Les températures glaciales sont une bénédiction pour les projets de construction dans le nord comme celui de Gahcho Kué, qui dépend des routes de glace comme corridors de transports. Avec l'aimable autorisation de Mountain Province Diamonds

Lorsqu’on lui a demandé de nous parler des défis inhérents à la construction d’une mine de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest, Patrick Evans, chef de la direction de Mountain Province Diamonds, fait remarquer froidement « c’est extrêmement froid ». Toutefois, un hiver froid pour la saison est synonyme de bonne nouvelle, à la fois pour sa société et pour De Beers. Les deux entreprises ont signé un accord de coentreprise en 2002 et sont sur la bonne voie pour la mise en service de leur mine de diamants de Gahcho Kué en 2016, grâce à l’ouverture prévue cette année de la route d’hiver reliant Tibbit à Contwoyto.

À plus de la moitié de la phase de construction de deux ans, près de 2 100 chargements de camions transportant de l’équipement et des matériaux ont été livrés au site de la mine au cours des mois de février et mars par la route de glace temporaire. Ces cargaisons représentent la saison de chargement la plus importante d’une mine sur le plan du volume.

Les chargements des derniers mois, explique M. Evans, concernaient : « la mine de diamants, la flotte de véhicules miniers, l’essence, les explosifs et bien d’autres approvisionnements. » Selon lui, en disposant de tout l’équipement nécessaire sur le site d’ici la fin du mois de mars, cela permettrait d’achever la construction d’ici la fin de l’année et de démarrer la mise en service de la mine au début de l’année 2016.

Des fonds et un climat propice

L’accès est le plus grand défi de la construction d’une mine dans le Nord canadien. Le site étant situé à 280 km au nord-est de Yellowknife, les 22 millions de litres de diesel dont Gahcho Kué aura besoin au cours des 14 prochains mois ont dû être transportés pendant les 8 semaines d’utilisation de la route de glace. Ni la flotte de camions de transport Komatsu de 240 tonnes ni les bulldozers ou les quatre génératrices Finning ne peuvent être transportés par avion sur la piste d’atterrissage de 4 500 pieds. Le projet de Gahcho Kué va représenter plus du quart des 10 500 chargements par camion prévus sur la route de glace cette année, lesquels approvisionnent les mines des Territoires du Nord-Ouest et de l’ouest du Nunavut.

Près de 280 entrepreneurs, un chiffre qui passera à 700 durant le pic des travaux de construction prévus plus tard cette année, ont poursuivi la construction de la mine malgré une complication imprévue. En effet, la Deutsche Bank, qui est à la tête du groupe de prêteurs qui devait participer aux facilités de crédit de la coentreprise, n’a pas pu garantir l’approbation du crédit de la mine pour des raisons qui, souligne M. Evans, n’ont rien à voir avec le projet. La Banque Scotia a pu intervenir à la dernière minute et début février, les sociétés ont finalement annoncé l’approbation de crédit d’une entente de financement de 370 millions de dollars américains

« Dans le meilleur des cas, le financement de projet est extrêmement complexe », fait remarquer M. Evans. « Changer de cheval en pleine course est très difficile, mais dans les circonstances, la transition s’est bien passée. »

La marge de crédit est la dernière pièce du puzzle permettant de financer la phase de construction à hauteur de 858 millions de dollars. La mise en valeur de la mine continuera d’être financée par des capitaux propres jusqu’à la fin mars, après quoi Moutain Province commencera à puiser dans la facilité de crédit pour injecter des capitaux et des fonds de roulement et passer à la production commerciale. Par ailleurs, De Beers financera sa part des dépenses à l’interne.

Particularités des diamants

Par la suite, le site produira éventuellement trois millions de tonnes de kimberlite par année au cours de la durée de vie de 12 ans de la mine, produisant ainsi environ 4,5 millions de carats par année. Pour De Beers, qui possède 51 % de la coentreprise non constituée en société, le projet pourrait éventuellement freiner le déclin de la valeur de la part de marché, en baisse depuis 20 ans. Cette nouvelle mine de diamants est le projet le plus important et le plus riche dans le monde, et le septième projet en importance sur le plan de la valeur attendue.

Bien que l’on dise qu’il est cent fois plus difficile de trouver une mine de diamants qu’une mine d’or, l’extraction des diamants devrait être plus simple. M. Evans, qui a de l’expérience dans les secteurs de l’extraction du platine, du cuivre, du nickel et de l’or, pense que le traitement du minerai sera plus facile à Gahcho Kué que tous les autres projets sur lesquels il a travaillé auparavant. Un broyeur et des concasseurs, fournis par IMS Engineering, permettront de broyer le minerai dans un cylindre de broyage à haute pression Polysius. Puis, la séparation en milieu dense permettra de séparer le concentré de diamant du minerai de diamant, avant que les rayons X et les courroies à graisse ne séparent les diamants du concentré. Les diamants seront partagés entre les deux partenaires : 49 % seront détenus par Mountain Province et 51 % par De Beers.

« Les produits chimiques, les systèmes à haute pression ou les techniques métallurgiques compliquées ne seront pas utilisés », explique M. Evans. « C’est la matière première la plus facile à exploiter ». Ceci permet de réduire les coûts de l’exploitation.

Une fois la construction de la mine achevée, la mise en exploitation emploiera environ 370 travailleurs à temps plein. Les ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) signées avec six groupes des Premières Nations dans la région permettront d’assurer essentiellement des contrats d’approvisionnement. Par exemple, le fournisseur en diesel de la mine est une entreprise autochtone. Les ERA comprennent aussi de la formation et des emplois, et des ententes socio-économiques signées avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest prévoient des objectifs d’emploi pour les résidants du nord. Bien qu’il y ait des avantages à embaucher une main-d’œuvre locale, M. Evans, qui est Sud-africain, pense qu’il faut voir les choses de façon globale. « Il n’est pas obligatoire que chaque résidant du nord travaille dans une mine, pas plus que vous et moi. Des opportunités existent et si un résidant du nord veut démarrer une carrière de mineur, il bénéficiera de possibilités de formation, d’emploi et de promotion. »

La construction de la mine de Gahcho Kué devrait être achevée en décembre, et la mise en service devrait commencer en janvier prochain. D’ici le troisième trimestre de 2016, les entreprises visent à commencer à la production, pour l’intensifier jusqu’à la production commerciale d’ici janvier 2017. Pour l’un des partenaires de la coentreprise, le travail ne fera que commencer. Une fois que la mine sera en production, De Beers commencera à l’exploiter.

En attendant, Mountain Province et De Beers se concentrent sur la construction de la mine, et donc sur le transport de l’équipement vers la mine. « Pour l’instant, il fait excessivement froid, mais c’est justement notre meilleur allié », a ajouté M. Evans.

Traduit par CNW