Carl Grant, responsable du groupe chargé de la planification de la fermeture des mines chez Anglo American. Jon Benjamin Photography
Le certificat qu’a obtenu Carl Grant pour la fermeture de la première mine de bauxite d’Alcoa à Jarrahdale, dans le sud de l’Australie-Occidentale, marque le couronnement de sa carrière. « La mine a fermé ses portes en 2001, et nous avons obtenu un certificat de fermeture du gouvernement en 2005, dégageant la responsabilité de la société », déclarait M. Grant. « Peu de personnes dans notre industrie peuvent en dire autant ; c’est pourtant un accomplissement important qui montre aux communautés que nous ne faisons pas de promesses dans le vide. »
Grant est aujourd’hui responsable du groupe chargé de la planification de la fermeture des mines à Anglo American. Il occupe ce poste depuis 2014, et a développé et mis en œuvre, aux côtés de son équipe de spécialistes en matière de fermeture des mines, l’Integrated Closure Planning System (IPCS, le système de planification intégrée de la fermeture d’une mine) d’Anglo American pour le portefeuille mondial des exploitations de la société. L’un des objectifs de l’ICPS est d’intégrer la planification de la fermeture des mines au sein du même progiciel utilisé pour la planification minière afin que ce dernier puisse exécuter un scénario global relatif à la durée de vie de la mine.
Le premier projet pilote dédié à l’ICPS a été testé en 2015, à l’exploitation de minerai de fer Kolomela en Afrique du Sud. « Ce projet pilote, qui a duré 15 mois et nous a permis d’économiser environ 30 millions de dollars en coûts d’exploitation, s’appuyait sur le déversement des stériles dans une zone spécifique de la fosse minière ou sur de courtes distances plutôt que sur le déplacement des déchets miniers depuis la fosse jusqu’aux zones surélevées de décharge des stériles », expliquait M. Grant.
En raison du manque d’informations sur les coûts liés à la fermeture des mines, indiquait-il, les planificateurs de la durée de vie de la mine prennent souvent des décisions qui ne tiennent pas totalement compte de la responsabilité liée à la fermeture d’une exploitation. « Lorsque les ingénieurs ont en main les données chiffrées relatives à la fermeture, leurs décisions changent », expliquait M. Grant. « Par exemple, une option donnée peut engendrer une augmentation des dépenses d’exploitation de 5 cents par tonne, mais nous permettre parallèlement d’économiser 50 millions de dollars au niveau de la responsabilité liée à la fermeture. »
Anglo American a commencé le développement de l’ICPS fin 2014. Ce système associe les divers régimes de planification, les exigences internes et externes ainsi que les considérations financières liées à l’exécution des scénarios relatifs à la durée de vie de la mine sur des plateformes logicielles existantes de planification minière.
« L’ICPS nous aide à minimiser les coûts liés à la fermeture des mines en effectuant autant de travaux liés à la fermeture que possible pendant la phase d’exploitation », indiquait M. Grant. « Nous pouvons procéder à une remise en état progressive et optimiser l’emplacement de nos stériles pour réduire au minimum les responsabilités et les risques au moment de la fermeture. »
Grant a mené une carrière dans le domaine des sciences de l’environnement ; il a grandi à Kalgoorlie, une ville minière d’Australie-Occidentale, où il a personnellement assisté aux perturbations et à la pollution des terres par l’exploitation minière. Il détient un doctorat en écologie relative aux feux de forêt, et a approfondi ses compétences chez Alcoa, une société d’exploitation de la bauxite, avant de déménager dans l’est du pays pour enseigner à l’université de Nouvelle-Angleterre, en Nouvelle-Galles du Sud. C’est là qu’il a créé le premier cours en Australie dédié à la réhabilitation des écosystèmes, avant de revenir à Alcoa pour mener des recherches et réhabiliter des mines fermées dans les forêts de Jarrah, dans le sud de l’Australie-Occidentale.
En 2010, il a rejoint Anglo American en tant que responsable de l’environnement pour les mines de charbon d’Australie et du Canada, avant de devenir responsable global de la planification de la fermeture des mines en 2014. C’est dans cette fonction qu’il a commencé à développer l’IPCS.
Un second projet pilote sur l’ICPS a été mené à la mine de charbon Drayton dans la vallée Hunter en Australie, et cinq autres sont en cours sur des sites d’Afrique du Sud, du Brésil et du Botswana. M. Grant et son équipe espèrent terminer les projets pilotes d’ici mi-2019, et déployer l’ICPS dans toutes les exploitations d’Anglo American d’ici 2021.
« Notre plus grande difficulté a sans doute été de faire prendre conscience à tous du rôle qu’ils doivent jouer dans la fermeture des mines », déclarait M. Grant. En novembre cette année, il transmettra son message à Santiago, à l’occasion du deuxième International Congress on Planning for Closure of Mining Operations (le congrès international sur la planification de la fermeture des exploitations minières), qu’il présidera.
Traduit par Karen Rolland
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