Le dernier agrandissement prévu à la mine d’Island Gold d’Alamos Gold, dans le nord de l’Ontario, devrait s’achever en 2026. Il permettra à la société de doubler sa production d’or. « Island Gold est en train de rapidement devenir l’un des actifs les plus intéressants du Canada », déclarait Greg Fisher, directeur des finances à Alamos Gold. « Je dirais même qu’à l’heure actuelle, il s’agit du meilleur actif non détenu par une grande société minière. »

La mine est située près de Dubreuilville, dans la ceinture de roches vertes de Michipicoten de la province du lac Supérieur, formée au cours de l’Archéen. Cette région a une riche histoire en matière de production aurifère. La mine de Magino d’Argonaut Gold et le complexe d’Eagle River de Wesdome Gold Mines se trouvent à proximité.

D’après Alamos Gold, la mine d’or d’Island Gold affiche la sixième plus haute teneur au monde. Pour l’exercice 2022, ses ressources en or mesurées et indiquées étaient de 1 276 000 tonnes et contenaient 291 000 onces d’or à une teneur de 7,09 grammes par tonne (g/t). Ses réserves prouvées et probables étaient de 4 225 000 tonnes et contenaient 1 464 000 onces d’or, à une teneur de 10,78 g/t d’or. Ses ressources minérales présumées étaient de 8 066 000 tonnes et contenaient 3 529 000 onces d’or à une teneur de 13,61 g/t.

La société explique qu’elle poursuit ses activités d’exploration pour soutenir l’agrandissement en plusieurs étapes de la mine, dont la durée de vie est actuellement de 17 ans. La production commerciale à Island Gold a commencé en octobre 2007. L’exploitation était alors une entreprise commune entre Mines Richmont et Patricia Mining Corp., avec une moyenne inférieure à 50 000 onces d’or par an. Mines Richmont a racheté Patricia Mining l’année suivante.

*Au 31 décembre 2022 Source : Alamos Gold

En mai 2017, Mines Richmont a publié une évaluation économique préliminaire (ÉÉP) pour la première étape de l’agrandissement de la mine, qui prévoyait une capacité nominale de 1 100 tonnes par jour, ou t/j (la capacité nominale était alors de 900 t/j). En novembre 2017, Alamos Gold a racheté Mines Richmont et la première étape de l’agrandissement s’est achevée en 2018.

Les réserves et les ressources d’Island Gold ont doublé pour atteindre 3,7 millions d’onces dans les deux années qui ont suivi l’acquisition de la mine par Alamos Gold. Un permis pour la deuxième étape de l’agrandissement, qui augmentait la production à 1 200 tonnes par jour, a été accordé en 2019. En juillet 2020, la société concluait une étude sur la troisième étape de l’agrandissement, qui prévoyait d’augmenter la production à 2 000 tonnes par jour. Cette étude indiquait que l’ajout d’un puits plutôt que l’extension de la descenderie permettrait d’augmenter la productivité et de réduire les coûts. L’inauguration des travaux pour la troisième étape de l’agrandissement a eu lieu en avril 2022.

L’étape 3+ de l’agrandissement

Toutefois, les réserves et ressources minérales combinées ont augmenté de 37 % pour atteindre 5,1 millions d’onces d’or après la fin de l’étude sur la troisième étape. Ainsi, en juin 2022, Alamos Gold annonçait la mise à jour de la troisième étape d’agrandissement, baptisée « étape 3+ », qui doublera la production de la mine de 1 200 tonnes par jour à 2 400 tonnes par jour. Parmi les sociétés de conseils qui ont contribué à l’étude de l’étape 3+ de l’agrandissement figuraient Hatch, Hepburn Engineering, Redpath, Airfinders, Paterson & Cooke, Golder, Halyard, Bestech et StruthersTech.

Source : Alamos Gold

« Il existe trois principaux éléments infrastructurels dans l’étape 3+ de l’agrandissement », déclarait Luc Guimond, directeur de l’exploitation à Alamos Gold, à l’équipe du CIM Magazine. « Nous installons une infrastructure de puits, agrandissons notre concentrateur et ajoutons une usine de remblai en pâte pour adapter la mine à l’augmentation des taux d’extraction. »

La principale méthode utilisée à Island Gold est l’exploitation rabattante en chambre vide par longs trous longitudinaux. Les travailleurs accèdent actuellement à l’exploitation par un système de descenderie. Toutefois, avec l’étape 3+ de l’agrandissement, le minerai et les déchets seront ramenés par benne à la surface via la nouvelle infrastructure du puits, au lieu d’être transportés par camions. De là, ils seront acheminés par camion jusqu’au concentrateur, lequel est aussi en cours d’agrandissement.

« Le remblai en pâte ne modifie pas notre méthode d’exploitation minière », expliquait Nathan Bourgeault, ingénieur en chef des mines à Island Gold. « Le séquençage changera un peu, mais le cycle de remblai en pâte nous permet de remblayer les chantiers bien plus rapidement. »

Dans le sens des aiguilles d’une montre en partant de la gauche : John McCluskey, président et directeur général d’Alamos Gold, Luc Guimond, directeur de l’exploitation, Trevor Gilchrist, directeur de projet de l’étape 3+ de l’agrandissement à Island Gold et Hank Jien, directeur adjoint de projet pour la zone du puits de l’étape 3+ de l’agrandissement à Island Gold..  Avec l’aimable autorisation de Alamos Gold

L’intensification des activités liées à l’étape 3+ de l’agrandissement commencera fin 2025, et la pleine capacité de production de 2 400 tonnes par jour est prévue pour 2026. La production moyenne augmentera à 287 000 onces par an une fois l’agrandissement terminé en 2026.

« Nous investissons considérablement dans Island Gold, et le capital-développement de 756 millions de dollars américains nous prépare sur le long terme à être un producteur à bas prix. Nos coûts nécessaires au maintien de la production devraient s’élever à 576 dollars américains l’once », expliquait M. Guimond.

M. Bourgeault ajoutait que « c’est le puits qui nous permettra d’y parvenir, car il garantit la stabilité des coûts, un accès plus efficace à la mine et des avantages au niveau des économies d’échelle pour accroître la capacité. Nous exploitons cette mine depuis plusieurs années, aussi nous sommes bien conscients de nos coûts. Une grande partie de l’amélioration dans l’ensemble de la mine est liée au meilleur rendement. Les deux plus gros éléments de notre structure de coûts sont la main-d’œuvre et l’entretien, et nous prévoyons de voir une amélioration à ce niveau-là après l’installation du puits. Il nous faut actuellement plus d’une heure pour descendre aux fronts de taille par la descenderie. Ainsi, on améliorera indéniablement notre rendement si les travailleurs arrivent au front de taille plus rapidement. Cette dépendance réduite vis-à-vis du transport alimenté au diesel nous permettra de contrôler les coûts d’entretien. »

Infrastructure modernisée

La profondeur initiale du fonçage du puits est de 1 373 mètres, et il devrait être prêt durant le premier trimestre 2026. Ce puits de cinq mètres de diamètre doublé de béton est conçu pour pouvoir s’adapter à la croissance future des réserves et des ressources d’or à la mine. « Nous creusons le puits en fonction de nos connaissances actuelles », expliquait M. Guimond. « Au vu de notre succès continu en termes d’exploration, nous pouvons creuser ce puits jusqu’à 2 000 mètres pour nous adapter à l’exploitation à des profondeurs encore supérieures. »

Le minerai et les déchets à la mine d’Island Gold seront ramenés par benne à la surface via la nouvelle infrastructure du puits, au lieu d’être transportés par camions.  Avec l’aimable autorisation de Alamos Gold

À 1 373 mètres, la capacité du puits sera de 4 500 tonnes par jour, soit plus que ce qui est requis pour la capacité maximale (minerai et déchets). À sa profondeur maximale de 2 000 mètres, le puits aura une capacité de 3 500 tonnes par jour.

Le bâtiment d’extraction a été construit en début d’année, et le chevalement en acier est en cours de construction. Le préfonçage du puits s’est terminé à une profondeur de 42 mètres. L’infrastructure du site du puits est bien avancée, et la majeure partie des travaux de terrassement sont aussi terminés. Le fonçage du puits devrait commencer au quatrième trimestre 2023. La méthode utilisée, le fonçage à l’aveugle, aura un impact minime sur les activités minières en cours. La configuration du minerai souterrain, la manutention des déchets et la zone de chargement seront semblables à celles de la mine de Young-Davidson d’Alamos Gold, dans le nord-est de l’Ontario. Le capital total de construction pour l’installation du puits, qui inclut toute l’infrastructure de soutien, devrait atteindre 229 millions de dollars américains.

La construction du bâtiment d’extraction pour la nouvelle infrastructure du puits s’est achevée en début d’année. Avec l’aimable autorisation de Alamos Gold

Alamos a envisagé la possibilité de construire un nouveau concentrateur à Island Gold afin de s’adapter à l’augmentation du taux de production à 2 400 tonnes par jour, mais le coût d’investissement élevé aurait neutralisé les faibles coûts d’exploitation. L’étape 3+ de l’agrandissement portera plutôt sur la modernisation du circuit du concentreur, notamment une usine de broyage à une seule étape, un broyeur à boulets supplémentaire, une pile de stockage couverte, une plus grande usine d’adsorption-désorption-récupération (ADR) et la conversion du circuit d’extraction de charbon en pulpe (CIP, de l’anglais carbon-in-pulp) en un circuit de lixiviation au carbone (CIL, de l’anglais carbon-in-leach), tout en ajoutant sept nouvelles cuves de lixiviation.

La majeure partie des éléments du concentrateur agrandi sont nouveaux ou réusinés. Le coût total de l’agrandissement du concentrateur s’élèvera à 76 millions de dollars américains. L’étape 3+ de l’agrandissement intègre aussi une usine de traitement des effluents de 16 millions de dollars américains. L’extension du concentrateur et l’augmentation des taux de production minière entraîneront une hausse de la consommation d’électricité. Ainsi, la ligne de transmission électrique de la mine sera mise à niveau pour atteindre une capacité limite de 34 MW.

L’usine de remblai en pâte devait initialement faire partie de la troisième étape du plan d’agrandissement, mais l’étape 3+ l’a agrandi de 20 % afin de s’adapter à la capacité supérieure.

« L’usine de remblai en pâte permettra d’accélérer les cycles de chantiers, ce qui favorisera l’augmentation des taux de production et améliorera la stabilité géotechnique », faisait remarquer M. Guimond. « Ceci signifie également que l’on peut renvoyer davantage de résidus sous terre, plutôt que de remplir nos parcs à résidus miniers en surface, prolongeant par là même leur durée de vie. »

L’investissement de capitaux total pour l’usine de remblai en pâte, y compris le système de distribution souterrain, devrait coûter environ 52 millions de dollars américains. L’étude technique est terminée à 38 %, et la construction devrait commencer durant le quatrième trimestre 2023. Le concentrateur, l’usine de remblai en pâte et la mise à niveau du système électrique devraient tous être terminés d’ici le premier trimestre 2026.

Autres améliorations

Alamos Gold est en train de transformer Island Gold en un modèle minier entièrement exploité par ses propriétaires. La mine compte aujourd’hui 516 employés d’Alamos, dont 13 % sont des membres de la Première Nation de Michipicoten ou d’autres communautés des Premières Nations.

« Nous prenons de plus en plus le contrôle de nos activités quotidiennes », déclarait Austin Hemphill, directeur général d’Island Gold. « Jusqu’à récemment, le forage de production dépendait d’un entrepreneur sous contrat, mais nous allons désormais le faire en interne. »

M. Guimond ajoutait : « Nous cherchons à progressivement éliminer les prestataires chargés du développement. Nous souhaitons gérer toutes les fonctions de nos activités souterraines avec notre propre personnel. Nous avons le sentiment que nous serons plus efficaces et plus rentables qu’en menant nos opérations avec un prestataire externe. »

La ligne de transmission électrique de la mine sera mise à niveau pour atteindre une capacité limite de 34 MW.  Avec l’aimable autorisation de Alamos Gold

Alamos Gold a publié son premier rapport sur le changement climatique en juin, qui présentait la gouvernance d’entreprise de la société en matière de risques et possibilités du changement climatique, et son alignement sur le groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GTIFCC). Le rapport réaffirmait également l’objectif de la société de réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030. D’après Alamos Gold, l’étape 3+ de l’agrandissement à Island Gold devrait réduire ses émissions de GES de 35 % au cours de la durée de vie de la mine.

Cette amélioration est en grande partie attribuable au changement d’accès à la mine, qui se fera désormais par le puits. « Ce faisant, nous allons pouvoir déplacer le minerai et les déchets dans notre plan d’activités plus efficacement », indiquait M. Guimond. « Grâce à cette nouvelle infrastructure de puits, nous allons réduire notre parc de 18 camions. Nous aurons donc besoin de bien moins de diesel, ce qui aura des répercussions positives sur nos émissions globales de GES. »

Avec moins de camions, la demande en aérage pour éliminer les particules de diesel sera également réduite. « Nous cherchons à mettre en œuvre l’aérage à la demande. En d’autres termes, dans les zones où circule l’équipement actif, l’aérage fonctionne, et lorsque aucune activité n’a lieu dans ces zones, l’aérage n’est pas activé », précisait M. Guimond.

Le système d’aérage modernisé à Island Gold est conçu comme un système d’écoulement qui réduira les temps d’immobilisation entre les changements de postes. « L’air pur entrera via l’infrastructure du puits, parcourra le réseau de chantiers souterrains et sortira par le système d’échappement à l’autre extrémité du corps minéralisé », expliquait M. Guimond. « Après les dynamitages à la fin du poste, les fumées générées par les activités d’abattage à l’explosif sont immédiatement dégagées hors de la mine par le système d’échappement. Les employés reviennent du côté alimenté en air pur, ce qui leur permet de retourner dans leur environnement de travail plus tôt qu’avec notre système d’aérage actuel. »

Par rapport à la moyenne de l’industrie, l’efficacité hydrique à Island Gold par once d’or produite est aussi élevée. « Nous recyclons l’eau utilisée dans les processus d’exploitation minière et de broyage », indiquait M. Guimond. « Nous recyclons aussi l’eau du parc à résidus miniers et la réutilisons comme eau de traitement pour faire fonctionner l’usine de traitement. »

D’autres améliorations sont prévues à la mine, notamment l’ajout de véhicules électriques, la conversion du chauffage à air en remplaçant le propane par du gaz naturel pour réduire l’empreinte carbone de la mine, et l’ajout d’un réseau de communications utilisant la technologie d’évolution à long terme (LTE, de l’anglais Long-Term Evolution) sous terre afin d’optimiser la gestion du parc.

L’avenir

En décembre 2020, Alamos Gold a racheté Trillium Mining. Cette acquisition vient ajouter plus de 5 500 hectares limitrophes et parallèlement à la direction du gisement d’Island Gold, et inclut deux mines d’or anciennement en production. En mai cette année, la société a conclu l’acquisition de Manitou Gold, ajoutant 40 000 hectares supplémentaires à sa propriété. La propriété d’Island Gold couvre actuellement 55 277 hectares dans la ceinture de roches vertes de Michipicoten.

Le forage d’exploration souterraine de la société s’étend sur 45 000 mètres. La galerie d’accès d’exploration souterraine en développement mesure 444 mètres et un forage de délimitation souterrain de 36 000 mètres est prévu à Island Gold en 2023. En juin, la société a publié de nouveaux résultats de son forage d’exploration souterraine, qui prolongeait la minéralisation aurifère à haute teneur à la mine.

« Island Gold est un actif sur le long terme », concluait M. Guimond. « L’exploration continue en profondeur à l’est et à l’ouest de la minéralisation d’Island Gold est un succès, et l’amélioration de l’infrastructure existante que nous allons mettre en place laisse présager un avenir durable pour Island Gold et les communautés environnantes de Wawa, White River et Dubreuilville. »