Sally Goodman, géoscientifique en chef, Atlantic Gold. Photo: Jive Photographic Productions

D’après Sally Goodman, géoscientifique en chef d’Atlantic Gold, basée à Vancouver, c’est en adaptant les pratiques propres aux grandes sociétés aux ambitions des petites qu’Atlantic Gold a pu prospérer au sein d’un marché difficile à conquérir pour les petites sociétés minières.

Plutôt que de s’en remettre uniquement aux conseillers pour interpréter, par exemple, les résultats d’exploration, Atlantic Gold a préféré mettre en place une équipe de spécialistes aux compétences diverses, comprenant notamment un géologue spécialiste en sédimentologie qui comprend bien la stratigraphie régionale et un géologue pétrolier qui contribue à l’expertise géophysique. Ils travaillent de pair pour développer les réserves et les ressources minérales, tout en appréhendant mieux ce qui contrôle la minéralisation du corridor d’exploration de 45 kilomètres (km) séparant la mine d’or Moose River d’Atlantic Gold au nord-est de Halifax, en Nouvelle-Écosse, du gisement Fifteen Mile Stream parallèlement à la direction.

« Nous avons l’intention de poursuivre nos activités pendant un certain temps, aussi nous semble-t-il normal de développer une base de compétences au sein même de la société », déclarait Mme Goodman, recrutée dans les rangs de Goldcorp en juin 2018 pour diriger le programme d’exploration d’Atlantic Gold aux côtés du chef de la direction Steven Dean, ancien président de Teck Cominco, de la présidente Maryse Belanger, ancienne première vice-présidente de Goldcorp, ainsi que de 250 autres employés. « Nous avons l’expérience d’une grande société, mais l’attitude positive propre à une petite société. »

Mme Goodman supervise la collecte et la compilation des données géoscientifiques afin de guider l’exploration. Si ce rôle peut paraître routinier, il est pourtant essentiel à la réussite des petites sociétés minières. Ces dernières années, Atlantic a augmenté ses réserves de 27 % et prolongé la durée de vie de la mine Moose River de 10 ans. Ses ressources sont passées à 2,1 millions d’onces d’or, dont 607 000 onces au gisement satellite de Cochrane Hill plus loin au nord-est.

Son approche permet également de réduire le risque d’exploration régionale. En Nouvelle-Écosse, une province marécageuse et boisée où l’affleurement est limité, la découverte dépend d’un tiercé gagnant d’informations compilées en modèles 3D pour améliorer les cibles, à savoir les données historiques, les indices du « laboratoire » à ciel ouvert à Moose River, et les données géologiques, géophysiques et géochimiques reçues.

« Nous menons nos activités de forage au diamant dans tout le corridor pour obtenir les informations géologiques qui nous permettront de valider l’interprétation géophysique », expliquait Mme Goodman, spécialiste en géologie structurale d’origine britannique qui s’est installée au Canada dans les années 1980 après avoir terminé son projet postdoctoral à l’université d’Aberdeen, en Écosse. « Peu de sociétés souhaitent investir dans le sol pour n’obtenir que des données géologiques ; c’est aussi pour cela que nous sommes bien plus confiants dans notre interprétation géologique maintenant que nous avons limité notre exploration à des zones cibles spécifiques. »

Lorsqu’elle a atteint le stade de production commerciale en mars 2018, Moose River est devenue la seule mine d’or en production en Nouvelle-Écosse. Cette année, elle devrait produire entre 92 000 et 98 000 onces d’or à des coûts nécessaires au maintien de la production de moins de 566 dollars américains l’once. Le gisement se trouve dans la zone de Meguma, une séquence d’argilite et de grauwacke métamorphosée où la production d’or se concentre généralement sur des filons étroits à haute teneur. La cible d’Atlantic Gold est différente ; elle s’oriente davantage sur l’or à grain fin disséminé dans l’argilite ayant le potentiel de supporter une extraction minière de ressources à fort tonnage et à faible coefficient de recouvrement. Le potentiel est important.

L’équipe de Mme Goodman se prépare pour son programme de forage cet été qui lui permettra d’étudier plusieurs cibles, notamment le gisement 149, une zone aurifère à faible teneur de 500 mètres de long découverte durant la campagne de forage de l’année dernière visant à collecter des informations.

« C’est un concept géologique différent appliqué à une zone minière historique », déclarait Mme Goodman, qui a travaillé pendant dix ans en tant que conseillère chez SRK Consulting avant de rejoindre Goldcorp en 2013 au poste de directrice de la géologie et des ressources minérales. « Nous avons réussi à prouver que ce concept fonctionne. Nous extrayons cet or disséminé à Moose River, et obtenons un modèle que l’on peut appliquer à des zones à la géologie similaire dans toute la zone de Meguma. »

Il semblerait que le travail acharné de la société d’exploitation aurifère ait porté ses fruits. En effet, Atlantic Gold annonçait à la mi-mai qu’elle acceptait d’être rachetée par la société australienne St Barbara Ltd. pour la somme de 722 millions de dollars. La vente devrait se finaliser en juillet.