L’industrie minière innove. Certes, pas aussi rapidement que d’autres industries, mais les améliorations ces dernières années sont évidentes. Grâce à l’innovation et l’évolution de la technologie, l’industrie minière a connu une baisse de 87 % du coût réel par tonne de minerai traité entre 1900 et 2010. Cette efficacité a permis la vaste production de métaux à des prix abordables et a donné naissance au monde moderne tel qu’on le connaît.

Toutefois, la baisse des coûts du traitement s’est accompagnée d’inconvénients. Cette économie de 87 % a engendré une hausse d’environ 800 à 1 000 % des résidus miniers fins dans les projets orientés sur la production. Une mine d’or produisant un gramme d’or par tonne (g/t) engendrera 10 fois plus de résidus qu’une mine qui produisait il y a un siècle 10 g/t pour ce même gramme d’or. Entre 2005 et 2013, les teneurs moyennes du minerai aurifère ont baissé de 29 %, passant de 1,68 à 1,20 g/t. Autrement dit, on crée aujourd’hui plus de résidus par once d’or qu’avant. Dans un contexte où l’on extrait davantage de minerais à des teneurs plus faibles, toutes les matières premières connaissent des tendances similaires.

Les connaissances scientifiques sur les digues à stériles ont également progressé. Pourtant, si nos connaissances sont plus vastes que jamais, les ruptures et les accidents ne diminuent pas. Les taux d’accidents mortels ne montrent aucun signe d’amélioration et le volume de résidus déversés lors de ruptures de digues ne fait qu’augmenter. Il est clair que nos méthodes actuelles ne fonctionnent pas. Si l’on souhaite voir des améliorations, nous devons les changer.

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Que pouvons-nous faire différemment ?

Nous pouvons adopter de nouvelles technologies de traitement qui détournent les déchets des bassins de décantation des résidus et produisent des résidus empilables. La séparation en milieu dense, le triage du minerai par capteur et la flottation de particules grossières permettent tous de produire des matériaux grossiers inertes pouvant être empilés. Chaque tonne empilée est une tonne qui n’atteint pas le bassin de décantation des résidus. Les bassins plus petits (ceux qui ne sont pas remplis au maximum de leur capacité) sont plus sûrs. Ils requièrent moins d’agrandissements et requièrent des digues moins hautes. Une simple réduction de 30 % du volume du bassin ferait une grande différence pour une installation approchant ses limites.

Nous pouvons aussi essayer d’éliminer les bassins de décantation des résidus dans les conceptions de nouveaux projets. Chaque site est différent, et si toutes les digues ne peuvent être éliminées des conceptions, beaucoup le peuvent. Imaginons la conception d’une mine à filons étroits. On applique le triage des minerais et on rejette 50 % de la masse vers une pile de résidus bruts (un objectif ambitieux, certes, mais pas inhabituel). Les piles de roches brutes ont un espace interstitiel de 30 %, qui permet aux surintendants d’usine les plus rusés de mettre en œuvre « l’évacuation mixte », en stockant les fines du concentrateur dans les résidus bruts. Les résidus fins qui représentaient alors 50 % de leur masse originelle ne représentent plus que 20 %. Avec si peu de résidus restant, on pourrait construire un petit bassin relativement stable, éventuellement pour l’élimination subaquatique des déchets miniers sulfurés. On peut aussi envisager les technologies d’empilage des résidus secs. Elles s’avèrent relativement coûteuses pour le traitement de 100 % des résidus, mais pour seulement 20 % des résidus, elles deviennent tout à coup très rentables. Les 20 % de fines restant peuvent aussi être éliminées à l’aide de l’évacuation mixte dans les stériles provenant des activités minières. Dans les deux cas, le bassin de décantation des résidus est éliminé de la conception.

Peut-on éliminer le stockage dans les bassins de décantation des résidus dans chaque conception de mine ? La réponse est non. La distribution des teneurs, les méthodes minières et l’échelle impliquent que nombre de conceptions de mine ne peuvent se passer de bassins de décantation des résidus. Mais chaque site peut s’efforcer de réduire la taille de son bassin. C’est un bon début. Chaque exploitation traitant 300 000 tonnes par jour constatera une amélioration avec les technologies de diversion pour le triage des déchets grossiers.

Ce que nous laissons aux générations futures

Aujourd’hui, nous concevons et construisons des bassins de décantation des résidus qui céderont d’ici 40 ans. Les conceptions actuelles ont beau être solides, après des décennies de changements dans la conception et un agrandissement de trop, notre digue pourrait bien être une bombe à retardement. Nous avons une responsabilité envers la société, et devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire ce risque. Si l’on peut concevoir notre mine de manière à utiliser l’évacuation mixte et l’empilage des résidus secs, il faut envisager cette solution. Si notre exploitation peut utiliser une technologie de triage du minerai pour réduire sa taille finale et la hauteur de la digue, il faut également y penser.

Brent Hilscher est vice-président en charge du traitement des minerais à ABH Engineering