Alors que nous étions en train de boucler ce numéro, dans lequel nous vous parlerons de la production d’éléments des terres rares, de la révision d’une loi minière visant à accélérer les développements miniers, de la rationalisation de la certification des ingénieurs et des investissements dans la mise à niveau du lithium, un rapport m’est parvenu par courrier électronique. Il présente une optique intéressante concernant ces gros titres. Ce rapport, intitulé Ranking the readiness of economies to boost critical minerals supply, m’était envoyé par BloombergNEF, un groupe de recherche où les lettres N et E signifient nouvelle énergie.

Le rapport de recherche attribuait des notes à neuf pays, à savoir l’Australie, le Brésil, le Canada, le Chili, la République démocratique du Congo (RDC), l’Indonésie, l’Afrique du Sud et les États-Unis ainsi que l’Union européenne, afin d’évaluer leur niveau de préparation relative pour augmenter les réserves de minéraux critiques tels que le cuivre, le lithium et le graphite. La notation était compilée à partir d’une évaluation de leurs réserves minérales, de leurs stratégies sur les minéraux critiques, de leur stabilité politique, de leur talent (y compris les salaires de l’industrie minière, les niveaux d’éducation et l’équité en matière de genre) et des cadres d’étude d’impact sur l’environnement.

La recherche portait sur des données publiques issues de la stratégie canadienne sur les minéraux critiques, de Statistique Canada, de la Banque mondiale, du Forum économique mondial et de la commission géologique des États-Unis. Le Canada a obtenu un score de 73. Il faisait partie des pays en tête de liste pour sa stabilité sociale et gouvernementale, sa stratégie et la crédibilité de son cadre d’évaluation environnementale.

C’est la taille relative de ses réserves de minéraux critiques qui a fait baisser ce score, tout comme le salaire des personnes travaillant dans le secteur minier par rapport à la moyenne de toutes les autres industries du pays. « Si le Canada a des réserves pour sept des neuf minéraux pris en compte, sa part de réserves globales représente moins de 5 % de l’intégralité de celles-ci », lisait-on dans le rapport. Concernant les salaires, même si elle rémunère mieux que la moyenne pour tous les secteurs à hauteur de 52 %, l’industrie minière se trouvait derrière l’Australie, l’Indonésie, le Chili et l’Union européenne.

Cette étude constatait que l’Australie est le pays le mieux préparé. Son score de 92 faisait du Canada un second candidat lointain. « Grâce à une industrie minière mûre et des efforts de recherche géoscientifique constants, l’Australie dispose d’une variété de réserves éprouvées en batteries, métaux communs et métaux ferreux. Chaque métal représente plus de 10 % du total à l’échelle mondiale, à l’exception des terres rares », poursuivait le rapport.

En complément de ce numéro, je vous encourage à analyser ce rapport. Toutes les données sont censées être définitives, aussi elles soulèvent de nombreuses hypothèses. Alors que les chercheurs appellent à davantage d’exploration pour augmenter nos réserves minérales, l’association minière du Canada (p. 16, uniquement en anglais) insiste sur l’importance de l’infrastructure pour rendre les projets miniers financièrement concurrentiels. Si le rapport classait la République démocratique du Congo en bas de la liste en termes de préparation pour augmenter la production, le projet cuprifère de Kamoa-Kakula en RDC a commencé la production en 2021 et continue de se développer.

Malgré ces argumentations, que vous pensiez que la note « C » attribuée au Canada est légitime ou que la rémunération dans le secteur des minéraux critiques aux États-Unis est un reflet fidèle de la réalité (ce n’est pas mon avis), cette évaluation de haut niveau et sa méthodologie constituent une vue d’ensemble du paysage minier international à ce moment critique pour les minéraux.

Traduit par Karen Rolland