, les prix étaient remontés et fin juillet, ils étaient identiques, voire supérieurs à ce qu’ils étaient au début de l’année.
« Le rebond au niveau du cours du cuivre a été remarquable », expliquait M. Desormeaux. « Nous avons commencé à assister à la réouverture des économies dans le monde entier. Après avoir touché le fond, la reprise de la Chine a été particulièrement forte au milieu des confinements de ce premier trimestre. »
De nombreuses sociétés d’exploitation de cuivre d’Amérique du Sud, où des mesures de restriction strictes en raison de la COVID-19 ont restreint la production, ont revu à la baisse leurs perspectives de production annuelle de cuivre. Le cours du cuivre a atteint son plus haut niveau en 16 mois à la fin juillet, et la baisse de la production pourrait mener à une pression à la hausse continue sur les prix.
Les autres métaux communs ont aussi enregistré une baisse des prix depuis le début de l’année. S&P Global indiquait que le minerai de fer, le zinc, le plomb et le nickel ont tous connu une baisse des prix de l’ordre de 10 à 20 % entre janvier et avril. La société a revu à la baisse ses projections de prix pour le minerai de fer de 82,80 dollars américains à 79,70 dollars américains par tonne métrique à l’état sec, dans un contexte où la demande diminue à l’échelle mondiale. Les analystes prévoient que le cours du zinc, qui a chuté à 1 894 dollars américains par tonne à la fin mars, remontera pour atteindre une moyenne de 2 065 dollars américains la tonne en 2020.
Globalement, les marchés de produits de base semblent remonter la pente. D’après M. Piggott, pratiquement toutes les 275 mines identifiées par S&P Global comme ayant été affectées par la COVID-19 ont rouvert, partiellement ou totalement, et il s’attend à ce que la plupart des produits de base perdent moins de 4 % de leur production annuelle attendue en raison des confinements.
Malgré la récente remontée des prix et les révisions tenant compte des dernières projections, l’incertitude reste le moteur principal de 2020. Deux principaux risques de perte en cas de baisse constituent une menace pour la reprise économique : une seconde vague possible de COVID-19 très débattue, et un regain des tensions entre les États-Unis et la Chine.
Petit à petit, les mesures de confinement sont levées partout dans le monde, mais les tensions montent à mesure que le virus réapparaît dans des lieux où l’on pensait avoir réussi à l’endiguer. Si une deuxième ou troisième vague resurgit, les nouvelles mesures de confinement réduiront l’activité économique et feront probablement chuter le cours des produits de base.
« La course au virus reste le problème le plus important », expliquait M. Desormeaux. « Les résultats médicaux s’améliorent-ils ? Les courbes s’aplanissent-elles ? Les réouvertures se passent-elles comme prévu ? Sommes-nous dans les temps ou en retard ? Vraisemblablement, c’est ce qui va véritablement déterminer, dans les mois et trimestres à venir, la croissance économique, la demande en matière de produits de base et la production de métaux. »
Le regain de tensions entre les États-Unis et la Chine pourrait également venir perturber la reprise des cours des produits de base. Une résurgence du différend de l’année dernière, qui a eu un fort impact sur l’économie mondiale, pourrait renverser la reprise économique des produits de base.
Après l’assouplissement du confinement, la reprise a été surprenante ; en effet, des produits de base tels que l’or et même le cuivre ont remonté la pente relativement rapidement. Le redressement de l’économie mondiale, quant à lui, se fera sans doute bien plus lentement. On s’attend à ce que le Canada retrouve son niveau pré-virus en 2022 seulement.
Malgré les gains récents, les perspectives pour l’année 2020 restent instables, car il est fort probable que la COVID-19 reste LE plus grand problème de l’année pour les produits de base.