Cariboo était initialement envisagé comme un projet à ciel ouvert, mais la nouvelle équipe de direction a décidé d’exploiter le gisement en souterrain. Avec l’aimable autorisation de Barkerville Gold Mines

En août 2019, Barkerville Gold Mines Ltd. (BGM) annonçait les résultats positifs de son évaluation économique préliminaire (ÉÉP) indépendante pour son projet phare Cariboo Gold, dans le centre de la Colombie-Britannique (C.-B.). Cette ÉÉP suit de près la dernière estimation des ressources publiée par la société en mai 2019, laquelle indiquait des ressources aurifères souterraines mesurées et indiquées de 2,4 millions d’onces, sur la base de 13,2 millions de tonnes de minerai affichant une teneur de 5,6 grammes par tonne (g/t) d’or, qui s’étendent sur six kilomètres et au moins 300 mètres de profondeur.

Le projet affiche des ressources présumées de 1,9 million d’onces supplémentaires, sur la base de 12 millions de tonnes de minerai affichant une teneur de 5 g/t. Cette estimation de mai augmentait le volume des ressources de 50 % par rapport à la première estimation, publiée l’année précédente. Ces données n’ont pourtant rien de surprenant.

Le gisement de Cariboo Gold est la source aurifère à l’origine de la prospérité de la Colombie-Britannique. En effet, il est à l’origine de la ruée vers l’or du fleuve Fraser qui a attiré les explorateurs dans la province à la fin des années 1850, et de celle de Cariboo en 1860. C’est l’industrie de l’exploitation des placers en plein essor s’étant développée, à l’époque, autour de Barkerville dans le centre de la

C.-B. qui aurait marqué le lancement de la croissance économique de la côte ouest du Canada. Près de 160 ans plus tard, BGM s’attelle à développer une exploitation minière moderne sur ce site historique.

Au cours des dix dernières années, BGM a consolidé son enveloppe terrestre avec 2 000 kilomètres carrés (km²) sur le secteur d’exploitation aurifère de Cariboo entre les villes de Wells et de Barkerville, un site historique figurant au patrimoine national. Les sociétés d’extraction des placers ont passé la région au peigne fin ; cette dernière renferme de nombreuses mines autrefois en production, notamment la mine Aurum qui, à elle seule, produisait plus de 2 600 000 tonnes de minerai affichant une teneur moyenne de 14,75 g/t d’or entre 1933 et 1967.

Un regard nouveau

Maggie Layman, vice-présidente à l’exploration, a rejoint l’équipe de BGM en 2015 après un remaniement majeur au sein de la société qui a vu la majorité de ses équipes technique et de direction remplacées après une contestation de l’estimation des ressources publiée par la précédente équipe de direction. BGM a renoncé à cette estimation en 2015 et a mené 400 000 mètres de nouveaux forages entre 2015 et 2018 pour reconstituer à partir de rien les modèles de minéralisation. Cette estimation des ressources a été publiée en mai 2018.

« Le programme de forage de 2018 visait à mieux délimiter les ressources présumées afin de procéder à une conversion de la catégorie des ressources présumées à celle des ressources indiquées », déclarait Mme Layman. « L’estimation des ressources de mai 2019 comprenait toutes les activités de forage jusqu’à la fin de l’année 2018, et c’est la raison pour laquelle les ressources ont augmenté de 50 % dans la catégorie des ressources indiquées. »

 Le minerai sera extrait à l’aide de la méthode d’exploitation par gradins à longs trous. Avec l’aimable autorisation de Barkerville Gold Mines

En plus de ces nouveaux forages, l’équipe technique a repris l’examen diagraphique de 55 000 mètres de carottes de forage historiques et a mené des activités de cartographie et d’échantillonnage de surface afin de créer un nouveau modèle de ressources fortement limité par la lithologie, l’altération, la structure et la minéralisation.

« Ce défi était de taille », indiquait Mme Layman. « Quand nous sommes arrivés, peu de personnes avaient travaillé pour la société. Nous avons eu beaucoup de mal à comprendre la géologie et à décrypter les contrôles de la minéralisation ; il nous a fallu tout reprendre depuis le début. »

La minéralisation aurifère du projet Cariboo apparaît dans ce que l’équipe technique qualifie de « couloirs de filons », un réseau à haute densité de filons de quartz minéralisé presque verticaux se reproduisant pour créer une série et traversant la roche locale en grès métamorphosé. BGM a identifié et modélisé 249 couloirs de filons individuels d’environ 300 mètres chacun d’une extrémité à l’autre, et atteignant au moins 300 mètres de profondeur sous la surface. Chaque filon individuel présentait une épaisseur de 2 mètres à 40 mètres.

« En 2019, nous prévoyons de forer environ 80 000 mètres au total pour l’exploration et le forage intercalaire », déclarait Mme Layman. « Nous envisageons de mettre à l’essai bon nombre de nos nouvelles cibles l’année prochaine et de continuer à privilégier le forage intercalaire nécessaire pour l’étude de faisabilité. » BGM prévoit de forer sous terre une fois que les permis seront obtenus, et que la construction d’un puits d’exploration sera terminée.


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Prêts à extraire

Après l’annonce de l’ÉÉP en août, Chris Lodder, président et chef de la direction de BGM depuis 2016, expliquait que la société publiera comme prévu une étude de faisabilité en 2020.

« En fonction de la date d’obtention du permis bien évidemment, notre objectif est de pouvoir commencer la construction du projet Cariboo Gold en 2021 », expliquait M. Lodder.

Si la société a hérité de ressources exploitables dans une mine à ciel ouvert, BGM a décidé en 2016 qu’une exploitation souterraine s’avérerait plus rentable au vu de la nouvelle appréhension de la géologie par la société.

La méthode minière proposée est l’exploitation par gradins à longs trous avec un remblayage par pâte ou par ciment. Le minerai récupéré pour la nouvelle exploitation souterraine sera envoyé au concentrateur de la rivière Quesnel (concentrateur QR), que l’on atteint par une route de 110 kilomètres accessible en toutes saisons au sud du projet Cariboo Gold. Ce concentrateur a été construit par Kinross Gold dans les années 1990 et est désormais la propriété de Barkerville. M. Lodder indiquait que BGM souhaite moderniser le concentrateur. D’autres détails concernant le projet minier proposé sont disponibles dans l’ÉÉP récemment publiée.

« Nous nous efforçons d’utiliser tous nos sites affectés, qu’il s’agisse du concentrateur existant ou de la zone de résidus, ou encore des sites touchés au fil des siècles par l’exploitation minière », indiquait M. Lodder. « Nous essayons de mettre à profit ces zones dans la mesure du possible, ou de les réhabiliter. Pour un site minier ancien, Cariboo Gold est relativement propre. »

BGM prévoit de limiter son infrastructure de surface aux zones déjà affectées afin de minimiser l’empreinte de la nouvelle exploitation minière. L’assainissement est en cours dans des exploitations anciennement en activité sur la propriété, dont Bonanza Ledge, la mine Mosquito Creek et le concentrateur QR.

S’intégrer à la communauté

Actuellement, BGM emploie environ 140 personnes, dont des dizaines de travailleurs des villes voisines de Wells et Quesnel. L’équipe d’exploration est constituée d’environ 60 employés, et les autres employés travaillent sur le développement, l’assainissement, les mises à niveau ainsi que les soins et la maintenance. D’autres travailleurs seront requis pendant la période de construction ; d’après M. Lodder, « 300 personnes seront employées » une fois la mine opérationnelle.

BGM dispose d’une petite équipe à Toronto, mais le siège de la société se trouve à Wells, où BGM est active tout au long de l’année. « Nous travaillons 12 mois sur 12. Il ne s’agit pas d’un simple programme d’été », précisait Mme Layman en juillet. « Cette année, nous travaillons sans relâche du 4 janvier au 20 décembre, et avons foré 460 000 mètres à ce jour. »

Si Wells est une ville minière, M. Lodder et Mme Layman insistaient sur le fait que BGM s’efforce de préserver l’appui de la communauté. Les employés de BGM participent aux activités artistiques et de loisirs de la région ; ils parrainent Island Mountain Arts, l’organisme à l’origine du festival annuel Arts Wells. M. Lodder siège au comité du Barkerville Heritage Trust (le fonds du patrimoine de Barkerville) qui supervise le site historique de Barkerville.

Amener à la surface l’or de la Colombie-Britannique

BGM fait partie des sociétés minières en C.-B. en attente d’un permis ; elle suit les traces de Pretium Resources, dont la production commerciale a commencé dans la mine souterraine Brucejack au nord de la province en juillet 2017. New Gold s’est rapprochée de la phase de production dans le cadre de son projet d’exploitation aurifère et argentifère à ciel ouvert Blackwater lorsqu’elle a obtenu son certificat d’évaluation environnementale du gouvernement de C.-B. en juin 2019.

« C’est encourageant de voir d’autres projets obtenir les permis nécessaires, et d’autres sociétés telles que Newmont et Newcrest investir dans ces projets. Cela draine des affaires dans la province », indiquait Mme Layman, faisant référence à l’investissement de Newmont Goldcorp dans le projet Saddle North de GT Gold dans le triangle d’or en juin, et à celui de Newcrest Mining dans la mine Red Chris d’Imperial Metals en mars. Toutefois, Mme Layman précisait que chaque projet est unique.

Le minerai sera traité dans un concentrateur existant situé à 110 kilomètres du projet, à Quesnel. Avec l’aimable autorisation de Barkerville Gold Mines« Notre plus grand accomplissement concerne indéniablement l’aspect technique du projet », indiquait-elle. « L’équipe a passé deux années à cartographier, à échantillonner et à réaliser la nouvelle diagraphie des carottes historiques, ainsi qu’à comprendre les contrôles structuraux et de la minéralisation de ce projet. Nous extrayons d’excellentes ressources, sur lesquelles figurent tous nos noms. »

Traduit par Karen Rolland