Ryan Barry, directeur exécutif de la commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions. Avec l’aimable autorisation de Ryan Barry

Ryan Barry, directeur exécutif de la commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (CNER), est conscient que l’organisme de réglementation doit, par-dessus tout, préserver son objectivité. Lorsque des développeurs mettent en avant des investissements de milliards de dollars et que certains membres du public s’opposent avec véhémence à les voir poursuivre leurs projets, on peut facilement comprendre pourquoi.

La « défense respectueuse des intérêts », comme la caractérise M. Barry, fait toutefois partie de son travail. C’est une compétence qu’il approfondit depuis qu’il a commencé son poste en 2011 (il travaille avec la CNER depuis 2007, lorsqu’il a quitté l’Île-du-Prince-Édouard et est parti s’installer dans le nord pour un poste de conseiller technique après avoir obtenu sa maîtrise en biologie). Il doit par exemple s’assurer que les 25 membres dévoués de la commission (qui sont chargés de la sélection, de l’évaluation et du suivi des projets de développement dans le Nunavut) reçoivent un financement suffisant et bénéficient du soutien approprié.

Le rôle de la commission n’est pas toujours facile et est souvent mal compris. « L’étude d’impact consiste réellement à s’assurer que, si les projets sont amorcés, ils le sont correctement, en gérant convenablement toutes les répercussions potentielles et en optimisant les avantages envisageables », déclarait-il. « Essentiellement, il faut assurer une procédure publique transparente qui permettra de réaliser les meilleurs projets. » Les résolutions de la CNER sont envoyées au ministre fédéral des Affaires du Nord, l’autorité compétente chargée d’approuver, de rejeter ou de modifier les recommandations de la commission.

L’ampleur des évaluations peut être stupéfiante. Prenons par exemple la proposition initiale du projet Mary River de Baffinland en 2008. « Cette évaluation était la plus importante effectuée au Canada à l’époque », indiquait M. Barry. « Il s’agissait du plus gros développement dans la région de Baffin mené dans le cadre de l’accord sur les revendications territoriales du Nunavut. » La proposition comprenait la création d’une voie ferrée traversant l’île de Baffin, la mise en œuvre d’opérations brise-glace et la possibilité d’expédier des marchandises toute l’année, des projets qui étaient tous très controversés chez les Inuits. En outre, Baffinland était une nouvelle société, il s’agissait de sa première proposition de construction d’une mine, et beaucoup de personnes dans la région devaient être informées des procédures de la CNER afin de pouvoir participer. « On est toujours confrontés à ce mélange d’éducation, de participation et de communication. »

Ce mandat est rendu encore plus complexe par les enjeux liés à la logistique et l’infrastructure que présente ce vaste territoire. La CNER reçoit parfois la livraison physique d’une clé USB contenant des centaines de fichiers lourds, car leur transfert par voie électronique serait quasiment impossible avec la bande passante locale. La CNER a dû en tenir compte lors de la conception de son site Internet, de manière à ce que les Nunavummiuq (les habitants du Nunavut) puissent l’utiliser. « On essaie de réduire les graphiques, de proposer du contenu qui se charge et apparaît correctement, des bases de données interrogeables dont les résultats s’affichent rapidement en réduisant au maximum le temps de réponse. »

M. Barry aimerait beaucoup pouvoir diffuser en direct les audiences publiques de la CNER, mais cela n’est pas encore envisageable de manière fiable. « Dans le cadre de notre mandat, nous devons régulièrement communiquer avec les communautés, mais le coût d’un déplacement physique au sein du Nunavut est tellement élevé que toute amélioration apportée à ce genre de technologies nous facilite véritablement la tâche. » Il est aussi primordial d’obtenir des informations et les suggestions du public. Les retards engendrés par une météo capricieuse ou une capacité locale réduite peuvent repousser les évaluations, réduisant par là même la certitude envers la procédure et, au final, pour les développeurs.

À l’heure actuelle, avec plus de 30 projets en cours de sélection, de suivi ou d’évaluation, M. Barry et le personnel de la CNER n’ont pas le temps de s’ennuyer. « On trouve maintenant au moins une mine en exploitation dans chaque région, et les mines dont l’exploitation a été approuvée demandent encore des modifications afin de s’élargir et de moderniser leur site », indiquait-il. « Le Nunavut est devenu une véritable province minière, et nous travaillons sans relâche pour garantir à tous un développement réussi. »