La construction de la ligne de transport d'énergie du nord-ouest de 287 kilovolts, qui vient de se terminer, était indispensable à la faisabilité du développement de la mine Red Chris et sera probablement un catalyseur pour d'autres projets menés dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique | Avec l’aimable autorisation d’Imperial Metals
Avec ses mines Mount Polley et Huckleberry, Imperial Metals est un exploitant déjà bien établi en Colombie-Britannique. Toutefois, le développement du projet Red Chris dans le nord-ouest de la province représente un tremplin qui permettra à la société de passer du stade de producteur bien capitalisé de catégorie intermédiaire à un important développeur minier. Pour faire aboutir ce projet de 570 millions $ et lancer la production plus tard cette année, la société mise sur une équipe chevronnée qui sait gérer un budget restreint.
Malgré la pression auquel il est soumis pour terminer la construction de la mine dans les temps et sans dépasser le budget, Tim Fisch, directeur général du projet Red Chris, semble être calme et confiant. Neuf sociétés contractantes travaillent simultanément pour respecter une multitude d’échéances, mais malgré tout, M. Fisch parvient à prendre le temps de faire la tournée de l’exploitation. Avant que la production ne puisse commencer, il reste à apposer les touches finales à l’usine de concentration, à un laboratoire de métallurgie et à d’autres équipements importants, ainsi qu’à finaliser le raccordement de la mine de cuivre et d’or à la ligne de transport d’énergie du Nord-ouest de BC Hydro. Il devient cependant évident que l’assurance dont fait preuve M. Fisch s’explique par la profonde confiance qu’il témoigne à l’égard de l’expérience de son équipe, des membres de la direction jusqu’aux personnes qui travaillent sur le site tous les jours.
Prenons par exemple Jack Zuke, qui a momentanément interrompu sa retraite pour remettre à neuf la pelle P&H 2800XPC acquise par Imperial à la suite de la récente fermeture de la mine Kemess de Northgate Minerals. « C’est ce qu’il a fait toute sa vie : désassembler des pelles, puis les réassembler », indique M. Fisch. « Il pourrait vous dire avec exactitude l’emplacement de chaque pelle en Amérique du Nord, vous préciser le moment de sa fabrication et vous expliquer comment elle fonctionne. Jack et son équipe triée sur le volet montent cette pelle pour une fraction du coût qu’exigeraient d’autres sociétés. Cet exemple illustre bien l’expérience de notre équipe qui sait quand prendre des raccourcis et qui connaît les rouages du métier. »
« Achetée neuve, cette machine coûterait sans doute près de 26 millions $ », estime M. Zuke en parlant de la pelle à câble dont le godet, d’une capacité de 59 tonnes, permettra de transférer du porphyre cuprifère dans des tombereaux Caterpillar 793F une fois l’extraction entamée. « Lorsque nous aurons terminé, elle sera comme neuve et ne nous aura probablement pas coûté plus de 8 millions $. »
M. Zuke, qui travaille sur des pelles depuis plus de 60 ans, n’est pas le seul vétéran à la nouvelle mine. Où que l’on regarde, on constate que M. Fisch entretient des rapports simples et familiaux avec les gens qui font avancer le projet.
La fiabilité avant tout
Les premiers électrons devraient arriver sur le site à compter du mois d’août prochain, mais M. Fisch espère que l’intégralité de l’exploitation sera alimentée d’ici là, y compris le concentrateur qui consommera le plus d’énergie pour le traitement de 30 000 tonnes de minerai par jour. Ici aussi, Imperial a récupéré le broyeur semi-autogène (broyeur SAG) de la mine Kemess et l’a associé à de nouveaux mécanismes d’entraînement à fréquence variable d’ABB et à un nouveau broyeur à boulets de 24 pieds de FLSmidth, ce qui lui a permis de réaliser des économies. « J’ai hâte de voir le niveau de production que nous réussirons à atteindre avec cet équipement », reconnaît M. Fisch, qui espère tirer de ce mélange d’éléments anciens et neufs le meilleur rendement possible. « Au fil des ans, j’ai découvert que certaines pièces d’équipement usagées ont tendance à être plus fiables à long terme que les pièces neuves. »
Tim Fisch, le directeur général du projet Peter Braul
Avant d’accepter son poste pour le projet Red Chris, M. Fisch était le directeur général de la mine Mount Polley d’Imperial. Sa carrière lui a permis d’acquérir des décennies d’expérience dans la gestion d’usines de concentration au Canada et aux États-Unis. Alors qu’il effectue la tournée de l’installation, on se rend rapidement compte qu’il ne cesse jamais de l’inspecter visuellement, évaluant les progrès et comparant la réalité aux dessins techniques affichés sur le mur de son bureau.
Parmi les nouveaux éléments de l’équipement, ce sont les mécanismes d’entraînement d’ABB associés au broyeur semi-autogène et au broyeur à boulets qui suscitent le plus d’enthousiasme chez M. Fisch. « Les mécanismes d’entraînement des deux broyeurs sont identiques », indique-t-il. Les broyeurs sont dotés de deux mécanismes d’entraînement à fréquence variable de 9 000 hp ; par conséquent, le broyeur semi-autogène ne fonctionnera pas à la puissance nominale en hp figurant sur sa plaque signalétique. « Il n’atteindra probablement que 14 500 hp au maximum. Toutefois, nous avons pu limiter les coûts en capital en n’acquérant qu’un seul moteur de rechange. » Le neuf et l’ancien se côtoient de nouveau pour l’acheminement du minerai vers des cellules de flottation dans le circuit de rebroyage. En effet, le système comprend un petit broyeur à boulets provenant de la mine Mount Polley d’Imperial associé à un nouveau broyeur vertical de Metso. L’usine entière a été développée avec une certaine souplesse pour permettre un traitement variable du minerai selon sa dureté.
Géographie
Comme c’est le cas pour tous les projets d’Imperial, les produits de l’usine de concentration du projet Red Chris sont probablement destinés à des consommateurs asiatiques. Les concentrés de cuivre, d’or et d’argent seront transférés dans des bogies de trains doubles de type B sur le site de la mine et transportés sur une distance d’environ 325 km jusqu’à la ville côtière de Stewart avant de traverser le Pacifique.
En voyant la route, qui traverse une nature sauvage dont il faut voir la beauté pour le croire, on comprend mieux la raison pour laquelle Imperial a fait de l’environnement entourant la mine une priorité. Il y a deux ans, la société a embauché Jack Love pour contrôler le plan de surveillance environnementale de la mine.
Le projet Red Chris est situé sur une étendue sans arbres, le plateau Todagin. Cette région surplombant une profonde vallée et entourée de montagnes accidentées, dont le mont Todagin, est le territoire traditionnel des Tahltan. Mais mis à part les Premières Nations, très peu de gens comprennent mieux la région que M. Love. « Nous sommes nichés entre deux des plus beaux parcs de la province », affirme-t-il. « Le parc provincial sauvage de Spatsizi Plateau est situé à 15 km au nord-est, et le Todagin South Slope Park au sud. »
« Nous sommes situés dans les eaux d’amont de deux réseaux hydrographiques, ce qui rend très difficile la surveillance de la pollution de l’eau », ajoute M. Love. « Ces petits ruisseaux sont cristallins et contiennent des concentrations ultra-faibles d’impuretés. Si vous pouviez acheminer l’eau jusqu’en Californie avec une canalisation, vous seriez milliardaire. Mais l’eau est tellement claire que l’on peut discerner chaque impureté. » M. Love explique que ses objectifs pour l’effluent de la mine sont conformes aux lignes directrices relatives à la protection de la vie aquatique, qui sont généralement dix fois plus strictes que pour l’eau potable.
M. Love précise que son rôle comprend la surveillance des eaux souterraines avec un niveau de précision extraordinaire. En plus des puits situés à l’intérieur du périmètre de la mine, plus de 20 puits de surveillance des eaux souterraines ont été forés à l’extérieur de cette zone, ce qui, comme l’explique M. Love, génère une énorme quantité de données. « Si vous connaissez les modèles, vous saurez que plus les données sont nombreuses, plus votre degré de certitude et de confort à l’égard des résultats sera élevé ».
En plus de surveiller l’habitat des poissons, M. Love a installé dans la région environnante des caméras à détecteur de mouvement qui enregistrent les mouvements des animaux et qui permettront de surveiller toute réaction à l’abattage à l’explosif dans la mine.
M. Love compile ses rapports toutes les deux semaines et tient informée la Première Nation des Tahltan qui habite la région. Les Tahltan, qui étaient initialement méfiants à l’égard du projet, ont fini par changer d’avis et participent activement à son développement. En effet, une grande partie de la main-d’œuvre qui participe à la construction est issue des collectivités locales. La mine aura inévitablement des répercussions, aussi toutes les personnes touchées par sa présence ont dû concilier l’influence positive sur l’économie avec la transformation du paysage qui est en cours. Mais c’est aussi grâce à de grands projets comme Red Chris que les collectivités des Tahltan de la région affichent un très faible taux de chômage. Bien que les deux parties n’aient pas encore finalisé une entente sur les impacts et les avantages pour la durée de vie de la mine, des négociations sont en cours.
Confiance
Les Premières Nations participent maintenant au succès du projet Red Chris, tant sur le plan économique qu’environnemental, et les partenariats qui se sont formés sont de bon augure sur le long terme. En outre, la vision d’Imperial à l’égard de la mine ne se limite pas aux installations actuellement en construction. « À cette période l’an prochain, nous commencerons probablement à envisager une étude de faisabilité en vue d’une expansion », affirme M. Fisch, qui précise que la demande de certificat d’évaluation environnementale avait déjà été déposée au moment où le projet Red Chris a été racheté par Imperial dans le cadre de l’acquisition de bcMetals Corp. en 2007. « D’après l’ampleur du corps minéralisé, une usine traitant 30 000 tonnes de minerai par jour n’est pas suffisante. Il y a énormément de travail à faire. »
L'équipement de la mine Red Chris, sera une association d'éléments nouveaux et remis à neuf. Peter Braul
En effet, les ressources en cuivre à Red Chris (ressources mesurées et indiquées de 8,89 milliards de livres) sont supérieures à celles de tout autre projet d’Imperial. « Nous n’avons jamais rien vu de tel à Imperial », explique Steve Robertson, qui travaille pour la société depuis 21 ans et était chargé de l’exploration du gisement de Red Chris. Aujourd’hui, en sa qualité de vice-président chargé des affaires générales, M. Robertson indique « qu’il s’agit du type de gisement qui permet à une société de s’établir fermement. Le plan actuel pour la mine ne cible qu’une petite partie de ces ressources ». Le principal obstacle à l’expansion concernerait les roches stériles supplémentaires, qui dépasseraient la capacité des installations actuelles et exigeraient une gestion des eaux à plus grande échelle. Cependant, toutes les personnes interrogées semblaient impatientes de commencer à résoudre ces problèmes et persuadées qu’une expansion finirait par avoir lieu.
« [Red Chris] nous donne une vision différente sur tout », affirme M. Robertson. « Nous ne dépensons pas des fonds que nous n’avons pas, et il est peu probable que la situation change. À l’heure actuelle, nous devons tout simplement vivre en fonction de nos moyens, mais à très grande échelle. »
C’est sans doute la viabilité du projet à long terme qui rassure les gros investisseurs d’Imperial. Parmi eux se trouve N. Murray Edwards, le principal investisseur qui détient 36 % des actions ordinaires.
M. Robertson précise que la participation de M. Edwards a façonné le caractère de la société. En début d’année, l’Edco Capital Corporation de M. Edwards a consenti à Imperial un prêt non garanti de rang inférieur de 75 millions $ pour couvrir les dépassements de budget et les remboursements du crédit de sûreté associés à la construction des installations du projet Red Chris. Dans le cadre de cette entente, Edco a perçu des frais de 750 000 $ et s’est engagée à acheter 750 000 actions à 20 $ chacune. Les actions d’Imperial se cotaient à environ XX $ sur le marché à la mi-juillet.
« C’est grâce à lui que nous sommes toujours ici », affirme M. Robertson. « Compter un important actionnaire aussi engagé que M. Edwards nous a permis d’éviter de devenir la cible d’une acquisition lorsque les affaires marchaient bien. Mais il était également présent lorsque les choses n’allaient pas si bien. C’était un peu comme si l’on construisait un véritable empire. »
M. Fisch et son équipe se concentrent sur les travaux quotidiens liés à la construction de la mine, mais il a souvent parlé de l’engagement de la direction et des investisseurs. Il est clair que, malgré l’isolation, il ne se sent pas coupé de Vancouver. « Je préviens les candidats lors de l’entretien [pour un poste] de ne pas s’étonner s’ils reçoivent un appel du président pour une chose ou une autre », indique M. Fisch en riant. « Le siège social compte environ 35 personnes au total. Au début, la société était très petite. Contrairement à nos projets, qui se sont développés, la taille de la société n’a pas beaucoup évolué. Une excellente communication et une grande confiance se sont établies au sein de ce petit groupe. C’est la façon dont nous communiquons, tout simplement. Il ne s’agit pas d’une organisation dont la hiérarchie est strictement descendante. » M. Fisch a travaillé pour le compte de la société à trois reprises. Son mandat actuel a débuté en 2004.
« Il s’agit d’une société très familiale où bon nombre d’entre nous travaillons ensemble depuis très longtemps », ajoute M. Robertson. « Nous avons la ferme intention de bâtir une grande société minière, et je ne pense pas que beaucoup de gens à Imperial soient d’avis que la bonne façon de procéder consiste à acheter des propriétés et à les revendre rapidement ou bien à vendre Imperial à une plus grande société pour faire un gros profit. Ce n’est pas la vision que nous privilégions. »
Traduit par SDL