Melanie Campbell, directrice du plan canadien pour les minéraux et les métaux à Ressources naturelles Canada. Avec l’aimable autorisation de Melanie Campbell

Lors de son annonce l’année dernière, le gouvernement fédéral a qualifié le plan canadien pour les minéraux et les métaux (PCMM) « d’étape importante dans l’histoire minière du Canada ». L’objectif de ce plan était de renforcer la compétitivité du pays et de garantir sa position en tant que chef de file.

Le PCMM est arrivé dans un contexte où les rachats par des sociétés minières australiennes inondées de liquidités, le déclin dans la part mondiale d’investissements dans l’exploration et l’ambivalence nationale quant au développement des ressources alimentaient tous une peur croissante selon laquelle le Canada perdait du terrain en tant que nation dominante à l’échelle mondiale dans le domaine de l’exploitation minière.

Melanie Campbell, qui travaille depuis 25 ans au sein de Ressources naturelles Canada (RNCAN), est l’une des architectes du plan.

« Je me suis battue pour faire partie de ce projet », déclarait-elle. « J’ai réellement pris conscience de la valeur d’entreprendre une nouvelle stratégie [sur les minéraux et les métaux] pour le Canada ; je voulais m’assurer que l’on reconnaît cette industrie [non pas uniquement] pour [sa] grande qualité et ses normes élevées, mais aussi parce qu’elle ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers. »

En 2017, des représentants officiels des gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral ont entamé une collaboration afin d’élaborer une vision exhaustive pour l’avenir de l’industrie minière canadienne. Ils ont organisé des événements en personne tels que des ateliers avec les parties prenantes et des rencontres entre experts dans tout le pays, ainsi que des activités en ligne telles que des sondages. Mme Campbell décrit cette méthode de travail comme un engagement ouvert avec des personnes et des groupes de tout le pays sur l’avenir de l’industrie.

« C’est une collaboration étroite entre les autorités du pays et les provinces et territoires [ainsi que] les communautés et les groupes autochtones », déclarait-elle. « [Cette collaboration] a vraiment rendu la participation à cette initiative passionnante et elle permettra d’en faire un projet à long terme. »

Publié en mars 2019, le PCMM présentait six orientations stratégiques pour l’industrie minière, à savoir : le développement économique et la compétitivité ; promouvoir la participation des peuples autochtones ; l’environnement ; les communautés ; le leadership mondial ; et les sciences, les technologies et l’innovation. Le plan a également identifié six champs d’action, parmi lesquels les réglementations, l’accès aux terres et l’utilisation des terres, et le traitement des minéraux (au moment de la publication du plan, la Saskatchewan et l’Ontario refusaient toutefois de l’appuyer. Ces deux provinces ont publié une déclaration stipulant qu’elles n’étaient pas convaincues que le plan offre un soutien suffisamment fort à l’industrie et ne prenait pas suffisamment de mesures pour « répondre spécifiquement aux enjeux relatifs à l’économie et à la compétitivité »).

Puis en mars dernier, RNCAN a publié la dernière phase du PCMM, le plan d’action de 2020, pour développer encore davantage l’industrie minière au Canada. Décrit comme une approche pancanadienne, le plan d’action a également identifié six orientations stratégiques, parmi lesquelles le rapprochement des entreprises et des partenaires autochtones qui permettrait aux communautés autochtones de retirer des bénéfices socio-économiques durables à long terme, une initiative environnementale qui inclut une stratégie réinventée pour les mines orphelines ou abandonnées et le renforcement de la position du Canada en tant que nation dominante dans le domaine de l’exploitation minière au niveau international.

En mai, les ministres provinciaux, territoriaux et fédéraux des mines ont confirmé avoir commencé à travailler sur la prochaine étape du processus. Elle consistait à se fonder sur le projet défini dans le plan d’action pour transformer en accomplissements (ou, du moins, en processus fermement établis) les objectifs et orientations énumérés. Le gouvernement publiera d’autres plans d’action en 2021, 2022 et tous les trois ans afin de continuer à saisir les occasions et de faire face aux circonstances à l’échelle mondiale.

Mme Campbell a rejoint RNCAN après avoir obtenu son baccalauréat ès lettres en droit et sa maîtrise en administration publique et développement durable. Elle a travaillé dans divers domaines au sein du ministère, notamment l’énergie et les services ministériels, avant de rejoindre le secteur minier de RNCAN au milieu des années 1990.

Elle a commencé en tant qu’analyste statistique et a découvert l’industrie minière, un monde totalement nouveau pour elle. Elle a ensuite accepté un poste d’analyste des politiques où elle s’intéressait spécifiquement aux évaluations environnementales et à la politique de réglementation. D’après Mme Campbell, sa formation universitaire en droit est ce qui l’a attiré vers le travail de politique publique à RNCAN.

« [Cela] m’a permis de saisir que ce que je trouve le plus intéressant est… de comprendre les répercussions des politiques sur les activités, que ce soit du point de vue [de l’industrie, de la communauté ou des Canadiens] quant à la façon dont les choses se déroulent », expliquait-elle. « Ma formation [en droit] m’a permis d’étudier les réglementations ou les activités proposées et d’analyser attentivement la façon dont elles s’appliqueraient et dont elles fonctionneraient en tant que politique réglementaire. »

Mme Campbell est d’avis que les efforts soutenus investis dans l’élaboration du PCMM permettront à l’industrie minière de s’étoffer. « Le soutien que nous recevons et l’unité collective à l’origine du plan ont été d’une aide inestimable pour avancer », déclarait-elle. « C’est en travaillant de concert que nous deviendrons plus fort à l’échelle nationale. »Traduit par Karen Rolland