À Samarco, où les activités sont suspendues pour une durée encore indéterminée, la digue à stériles est en cours de reconstruction. Avec l'aimable autorisation de BHP Billiton
Une enquête technique publiée à la fin du mois d'août a attribué à des défauts de conception l'origine de la rupture de la digue de retenue des résidus miniers à la mine de fer brésilienne exploitée par Samarco Mineração S.A., une entreprise commune de BHP Billiton et Vale.
Le 5 novembre 2015, la digue de retenue des résidus miniers de Fundão s'est brisée, entraînant leur déversement ; cette catastrophe a causé la mort de 19 personnes ainsi que la destruction du village de Bento Rodrigues, et a fortement pollué le bassin du Rio Doce.
Samarco et ses sociétés mères ont mandaté le cabinet d'avocats-conseils Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP sur place pour enquêter sur la cause immédiate de la rupture avec l'aide d'un groupe d'experts composé de Norbert R. Morgenstern, Steven G. Vick, Cássio B. Viotti et Bryan D. Watts, quatre ingénieurs en géotechnique spécialisés dans les barrages. MM. Morgenstern et Vick faisaient également partie du groupe d'experts chargé d'examiner la cause de la rupture de la digue de retenue des résidus miniers à Mount Polley.
Le rapport final attribue la rupture aux modifications apportées au concept original de la digue, lequel utilisait des résidus sableux insaturés pour soutenir les résidus de schlamms fins moins résistants, et reposait sur une séparation d'au moins 200 mètres entre le dépôt sableux et les schlamms. Les ingénieurs de Samarco ont commencé à découvrir les défauts de construction dans les structures de drainage peu de temps après l'entrée en service de la digue de retenue en 2009. La conception du canal de drainage créé pour le remplacer n'a fait que renforcer la saturation dans les résidus sableux. Lorsque la digue conçue pour les sables a été placée en retrait par rapport à son alignement original pour s'adapter aux réparations effectuées en aval, la séparation de 200 mètres n'a pas été respectée. La proximité des schlamms fins a donc empêché le drainage dans les sables.
La hauteur croissante de la digue a pesé sur la zone riche en schlamms fins. « La saturation du bassin a imposé une forte pression sur les schlamms fins les moins durs », déclaraient les enquêteurs. « Ils se sont déformés latéralement, provoquant un écoulement dans un processus que l'on appelle " extrusion latérale ". Les sables se trouvant juste au dessus, contraints de suivre ce mouvement, ont subi une réduction de la pression horizontale qui les confinait. Ceci a entraîné le tassement des sables et dans le processus, leur effritement. »
Ce tassement et cette saturation ont provoqué la liquéfaction des sables, entraînant l'effondrement qui a détruit la digue. D'après la modélisation informatique et en laboratoire effectuée par les enquêteurs, le moment auquel cet effondrement devait se produire correspondait à peu près à la hauteur de la digue au moment même de la rupture. Ils concluaient qu'une série de tremblements de terre s'étant produits peu de temps avant la rupture avaient très probablement accéléré le processus déjà en cours.
Le groupe d'experts n'était pas chargé de trouver les défauts ni d'évaluer les effets en aval du déversement.
Bronwyn Wilkinson, porte-parole de BHP Billiton, expliquait dans un courriel que la société étudiait le rapport.
BHP Billiton s'est appuyé sur les principes directeurs de l'association canadienne des barrages (ACB) pour examiner dans ses exploitations les 10 digues auxquelles il fallait accorder la plus haute priorité, et a commencé à effectuer des améliorations non spécifiées. Les principes directeurs de l'ACB sont eux-mêmes en cours de révision, ce que BHP suit de très près d'après Mme Wilkinson ; ils représentent cependant une norme mondiale pour l'évaluation de la sécurité des barrages. Jusqu'ici, les digues de BHP respectaient seulement les normes nationales applicables.
« À l'avenir, nous renforcerons la surveillance en créant une fonction de gestion centralisée des digues qui améliorera notre expertise au sein de la société », déclarait Mme Wilkinson. BHP fera également davantage appel aux examens indépendants, créera une norme mondiale dédiée aux barrages pour ses propres exploitations et œuvrera à mettre en place un meilleur système de gestion des barrages dans des entreprises communes non exploitées.
À Samarco, les activités sont suspendues pour une durée indéterminée. « Une série d'approbations réglementaires et judiciaires sont nécessaires avant que les activités ne puissent reprendre, et ce ne sera sans doute pas fait durant l'année civile en cours », indiquait Mme Wilkinson. Elle ajoutait que pour être viable après les pertes engendrées par la catastrophe de Fundão, Samarco serait contrainte de procéder à des licenciements, de restructurer sa dette et de diminuer ses coûts.
Traduit par Karen Rolland