Selon les prévisions de l’étude, on s’attend à ce que la demande de cuivre augmente pour atteindre 50 millions de tonnes d’ici 2035, mais la production n’est pas sur la bonne voie pour tenir le rythme. Avec l’aimable autorisation de Glencore

Le cuivre est d’une importance cruciale dans la course pour atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. D’énormes quantités de cuivre seront requises afin de mettre en place les technologies nécessaires pour permettre au monde d’abandonner les énergies fossiles mais, selon un rapport publié par S&P Global, et intitulé « The Future of Copper » (Traduction libre : Le futur du cuivre), il se pourrait que l’écart entre l’offre et la demande créé par la demande croissante pour ce minéral essentiel soit trop grand pour être comblé.

D'après cette étude, on s’attend à ce que la demande de cuivre augmente pour passer de 25 millions de tonnes en 2022 à 50 millions de tonnes d’ici 2035. Cette situation pourrait mener à un écart potentiel de 9,9 millions de tonnes entre l’offre et la demande, soit 20 pour cent de la quantité de cuivre requise pour atteindre les objectifs de la transition énergétique. Les véhicules électriques, l’énergie solaire, et l’énergie éolienne ont besoin de cuivre pour fonctionner.

« Ce qui cause vraiment cela, c’est l’apparition de toute une multitude de nouvelles technologies en plus des autres marchés finals standard, ou traditionnels, qui vont nécessiter une incroyable quantité de cuivre au cours des 13 prochaines années... et ces technologies énergétiques n’en sont qu’à leurs débuts à l’heure actuelle, » a déclaré Mohsen Bonakdarpour, Directeur exécutif, Économie et pays à risque, chez S&P Global Market Intelligence, et directeur de projet de l’étude.

Cette étude a dressé deux scénarios : un « Scénario très ambitieux » prévoyant une augmentation de l’utilisation de la capacité des mines et des taux de recyclage jusqu’en 2035, et un « Scénario cahoteux » prévoyant une utilisation de la capacité des mines demeurant constante à 84,1 pour cent (l’utilisation moyenne de la capacité mondiale entre 2012 et 2021) jusqu’en 2050, ainsi qu’un taux de recyclage constant de 17 pour cent. Le premier scénario pourrait voir une production mondiale de cuivre affiné de 47,3 millions de tonnes d’ici 2035, ce qui représenterait un déficit de l’offre de 3,2 pour cent, avec un surplus projeté de 1,3 million de tonnes en 2045. Le second scénario voit apparaître un déficit de 9,9 millions de tonnes au niveau de l’offre, avec aucun surplus projeté jusqu’en 2050. D’après l’étude, l’écart le plus élevé entre l’offre et la demande de cuivre, de 1994 à 2020, a été de 2,5 pour cent, et, même l’écart du « Scénario très ambitieux » de 3,2 pour cent aurait de « sérieuses conséquences » pour plusieurs marchés. »

Selon monsieur Bonakdarpour, un des principaux obstacles pour faire face à cette inévitable pénurie, c’est vraiment le temps que cela prend pour mettre sur pied une mine fonctionnelle. Le processus des permis n’a fait que se compliquer pour la plupart des pays, certains d’entre eux ayant élaboré de nouvelles lois visant à protéger leurs ressources des compagnies minières étrangères. Le Chili, un des plus grands producteurs de cuivre et de lithium du monde, a récemment organisé un référendum pour sa nouvelle constitution qui aurait inclus de nouvelles restrictions pour les mines opérant dans le pays. Si la constitution du Chili a, pour finir, été rejetée, les règlements ne sont certainement pas en train de s’assouplir pour autant.

« [L’Agence internationale de l’énergie] affirme que cela prend 16 ans pour développer une mine et faire en sorte qu’elle soit pleinement opérationnelle, alors que dans les années 50 et 60, cela ne nécessitait que quatre ou cinq ans seulement, et la plus grande partie de cette augmentation du temps nécessaire est vraiment attribuable au processus des permis, » a déclaré Moshen Bonakdarpour. « Alors, ces 16 années constituent véritablement un défi pour atteindre cet objectif de 2050, parce qu’on doit agir très vite et démarrer le développement immédiatement. »

L’étude a permis d’identifier trois sphères où des efforts peuvent être déployés pour essayer de combler ce déficit. La première, c’est l’élaboration de politiques standard pour l’exploration et le développement dans de nombreux pays du monde. La deuxième, c’est le développement de nouvelles technologies permettant d’extraire le cuivre de manière plus propre, plus efficace et moins chère. La troisième, c’est l’interdépendance entre le cuivre et d’autres minéraux essentiels, dont certains sont issus du traitement du minerai, afin que l’on n’en arrive pas à la même situation problématique pour d’autres minéraux dont on a besoin pour l’électrification.

« Je pense que les gouvernements et les secteurs privés doivent agir. Et on ne parle pas seulement du cuivre. Nous recevons toutes sortes de demandes d’études sur le lithium, le nickel et le cobalt, car ces minéraux sont aussi essentiels, » a dit Moshen Bonakdarpour. « Et ce qui est important, pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, c’est que les gouvernements et les entreprises travaillent ensemble très étroitement pour élaborer des politiques prédictibles et durables afin de rendre cela possible, sinon nous ne serons pas en mesure d’atteindre nos objectifs. »

Traduit par Michèle Tirlemont