Dans les années 1990, alors que George Salamis travaille comme géologue, il devient apparent pour lui qu’une perturbation numérique majeure au sein de l’industrie minière est nécessaire. M. Salamis explique que lui et d’autres personnes ont créé un appareil, un précurseur du téléphone intelligent en quelque sorte, qui aurait permis aux géologues de recueillir de façon numérique et immédiate des données de diagraphie de carottes et de cartographie de terrain, afin que ces données soient interactives et puissent être partagées instantanément.
Mais lorsqu’il tente de promouvoir son utilisation au sein de divers projets, il se heurte à un mur.
« Je me souviens très bien d’avoir tenté de mettre à l’essai ce concept partout dans le monde et d’avoir rencontré beaucoup de résistance », a affirmé M. Salamis, sur le point alors d’être l’ancien président du conseil d’Integra Gold. Les membres des équipes ayant reçu ces unités portatives avaient fini par s’en servir pour garder des fenêtres ouvertes ou comme appuis-livres. « Pour moi, la quantité d’inertie à laquelle nous avons fait face et la résistance au changement dans l’exploitation minière qui existait à cette époque avaient été frappantes et révélatrices. »
Mais, selon M. Salamis, le besoin de sortir des sentiers battus l’a motivé tout au long de sa carrière, menant directement à deux récents projets d’externalisation ouverte que lui et le reste de l’équipe d’Integra ont mis de l’avant afin d’encourager l’innovation numérique dans l’industrie minière. En 2014, Integra lance son premier projet, le Défi Ruée vers l’or, dans le cadre duquel elle rend publique sa base de données de 6 téraoctets sur une mine récemment acquise afin de recueillir des idées sur l’emplacement de son prochain gisement d’importance, ce qui s’est traduit par l’arrivée de l’apprentissage machine et de l’utilisation de l’imagerie fondée sur la réalité virtuelle dans le monde de l’exploration minière. Le second projet est l’événement Disrupt Mining de l’Association canadienne des prospecteurs et des entrepreneurs 2017, une compétition du type « Dans l’œil du dragon », en collaboration avec Goldcorp, où le gagnant, Cementation Canada, a remporté 650 000 $ et reçu une offre pour négocier avec Goldcorp relativement à sa technologie de levage par injection.
En mai, Integra a annoncé une prise de contrôle amicale par Eldorado pour une somme de 625 millions $, signifiant que M. Salamis se retrouvera sans emploi à la conclusion de cette transaction en juillet. Mais il a affirmé que son équipe et lui avaient établi de solides liens avec l’industrie technologique et qu’ils allaient « poursuivre leurs efforts pour faire tomber les anciennes barrières du secteur minier afin de continuer à mettre la technologie au premier plan. »
Même s’ils ne travailleront plus sous la bannière d’Integra, ils vont miser sur les centaines d’idées reçues par l’entremise des deux initiatives d’externalisation ouverte et demanderont des investissements afin que ces idées voient vraiment le jour. Et le moment est venu alors que l’industrie minière est maintenant beaucoup plus réceptive au changement, a soutenu M. Salamis.
« Il est difficile d’attirer de nouvelles ressources intellectuelles et une génération plus jeune de penseurs dans une industrie qui est considérée comme étant traditionnelle », a-t-il conclu. « En introduisant la technologie dans toutes les activités des sociétés, l’industrie minière redevient tout d’un coup sexy et branchée. »
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Mohammad Babaei, Analyste technique principal des activités numériques chez Teck Resources