Éric Desaulniers, chef de la direction de Nouveau Monde Graphite, à droite, avec des travailleurs sur le site du projet Matawinie de la société. Avec l'aimable autorisation de Nouveau Monde Graphite

Une jeune minière québécoise souhaite construire la première mine à ciel ouvert entièrement électrifiée au monde sur le site de son gisement de graphite au nord de Montréal.

Nouveau Monde Graphite (NMG) prépare actuellement une étude de faisabilité pour son projet Matawinie à Saint-Michel-des-Saints, en y intégrant une conception tout électrique. La société s’attend à ce que l’étude soit achevée en septembre.

« Les aspects économiques associés à une exploitation à ciel ouvert sont moins évidents que ceux liés à une mine souterraine, où il existe un système de ventilation, a précisé le chef de la direction de NMG, Éric Desaulniers. Toutefois, nous sommes persuadés qu’une fois les travaux d’ingénierie de base complétés, l’exploitation d’une mine entièrement électrifiée s’avérera plus économique. »

M. Desaulniers a affirmé que la société espère démontrer qu’elle peut miser sur des solutions « écoénergétiques tout en respectant les échéanciers et les budgets ». NMG prévoit utiliser des véhicules électriques dans la mine et aménager une usine de traitement, également électrifiée, sur place.

L’étude de préfaisabilité, publiée en décembre, prévoyait une production au projet Matawinie de 52 000 tonnes de graphite par année en tablant sur une durée de vie de mine de 27 ans. NMG espère pouvoir entreprendre une production commerciale d’ici 2022.

L’étude de faisabilité a été confiée à Met-Chem/DRA, une société d’ingénierie montréalaise, et SNC-Lavalin, ABB, SGS Canada et Medatech Engineering prennent également part à sa réalisation.

« Conformément à l’étude de préfaisabilité, la productivité demeure inchangée, et le coût total de propriété est similaire, tant pour une mine électrifiée que pour une mine non électrifiée, a affirmé David Lyon, directeur du développement des affaires de Medatech, qui réalise des projets d’électrification pour des sociétés minières. Bien qu’il reste encore de nombreux éléments à optimiser [dans l’étude de faisabilité], à notre avis, il sera en fin de compte effectivement moins coûteux d’exploiter la mine électrifiée. »


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NMG prévoit agir à la fois comme acheteur et fournisseur sur le marché des batteries électriques. Le graphite est une composante des batteries lithium-ion qui rendent l’électrification possible. « Comme notre graphite est utilisé pour la fabrication de batteries lithium-ion, il est naturel pour nous de collaborer avec nos clients au développement de ce projet », a expliqué M. Desaulniers.

Certains facteurs font en sorte que la mine de NMG se prête mieux à l’électrification que la plupart des mines de surface. Le projet Matawinie, contrairement à d’autres, est situé directement sur le tracé du réseau électrique principal, dans une province où les tarifs d’électricité sont parmi les moins élevés du continent. Il se trouve également à moins de cinq kilomètres de la ville, alors les niveaux de bruit ont leur importance.

Le défi, selon M. Lyon, consiste à définir l’emplacement des chargeurs dans la mine et la façon d’intégrer le chargement au cycle de service sans nuire à la productivité.

NMG collabore également avec Hydro-Québec pour utiliser son graphite afin d’explorer des façons d’amener les brevets de batterie détenus par Hydro-Québec à l’étape de fabrication commerciale et fabriquer de meilleures batteries lithium-ion. Toutes les découvertes à venir seront détenues conjointement par les deux partenaires. Au milieu de mai, NMG a déclaré que si les recherches sont concluantes, la société construira une autre usine qui permettra de transformer jusqu’à 100 000 tonnes de concentré de graphite par année en matière d’anode pour batteries, et elle achètera du minerai auprès d’autres fournisseurs de graphite pour compléter sa propre production.

D’autres entreprises envisagent d’ores et déjà de suivre l’exemple de NMG. M. Lyon a affirmé que, depuis l’annonce de NMG, deux autres grandes sociétés d’exploitation de mines à ciel ouvert ont communiqué avec Medatech en vue d’obtenir de l’équipement sur une base d’essai.

« J’espère que tout le monde décidera d’opter pour le tout électrique », a dit M. Desaulniers. « C’est bon pour les affaires, c’est bon pour l’environnement et, à mon avis, c’est la voie à privilégier. »

Rédigé à l’aide des dossiers de Jordan Faries