Le concours d’exploration en ligne se concentrait sur la région de Gawler, en Australie-Méridionale, où se trouve la mine d’or Prominent d’OZ Minerals. Avec l’aimable autorisation d’OZ Minerals

Les lauréats du concours Unearthed Solutions de Gawler, en Australie, ont été annoncés. Les réactions qu’il a suscitées pourraient être une leçon précieuse pour l’industrie minière au Canada et partout dans le monde.

Annoncé le 2 mars lors du congrès de la Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC, l’association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs) qui s’est tenue à Toronto, le concours de Gawler s’adressait aux spécialistes enthousiastes des sciences de la Terre et des données du monde entier déterminés à trouver des gisements miniers dans la région de Gawler, en Australie-Méridionale. Les concurrents se sont appuyés sur un ensemble de données ouvertes octroyé par le gouvernement d’Australie-Méridionale, et les résultats des finalistes ont été publiés en ligne pour une utilisation gratuite par les sociétés d’exploration travaillant dans la région.

« C’est le plus grand [concours] que nous avons organisé à ce jour. Quelque 2 200 personnes du monde entier ont participé », déclarait Justin Strharsky, directeur exécutif d’Unearthed. « En termes d’innovateurs, le taux de participation était impressionnant, et cet événement a attiré l’attention de l’industrie. Beaucoup voulaient découvrir le genre de techniques que l’on utilise et le genre de cibles que l’on découvre. »

C’est l’équipe PER-OZ, une collaboration entre Paul Pearson de Latin Global et John McLellan de GMEX, qui a remporté le premier prix de 100 000 dollars australiens. Dan van Holst Pellekaan, Premier ministre australien de l’énergie et des mines, qualifiait leurs travaux de « méthodologie unique qui pourrait aider les géologues sur le terrain à trouver une aiguille dans une botte de foin ». Caldera Analytics, le lauréat de l’Unearthed’s 2019 Explorer Challenge (le concours de l’explorateur Unearthed de 2019), arrivait en deuxième position.

Toutefois, expliquait M. Strharsky, l’impact de ce concours allait bien au-delà de l’identification de cibles de prospection minérale dans la région de Gawler. De fait, les connaissances fondamentales générées par le concours pourraient avoir une portée internationale.

« Nous nous intéressons tout particulièrement à la manière dont l’industrie en sera affectée de manière générale », indiquait-il, « ce à quoi doivent penser les sociétés minières canadiennes se familiarisant avec ce concours lorsqu’elles découvrent [les résultats] ».

La véritable valeur du concours, selon M. Strharsky, est la création de ce qu’il appelle une « communauté d’experts », un groupe de professionnels et d’enthousiastes du monde entier qui souhaitent mettre en pratique leurs connaissances pour résoudre des problèmes complexes. Dans le cas du concours de Gawler, les spécialistes en sciences des données et les géoscientifiques ont collaboré pour effectuer « l’équivalent d’une année de travail en quelques mois », en ratissant des données et en identifiant des cibles potentielles d’exploration. Pouvoir tirer profit d’une base de connaissances internationale pourrait être précieux, car cela permettrait de réduire le risque et de renforcer l’attrait des régions minières pour l’investissement.

« La contribution de tous ces participants au concours de Gawler signifie que le risque est réduit pour quiconque désire investir dans l’exploration en Australie-Méridionale », indiquait M. Strharsky. « Si l’on envisage le flux de capital et l’exploration des ressources comme un marché global, on voit alors la surenchère de l’Australie-Méridionale en termes d’attrait des investissements. C’est une question ouverte sur ce que l’on envisage de faire pour attirer les meilleurs investissements dans des projets prévus dans notre province, et ce que l’on peut faire pour que les habitants de ces provinces en bénéficient, entre autres choses. »

Suite à cette annonce, l’administration d’États fédérés a attribué 5 millions de dollars australiens supplémentaires de l’Economic and Business Growth Fund (le fonds de croissance économique et commerciale) à la commission géologique d’Australie-Méridionale pour étoffer les principaux concepts de ce concours. Mis à part l’organisation de concours pour promouvoir l’exploration dans des régions spécifiques, la participation internationale au concours de Gawler pourrait être un signe de la façon dont les sociétés traiteront l’analytique des données à l’avenir. Pour M. Strharsky, les concours reposant sur l’externalisation ouverte des données pourraient constituer une option viable pour les sociétés canadiennes en manque de talents locaux.

« [Avec] plus de 100 pays [participant] à ce concours, le groupe de personnes talentueuses qui y a pris part était véritablement international. C’est un excellent exemple des forces qui redéfinissent les risques et les perspectives offertes aux industries. Les dirigeants ou membres des conseils d’administration des sociétés minières devraient vraiment y accorder toute leur attention », ajoutait M. Strharsky. « Dans toute province minière du Canada, la question est de savoir comment embaucher suffisamment de spécialistes des sciences des données pour travailler sur les données, optimiser le concentrateur, prévoir la capacité, optimiser la planification des itinéraires des camions… lorsqu’on est confronté, au niveau local, à une si grande pénurie de spécialistes des sciences des données, en concurrence directe avec des sociétés technologiques et d’autres grandes sociétés industrielles. À l’échelle mondiale, on constate une prolifération de ces compétences car beaucoup les acquièrent sur Internet gratuitement », expliquait-il.

« On observe une dynamique de pénurie en compétences numériques au niveau local, mais une abondance au niveau mondial », poursuivait-il. « Ainsi, tout comme toute autre société d’un autre secteur confrontée au même problème, les sociétés minières qui prospéreront à l’avenir vont devoir comprendre comment faire la transition afin de tirer parti de l’abondance des compétences numériques au niveau international. »Traduit par Karen Rolland