Nalaine Morin, Directrice d’ArrowBlade Consulting Services. Avec l’aimable autorisation de Nalaine Morin

L’année dernière, plus de la moitié de l’argent investi dans l’exploration minière en Colombie-Britannique a été injecté dans le nord-ouest de la province, et la plupart des activités ont eu lieu en territoire tahltan. En tant que directrice du territoire pour le gouvernement central de la nation des Tahltans, Nalaine Morin est chargée de gérer l’exploration et collabore avec les communautés et la province pour établir des attentes claires en termes d’engagement. Ces attentes s’étendent bien au-delà des frontières du territoire tahltan.

Dans le cadre de ses fonctions au gouvernement central de la nation des Tahltans et en tant que directrice d’ArrowBlade Consulting Services, une société basée à Smithers, en Colombie-Britannique, Mme Morin œuvre à encourager les relations reconnaissant le rôle des nations autochtones dans le processus décisionnel concernant les terres autochtones.

« Une part importante du travail que nous menons actuellement consiste à obtenir le permis social d’exploitation et à développer les relations sur le long terme », expliquait-elle. « Des termes tels que la confiance, la transparence et le respect sont importants pour créer ce genre de relations à long terme, et permettent aux sociétés et aux communautés autochtones de mener des débats constructifs sur les projets. »

Mme Morin a pris part à des évaluations environnementales dans tout le pays, notamment celle de la mine New Prosperity à Williams Lake qui, par deux fois, s’est vue refuser son certificat d’évaluation environnementale avant qu’il ne soit annulé. Elle a également participé à l’évaluation environnementale de la mine Red Chris ; d’après elle, le projet « avait mal commencé avec la nation des Tahltans, mais la société a fini par s’engager auprès de la nation et les deux parties sont parvenues à une entente qui satisfaisait tout le monde. La mine Red Chris est maintenant en exploitation et les sociétés collaborent avec le gouvernement tahltan pour aborder les problèmes qui affectent la nation. Leur collaboration pour mettre au point des protocoles dans le contexte du COVID-19 à la mine Red Chris en est un bon exemple ».

« C’est une chance qu’actuellement, l’exploitation minière et son paysage réglementaire évoluent de manière à prendre en considération le rôle du gouvernement autochtone ; j’ai pu réellement prendre part au débat », déclarait-elle.

Si Mme Morin a principalement travaillé avec sa nation des Tahltans dans le nord de la Colombie-Britannique (C.-B.), une nation dont le territoire couvre environ 11 % de la province et compte trois mines en exploitation ainsi qu’une large part du triangle d’or riche en minéraux, elle exerce une vaste influence et sa voix est entendue dans toute la province.

Elle fait partie du conseil d’administration de Geoscience BC et, en février 2020, a été nommée au conseil d’administration de BC Hydro. En 2018, elle a reçu l’Indigenous Trailblazer Award (le prix Trailblazer pour les Autochtones) de l’association Women in Mining Canada (WIM, les femmes dans l’industrie minière au Canada) ainsi que le prix Aurora de l’association Women in Mining B.C. (WIMBC, les femmes dans l’industrie minière en Colombie-Britannique).

« J’ai travaillé avec le ministère de l’énergie et des mines et avec le B.C. Environmental Assessment Office (le bureau d’évaluation environnementale de C.-B.) et ai apporté mes contributions sur les nouveaux changements à la législation en matière d’évaluation environnementale en Colombie-Britannique. Je suis également membre permanente du B.C. Mine Code Review Committee (le comité d’examen du code minier de la C.-B.), un code dédié à la santé, la sécurité et la réhabilitation des sites pour la province de C.-B. »

Mme Morin est également conseillère technique supérieure pour la Citxw Nlaka’pamux Assembly (l’assemblée Citxw Nlaka’pamux) à Merritt, en C.-B.

En tant que conseillère, elle est très bien placée pour faciliter les interactions entre les sociétés minières et les communautés autochtones, car elle peut leur offrir des points de vue reposant sur son propre patrimoine et sa sensibilisation culturelle ainsi que sur son éducation et son expérience professionnelle. Elle a obtenu son diplôme de génie des métaux et des matériaux à l’université de la Colombie-Britannique (UBC), et son diplôme de technologie du génie mécanique au British Columbia Institute of Technology (BCIT, l’institut de technologie de la Colombie-Britannique). Son intérêt pour le génie lui est venu alors qu’elle n’était qu’une enfant, grandissant au sein des communautés minières de Colombie-Britannique où son père travaillait comme mécanicien de chantier. Elle est également spécialiste de l’environnement agréée du Canada (SEAC), un certificat que lui a décerné le bureau canadien de reconnaissance professionnelle des spécialistes de l’environnement (BCRPSE).

Une grande partie des travaux de Mme Morin consistent à sensibiliser la population aux responsabilités qui incombent aux provinces et à sa propre communauté. Il y a 10 ans, les communautés autochtones n’étaient pas intégrées dans le processus de consultation concernant les projets dans leurs territoires ; aujourd’hui, expliquait-elle, on reconnaît réellement les gouvernements autochtones, et on comprend bien qu’ils ont une responsabilité dans ces processus. Ils mènent même des inspections conjointes des projets d’exploitation et d’exploration minières avec la province afin de s’assurer que chaque nation reste informée.

Pour les années à venir, Mme Morin prévoit de travailler sur des projets d’aménagement du territoire avec la nation des Tahltans et sur le développement d’outils visant à améliorer le processus décisionnel. Elle espère aussi continuer d’intervenir à l’UBC comme conférencière invitée en génie minier, un rôle qu’elle occupe depuis plusieurs années.

« L’aménagement du territoire est un grand projet que nous menons actuellement au sein du territoire tahltan », expliquait-elle. « Je travaille également sur des thèmes spécifiques tels que l’élaboration de stratégies d’évaluation environnementale pour des nations participant à des projets s’inscrivant dans le processus d’évaluation environnementale, afin de comprendre et de développer des outils pour l’étude d’impact spécifique aux droits et aux intérêts des Autochtones. »

Telle que le conçoit Mme Morin, son travail ne consiste pas uniquement à résoudre les tensions et les désaccords actuels, mais aussi à poser des bases pour l’avenir.

« Nous avons acquis une grande expérience grâce aux travaux que nous menons, et nous faisons preuve d’innovation au niveau des outils que nous développons. Le temps est venu de partager ces informations avec la prochaine génération de chefs de file autochtones », indiquait-elle. « Le plus important est d’être en lien avec la prochaine génération. En fin de compte, nous avons tous le même objectif. Nous voulons être de bons intendants des terres, et aspirons à un monde, un environnement et des activités sur nos terres qui soient durables pour les générations futures. »Traduit par Karen Rolland