L’usine de traitement est composée d’un circuit de concassage à deu étapes, d’un broyeur semi-autogène (SAG) et d’un broyeur à boulets, d’un circuit de lixiviation par cyanuration et d’une affinerie. Avec l’aimable autorisation d’Argonaut Gold

D’ici quelques mois à peine, la mine à ciel ouvert de Magino, située à environ 14 kilomètres (km) au sud-est de Dubreuilville, en Ontario, deviendra le projet d’exploitation aurifère le plus grand et le moins onéreux d’Argonaut Gold (par rapport à ses anciennes exploitations). Plus encore, ce projet pourra libérer son plein potentiel et devenir l’une des mines d’or en production les plus éminentes au Canada.

Avec des ressources mesurées et indiquées de 132 407 millions de tonnes qui contiennent 4 019 000 d’onces d’or à une teneur de 0,94 gramme par tonne (g/t), et des réserves prouvées et probables de 65 526 millions de tonnes contenant 2 427 000 millions d’onces d’or à une teneur de 1,15 g/t d’or, Argonaut était bien consciente du fort potentiel minéral du projet de Magino, compte tenu de sa longue histoire en matière d’exploration.

La mine se situe dans la ceinture de roches vertes de Michipicoten dans la province du Supérieur, formée au cours de l'Archéen, une région au passé riche et solide dans le domaine de la production d’or au Canada. La première découverte d’or enregistrée sur le site de Magino remonte à 1917. Au cours des décennies suivantes, diverses sociétés minières ont jalonné leurs concessions dans la région et sporadiquement exploré et exploité à petite échelle.

« J'ai des amis qui foraient cette propriété et des propriétés à proximité à la fin des années 1980. Mais ces choses-là prennent du temps. Le développement de Magino a été long, depuis les scénarios essentiellement axés sur le réaménagement jusqu’au lancement de la production », déclarait Richard Young, président et chef de la direction d’Argonaut depuis décembre 2022.

Argonaut a acquis le site en 2012 après avoir acheté son précédent propriétaire, la société d’exploration de Vancouver Prodigy Gold. Cet achat a eu lieu alors qu’Argonaut cherchait à transformer son portefeuille d’actifs en s’éloignant radicalement de son statut de petite société minière et de ses exploitations existantes (de petites mines mexicaines avec des durées de vie courtes) pour devenir un producteur de mines à bas coût avec des cycles de vie supérieurs au Canada et aux États-Unis.

Magino est en construction depuis 2021. L’exploitation devrait atteindre le stade de la production commerciale d’ici l’automne 2023. La durée de vie de la mine est estimée à 19 ans, avec la possibilité de la prolonger par le biais de forage d’exploration et de développement souterrain.

Si Magino se rapproche de ce tournant majeur, le parcours de deux ans vers la construction, du début jusqu’à aujourd’hui, ne s’est pas fait sans accrocs ni obstacles inattendus.

Dépassements de budget

En 2017, Argonaut a achevé une étude de faisabilité réussie qui a mené à la construction du projet. Le producteur d’or a fait appel à Ausenco, un bureau d’études techniques australien, pour construire son usine de traitement, composée d’un circuit de concassage à deux étapes, d’un broyeur semi-autogène (SAG) et d’un broyeur à boulets, d’un circuit de lixiviation par cyanuration et d’une affinerie dans le cadre d’un contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (IAC). Le concentrateur pourra traiter 10 000 tonnes de minerai par jour, avec une teneur moyenne en or de 1,15 g/t. L’objectif de la société est d’atteindre une récupération d’or de 91,8 % sur la durée de vie de la mine.

Argonaut a pris la responsabilité de construire toute autre infrastructure, y compris les entrepôts, les centres de maintenance et les centrales électriques. Elle s’est également engagée à développer toutes les infrastructures à ciel ouvert ainsi que les routes, et à œuvrer en faveur de la reconstruction des habitats naturels.


Source: Argonaut Gold

La société a également commencé à acquérir une petite flotte d’équipement minier, qui inclut des tombereaux ayant une capacité de charge de 150 tonnes, des excavatrices hydrauliques de modèles PC 1250-11 et PC 3000-11 de Komatsu ainsi que des foreuses de Sandvik, qui déplaceront environ 20 millions de tonnes de roches par an.

Toutefois, alors que les travaux de conception et de construction commençaient à réellement prendre forme, le projet a rencontré des dépenses imprévues qui ont fait enfler le budget relativement conservateur de la mine (510 millions de dollars) pour atteindre 800 millions de dollars en décembre 2021. Les coûts nécessaires pour terminer Magino ont de nouveau augmenté, et atteignaient en mai 2022 les 920 millions de dollars.

« L’étude de faisabilité sous-estimait certaines des difficultés relatives aux conditions au sol. Ceci a entraîné un retard, des travaux supplémentaires et des dépassements de budget associés au projet », indiquait M. Young.

Par exemple, deux principaux habitats de poissons et de chauves-souris devaient être déplacés puis recréés avec soin hors du site de Magino. L’étude de faisabilité ne prenait pas totalement en compte les travaux de terrassement nécessaires pour déplacer ces habitats, indiquait M. Young.

Par ailleurs, l’évaluation de faisabilité recommandait qu’Argonaut achète son électricité auprès du fournisseur local et rénove le réseau électrique de Magino. Les coûts se sont avérés être plus élevés que ce qu’avait prévu Argonaut. Les rénovations ne pourraient donc pas être finies à temps pour l’ouverture de la mine.

Magino est en construction depuis 2021. Avec l’aimable autorisation d’Argonaut Gold

Ceci a contraint la société à changer ses plans et à construire une usine au gaz naturel liquéfié (GNL). Toutefois, le GNL s’accompagne, lui aussi, de coûts élevés. Argonaut a l’espoir et l’objectif de revenir un jour au réseau électrique sur le long terme, mais « il faudra du temps », ajoutait-il.

Parallèlement, tous les aspects du projet ont été frappés d’une hausse des coûts. Qu’il s’agisse du prix des matériaux et des équipements nécessaires pour construire les bâtiments de maintenance et les entrepôts, des frais de transport et de carburant qui doublaient, ou des dépenses liées au dépistage de la COVID-19 sur le site exigés par Santé Canada pour éviter toute propagation dangereuse du virus, tout augmentait.

D’autres problèmes ont également entraîné des retards, notamment une grève provinciale des cheminots et un accident mortel qui s’est produit pendant la construction du concentrateur.

Compte tenu de ces nombreux contretemps et de l’accident tragique, il paraissait peu probable que le calendrier de construction de la mine ne soit pas perturbé. Toutefois, la société envisageait toujours d’ouvrir la mine dans les délais, précisait M. Young.

« Nous en sommes aux dernières étapes et, dans une large mesure, les travaux dont est chargée Argonaut touchent à leur fin. La construction de l’usine de GNL est encore en cours, mais nous avons un accès temporaire au réseau électrique en attendant qu’elle soit terminée. Ainsi, nous continuons d’augmenter nos effectifs pour nous préparer au démarrage de l’exploitation », indiquait-il.

Pourtant, malgré tous les enjeux et les coûts exorbitants, Argonaut considère encore Magino comme une mine à prix raisonnable.

« Le projet est situé dans une ceinture minière très prometteuse en Ontario, qui a connu une croissance importante cette dernière décennie. Nous détenons une enveloppe foncière importante le long de la zone minéralisée de déformation de Goudreau-Lochalsh, et nous espérons pouvoir faire d’autres découvertes à proximité du projet qui nous permettront de prolonger la durée de vie de la mine », indiquait M. Young.

Pour faciliter le développement et l’avancement de la mine, Argonaut a récemment embauché Marc Leduc comme nouveau directeur de l’exploitation. M. Leduc était un membre précieux de l’équipe à la mine de Pierina de Barrick Gold au Pérou, et dans le projet de lixiviation en tas de Castle Mountain de NewCastle Gold, en Californie. Il a de l’expérience dans l’exploration, la conception, l’obtention de permis, la construction, la mise en service et l’exploitation des mines d’or dans le monde entier.

Appuyer les mesures ESG

Durant la construction, Argonaut a embauché jusqu’à 900 personnes. Une fois en service, la mine créera 350 emplois directs ainsi que des emplois contractuels supplémentaires.

Alors que le projet passe de la phase de construction à la mise en service et à l’exploitation, M. Young indiquait que la société s’apprête à collaborer avec ses parties prenantes sur la création de modèles environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

« Nous adoptons une approche ascendante, qui détermine la façon dont nous exploitons et travaillons dans cette communauté, dont nous collaborons avec les diverses parties prenantes pour les aider à remplir leurs principaux objectifs sur le long terme », indiquait M. Young. « Avec une mine dont la durée de vie est de 19 ans et plus, nous avons la chance de vraiment collaborer avec nos communautés et nos parties prenantes afin de leur permettre d’évoluer et d’accomplir ce qu’ils recherchent dans leurs collectivités. »

L’usine de traitement de l’or CIP (charbon en pulpe). Avec l’aimable autorisation d’Argonaut Gold

Dans son précédent poste de président et chef de la direction de Teranga Gold (une société minière canadienne avec des exploitations dans la ceinture de roches vertes birimienne d’Afrique de l’Ouest, qui a été rachetée par Endeavour Mining en 2021), M. Young expliquait que ses travaux portaient énormément sur les mesures ESG dans cette région. Aujourd’hui, à Magino, il souhaite partager ses connaissances et s’engage à en faire plus dans ce domaine pour le projet.

« J’aimerais créer… une certaine fierté, auprès de nos parties prenantes et des sociétés avec lesquelles nous travaillons, tout comme avec nos employés. J’aimerais qu’ils soient fiers de notre société, de ce que nous sommes et des actions que nous menons. »

L’une des manières d’y parvenir pour Argonaut est de donner la possibilité à des travailleurs d’autres secteurs, par exemple des bûcherons ou des travailleurs spécialisés, de se former, de se reconvertir à un nouveau métier et de leur enseigner d’autres compétences qui leur permettraient de travailler dans le secteur minier.

« Il faut embaucher des personnes des collectivités locales, leur offrir la formation et l’expertise nécessaires pour qu’ils bénéficient d’un emploi bien rémunéré non seulement pendant nos années d’exploitation, mais également pour que ces compétences soient transférables à d’autres industries ou d’autres mines situées dans la région », indiquait M. Young.

Argonaut s’engage aussi à embaucher et à collaborer avec ses six partenaires autochtones à Magino, qui comptent notamment la Première Nation crie de Missanabie, ainsi que les Premières Nations de Michipicoten, de Batchewana et de Garden River, les Métis d’Ontario et la nation indépendante Métis de Red Sky. Argonaut organise des réunions mensuelles avec les Premières Nations pour les informer de l’avancement du projet de Magino, et pour discuter de toute conséquence possible sur l’environnement.

Perspectives de croissance

« Aujourd’hui, les ressources mesurées et indiquées de Magino équivalent à environ 4 millions d’onces, auxquelles s’ajoute un demi-million d’onces de ressources présumées. Ces ressources permettent d’obtenir environ 2,5 millions d’onces en réserves prouvées et probables », indiquait M. Young. « Nous pensons pouvoir augmenter ces chiffres. Les perspectives de croissance sous terre sont considérables. »

Argonaut se tourne vers sa voisine à l’est, la société aurifère canadienne Alamos Gold, et ses accomplissements à Island Gold, une mine souterraine en pleine expansion.

D’après M. Young, Argonaut peut atteindre le niveau de succès d’Alamos. La société explore déjà de nouvelles perspectives dans la région pour développer des ressources et des réserves à ciel ouvert et souterraines.

Toutefois, ces perspectives s’accompagnent de défis, par exemple la capacité à contrôler la teneur de l’or dans les ceintures de roches vertes.

« Compte tenu de la nature de la minéralisation avec ces filons à haute teneur, nous devons disposer de modèles géologiques solides pouvant être intégrés aux modèles de ressources et aux plans de mines, ainsi que de procédures fiables du côté du contrôle des teneurs, afin de pouvoir optimiser la valeur du gisement », indiquait M. Young.

En outre, la société prévoit d’augmenter la capacité de traitement de la mine en procédant à l’avenir à l’optimisation du concentrateur.

« Magino est, selon nous, un actif de première classe. Elle a le potentiel de devenir l’un des 10 plus grands producteurs d’or au Canada », indiquait M. Young. « C’est un producteur à bas prix, et le cours de l’or affiche une tendance haussière. Ce projet devrait donc générer un flux net de trésorerie important. D’ici la fin de la décennie, le projet constituera réellement le fondement de notre société à mesure qu’il progresse. »

Traduit par Karen Rolland