Située dans la ceinture aurifère de Río Narcea en Espagne, OroValle Minerals, une filiale de la société mère Orvana Minerals de Toronto, extrait de l’or, de l’argent et du cuivre. Avec l’aimable autorisation d’Orvana Minerals
La passion pour le minerai oxydé à haute teneur, associé à un cours de l’or au plus bas de l’histoire, ont incité Orvana Minerals Corp. à effectuer une remise en état radicale de sa mine d’El Valle dans le nord de l’Espagne entre 2016 et 2019. Ces changements commencent à porter leurs fruits, et le dynamisme se poursuit pour la société qui envisage de nouvelles options énergétiques et développe les découvertes de nouveaux gisements de minerais à proximité des propriétés d’origine.
Le site d’El Valle comprend les mines d’or-cuivre-argent d’El Valle-Boinás et Carlés (EVBC), une usine de traitement et une installation de stockage des résidus. Il est situé dans la ceinture aurifère de Rio Narcea qui renferme des skarns cuprifères à minéralisation d’or résultant d’intrusions ignées dans le calcaire. Depuis plusieurs années, El Valle ciblait les minéralisations incluses dans les skarns. Cependant, les conditions de marché ont changé, et il est devenu clair que la société devait réorienter son attention sur le minerai oxydé plus riche formé par la remobilisation des fluides riches en or le long de failles étant apparues ultérieurement.
« En 2016, nous avons commencé une transformation radicale de l’exploitation », déclarait Nuria Menendez, directrice générale de la mine d’El Valle et directrice des finances d’Orvana Minerals, la société mère canadienne de la filiale OroValle Minerals S.L., dont le siège se trouve à El Valle. « Lorsque la société a commencé la production en souterrain, elle s’est concentrée sur la zone de skarn. Le processus opérationnel reposait sur la production avec un mélange potentiel de 80 % de skarn et de 20 % d’oxyde. Les processus miniers, les processus de l’usine, tous les travaux auxiliaires ont été conçus pour cette approche. »
Cependant, expliquait Mme Menendez, pour assurer la prospérité de la société sur le plan économique, cette dernière savait qu’il lui fallait se concentrer sur les oxydes et qu’elle adapte les processus miniers afin que l’usine de concentration traite davantage de minerais oxydés.
Plus d’oxyde, moins de skarn
En 2009, Orvana achetait OroValle Minerals. Avant cela, en 2007, OroValle Minerals avait acheté les mines d’EVBC dans la province septentrionale des Asturies. Les anciens exploitants, Rio Narcea Gold Mines, avaient converti la mine Carlés d’une exploitation à ciel ouvert en une mine souterraine en 2003, et la mine Boinás, à 30 kilomètres au sud, en 2004. Les deux exploitations ont cependant fermé leurs portes en 2006. Entre 1997 et 2006, les mines ont produit près d’un million d’onces d’or (environ 28,35 tonnes) et plus de 20 000 tonnes de cuivre.
Il a fallu un certain temps après l’achat initial avant qu’OroValle ne soit prête à reprendre la production commerciale à la fin du premier semestre 2011. En 2020, les exploitations d’El Valle ont, ensemble, produit 51 100 onces (environ 1,45 tonne) d’or et 5,6 millions de livres (à peine plus de 2 540 tonnes) de cuivre. Actuellement, il s’agit de la seule mine d’or en production dans le pays. Pour y parvenir, OroValle a progressivement augmenté la quantité d’oxyde à haute teneur par rapport au skarn envoyé dans l’usine de concentration, et a plus que doublé la progression mensuelle souterraine entre 2016 et 2019.
Comme l’expliquait Raúl Álvarez, directeur de l’exploration et des services techniques d’Orvana, « c’est un gisement de skarn. Les corps minéralisés se forment autour d’une masse de granodiorite subcirculaire qui pénètre les calcaires et la dolomite paléozoïques ». Plusieurs structures recouvrent le skarn, qui héberge la minéralisation secondaire d’oxydes où avait eu lieu la remobilisation de l’or. Le minerai de skarn contient entre deux et trois grammes par tonne (g/t) d’or et est généralement plus dur. Le minerai oxydé contient environ quatre à six g/t d’or et est plus tendre.
Pour commencer, la société a mis fin à son contrat avec l’entrepreneur local pour l’exploitation minière souterraine des oxydes. Elle a ensuite recruté et formé une nouvelle main-d’œuvre en interne, a acheté de nouveaux équipements et a modifié certaines procédures minières, par exemple en ayant recours à des rétroexcavateurs plus petits.
« On se sert de ce processus à la mine d’El Valle-Boinás en raison de la faible dureté du minerai », indiquait Mme Menendez. « À la fin de l’exercice fiscal de 2015, nous avancions à hauteur de 250 mètres par mois grâce à l’abattage à l’explosif et au forage, et d’environ 300 mètres avec la rétroexcavation. Notre rythme de progression ces jours-ci est de 500 mètres grâce au forage et à l’abattage à l’explosif dans des roches dures, et de 750 mètres dans des roches plus tendres avec la rétroexcavation. »
Deux méthodes sont utilisées pour transporter le minerai et les déchets jusqu’à la surface. Un puits d’extraction vertical et un treuil d’extraction minière de 400 mètres de profondeur, installés en 2012 pour optimiser le transport de la zone la plus profonde de la mine, transportent le skarn en surface dans des grandes bennes (des skips) de six tonnes et permettent l’écoulement de l’air pour les chantiers souterrains. Le treuil d’extraction minière peut déplacer 700 tonnes par jour (t/j) et les tombereaux transportent quant à eux 1 400 t/j supplémentaires d’oxydes par l’intermédiaire d’une descenderie unique.
Le mélange, un élément primordial à l’usine
Le projet de modernisation dans lequel s’est lancé OroValle en 2016 comprenait la mise à niveau d’une usine de traitement construite dans le courant des années 1990, conçue à l’époque pour traiter principalement du minerai de skarn.
Aujourd’hui, l’usine comprend trois circuits de traitement, à savoir la gravimétrie, la flottation et le procédé de lixiviation au carbone (CIL, de l’anglais carbon-in-leach). Ils produisent du concentré de cuivre ainsi que de l’argent aurifère issu de la gravimétrie et de la lixiviation. Les teneurs et les récupérations de minerais varient en fonction du mélange de skarn et de minerai oxydé traité, mais l’usine peut traiter jusqu’à 2 300 tpj d’un mélange de minerai oxydé et de minerai sulfuré contenant jusqu’à 70 % d’oxyde. Cependant, l’éternelle difficulté pour les métallurgistes et les opérateurs de l’usine réside dans le choix du mélange adéquat de skarn et de minerai oxydé dur et tendre dans les réserves entreposées à l’extérieur de l’usine.
« Nous avons un triple objectif », expliquait Mme Menendez. « Tout d’abord, nous essayons d’associer le minerai pour nous assurer que la dureté des minerais sélectionnés répond aux exigences de l’usine et nous laisse une certaine flexibilité en termes de procédés mécaniques de l’usine. Parallèlement, nous essayons de garantir une teneur de tête du minerai traité cohérente et homogène tout au long du procédé afin d’optimiser leur récupération. Le troisième élément à prendre en compte est la qualité du produit final. »
OroValle transporte le concentré d’El Valle par camion vers un entrepôt dans la ville portuaire de Gijón, à 60 kilomètres au nord. D’après Mme Menendez, « le mélange se poursuit jusqu’au bout, jusqu’au transfert du concentré sur le navire. »
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En route vers l’électrique
La transformation radicale dans l’exploitation entreprise entre 2016 et 2019 a porté ses fruits pour OroValle. De fait, elle s’est traduite par un rendement stable et un flux net de trésorerie positif durant toute l’année 2020 et en 2021. Les prochaines difficultés pour l’exploitation d’El Valle concernent la pression à l’égard de l’électrification de la mine et la réévaluation nécessaire des sources d’électricité qui l’alimentent.
OroValle a opté pour les rétroexcavatrices SV100 de Yanmar et les brise-roches hydrauliques SB 552 d’Epiroc en raison de la polyvalence de leur mouvement dans toute la mine. Avec l’aimable autorisation d’Orvana Minerals
« Nous commençons les essais avec les chargeuses souterraines d’Epiroc », indiquait Mme Menendez. « Pour l’instant, la principale limitation concerne la capacité de charge des batteries. Nous devons nous assurer que les machines sont disponibles sur toute la durée du poste de travail. »
D’après Mme Menendez, les batteries constitueront l’élément critique qui permettra de prendre des décisions éclairées à l’égard de la transition vers un équipement électrique à El Valle. Son autre préoccupation concerne la transition vers l’entretien en interne et la requalification des mécaniciens d’El Valle.
« Nous avons récemment embauché des travailleurs supplémentaires et les avons formés sur l’équipement acheté ces cinq dernières années. Il faut donc envisager une série de formations pour les préparer à travailler avec les véhicules électriques », indiquait Mme Menendez. « Il est primordial de tenir compte du changement considérable des machines ces cinq ou six dernières années. Avec les machines dont nous disposons actuellement, les éléments hydrauliques et mécaniques sont au cœur de l’équipement. Avec les nouvelles technologies, ce sont le système hydraulique et le logiciel qui sont essentiels. »
Un autre élément à prendre en compte pour la mine d’El Valle est la transition énergétique plus vaste qui a lieu dans la province des Asturies. En 2016, envisageant déjà la transition future vers l’électrification de la mine, OroValle a installé une ligne électrique de huit mégawatts qui relie directement le fournisseur à la mine. OroValle dépend du type d’énergie octroyé par le fournisseur. Actuellement, cette électricité provient de sources renouvelables et non renouvelables (dont des usines à charbon).
Comme l’indiquait Patricia Alvarez, directrice des affaires juridiques à OroValle, « dans notre région actuellement, de nombreuses initiatives sont axées sur l’énergie verte. Initialement, l’énergie solaire photovoltaïque avait été envisagée, mais notre région n’est pas des plus ensoleillées. Actuellement, des entités gouvernementales envisagent l’hydrogène ». La biomasse et l’énergie éolienne font également partie des options énergétiques envisagées. Plusieurs éoliennes ont été installées dans un rayon de quelques kilomètres de la mine par l’entreprise de service public.
Alimenter le moteur économique
La dernière des mines de charbon qui dominaient l’activité industrielle dans les Asturies a fermé ses portes en 2018, faisant d’OroValle le principal employeur de la région. Aujourd’hui, OroValle emploie 480 employés directs et 120 sous-traitants. La société offre environ 2 000 emplois indirects. Il n’y a pas de camp, tous les travailleurs vivent à proximité et font la navette de et vers la mine chaque jour.
« Notre société est totalement intégrée dans la communauté », indiquait Mme Menendez. « OroValle est le moteur économique de la municipalité, cela ne fait aucun doute. »
Le dernier rapport technique de la société prévoit encore cinq années de vie pour la mine aux rythmes actuels de production depuis octobre 2020. Les indications relatives à la production pour l’exercice financier 2021 font état de 50 000 à 55 000 onces (entre 1,42 et 1,56 tonne) d’or et de 7 à 8,5 millions de livres (entre 3 175 et 3 856 tonnes) de cuivre. Les estimations des réserves et ressources minérales les plus récentes, préparées en décembre 2020, évoquaient des ressources mesurées et indiquées à une teneur en or de 3,74 g/t, une teneur en cuivre de 0,51 % et une teneur en argent de 10,38 g/t pour 955 000 onces (environ 27 tonnes) d’or, 89 641 tonnes de cuivre et 2,65 millions d’onces (environ 75,13 tonnes) d’argent sur 7,93 millions de tonnes au total. Pour l’heure, OroValle se concentre sur l’exploration afin d’élargir ses ressources dans la province des Asturies.
OroValle dispose de permis d’exploitation pour plus de 45 000 hectares, ce qui lui permettra de mener des travaux d’exploration de terres inexploitées dans les trois ceintures aurifères s’étendant du nord-ouest au sud-ouest de la province des Asturies. En 2021, la société prévoit de s’intéresser à trois cibles sur son projet d’Ortosa-Gordan, situé à trois kilomètres au nord-ouest de la mine Carlés dans la ceinture aurifère de Río Narcea, et sur le projet Lidia, situé à 20 km à l’ouest de la mine d’El Valle dans la ceinture aurifère de Navelgas.
« Ortosa-Gordan et Lidia ont un fort potentiel », déclarait Mme Menendez. « Nous sommes convaincus qu’elles apporteront une grande valeur à OroValle à l’avenir. » L’équipement d’Ortosa-Gordan sera transporté par camion à El Valle pour son traitement. Le projet Lidia, par contre, est plus éloigné et OroValle devra prendre des dispositions différentes, en fonction de la teneur.
Traduit par Karen Rolland