Steve Amos, responsable de projet pour la RDC, Ivanhoe Mines. Avec l’aimable autorisation de Steve Amos

La construction de mines dans un pays où les épidémies et les flambées de violence sont monnaie courante demande de l’expérience, du courage et une conscience des difficultés. Ce sont trois qualités que possède Steve Amos, responsable de projet pour la République démocratique du Congo (RDC) chez Ivanhoe Mines.

Ce métallurgiste a passé toute sa carrière en Afrique ; il a commencé en tant que boursier dans l’ancienne grosse société minière sud-africaine JCI Limited, puis est devenu conseiller pour Tenke Fungurume, l’une des plus grandes mines de cuivre de la RDC, avant de rejoindre son poste actuel qui consiste à superviser l’énorme projet d’exploitation du cuivre Kamoa-Kakula et celui d’exploitation du zinc Kipushi dans la partie sud du pays.

Kamoa-Kakula est un projet de découverte en zone vierge de la société Ivanhoe Mines, exploité par Kamoa Copper SA (KCSA), une entreprise commune entre Ivanhoe Mines, Zijin Mining Group, Crystal River Global Limited et le gouvernement de la RDC. Le conglomérat public chinois CITIC, le plus grand actionnaire d’Ivanhoe, a récemment annoncé la hausse de sa participation à Ivanhoe Mines pour atteindre 29,9 %, avec un investissement de 454 millions de dollars américains.

Une récente étude de préfaisabilité pour la première phase du projet Kamoa-Kakula prévoit une exploitation de six millions de tonnes par an (Mtpa), avec un coût d’investissement estimé à 1,1 milliard de dollars américains. La construction a débuté, et la production du premier concentré est prévue pour début 2021.

Kipushi est une mine souterraine de zinc et de cuivre à haute teneur qui a été exploitée pendant 70 ans avant d’être placée en mode de soins et maintenance en 1993. D’après une étude de préfaisabilité de 2017, remettre cette mine en phase de production prendra deux ans et coûtera environ 337 millions de dollars américains.

L’expérience de M. Amos couvre un large éventail de compétences, notamment la métallurgie et le traitement des métaux communs et précieux, la recherche et le développement (R&D), le travail de laboratoire ainsi que la mise en service et la construction d’une mine. Des décennies de travail dans des régions isolées d’Afrique l’ont amené à prendre conscience des risques inhérents à cette région du monde, ce qui lui permet d’anticiper les problèmes avant même qu’ils ne se produisent.

« En RDC, quel que soit votre domaine d’activité, il faut toujours prévoir des retards ; lorsqu’on en est conscient, on trouve toujours des moyens de contourner les problèmes », déclarait-il. Alors qu’il s’entretenait tranquillement avec l’équipe du CIM Magazine de son bureau à Johannesburg, en Afrique du Sud, M. Amos apprenait que ses camions de transport d’équipement étaient bloqués dans un embouteillage de 50 kilomètres à la frontière entre la RDC et la Zambie. « J’essaie toujours d’embaucher les bonnes personnes, des personnes en qui j’ai confiance, et j’aime leur donner les responsabilités qui accompagnent leur part du projet. »

M. Amos essaie également de s’assurer de l’autosuffisance des projets. « Il faut pouvoir faire une grande partie du travail seul, et disposer de tout ce dont on a besoin sur place ; ce n’est pas comme si l’on pouvait courir chercher ce qu’il nous manque à la quincaillerie du coin. »

Les projets Kamoa-Kakula et Kipushi se trouvent tout à fait au sud, loin des régions touchées par le conflit armé et les maladies. « L’épidémie d’Ebola se trouve à des années-lumière de nous. Ce dont il faut s’inquiéter, ce sont des serpents qui circulent dans les sites. »

Une fois la production souterraine initiale à Kakula achevée, la société poursuivra l’exploitation minière de trois zones proches avec le permis d’exploitation de Kamoa. Lorsque ces ressources seront extraites, KCSA prévoit de développer des mines séparées à Kansoko, Kakula Ouest et Kamoa Nord pour maintenir un taux de production de 18 Mtpa.

Quant à ses propres responsabilités, M. Amos indiquait que s’il occupe un rôle purement orienté sur la gestion, « les complications vont aller crescendo à mesure que l’on approche de la phase de construction et que l’on commence à dépenser de grosses sommes d’argent. »