La remise en état de l’ancienne installation de gestion des résidus d’Olympias a été une entreprise difficile en plusieurs phases. Avec l’aimable autorisation d’Eldorado Gold

En 2012, la société Eldorado Gold basée à Vancouver a élargi ses activités à l’une des zones minérales les plus riches d’Europe, une région dont l’histoire minière s’étend sur plus de 2 500 ans. Elle a racheté Hellas Gold et son complexe minier de Kassandra dans la région de Chalcidique, dans le nord de la Grèce, dans le cadre d’une fusion-absorption avec la société European Goldfields. Ses principaux actifs comprennent le projet de mine de cuivre et d’or de Skouries et la mine d’or, d’argent, de plomb et de zinc d’Olympias.

En plus de la mine d’Olympias, qui était en production entre 1976 et 1995, Eldorado a hérité de l’ancien site de résidus de la mine. Couvrant une superficie de 300 000 mètres carrés, l’ancienne installation de gestion des résidus (IGR) contenait 2,4 millions de tonnes de résidus affichant de métaux lourds sous la forme de composés sulfurés à potentiel de lixiviation. Sous les déchets reposent 1,6 million de tonnes de terres contaminées. Le site posait de graves problèmes environnementaux, notamment un drainage minier acide possible, une contamination du sol par les métaux ayant un impact sur les écosystèmes et les eaux souterraines, ainsi qu’une pollution aérienne par la poussière.

Presque immédiatement après l’acquisition, la filiale d’Eldorado, Hellas Gold, commençait ses efforts d’assainissement à l’ancienne IGR d’Olympias. Aujourd’hui, après des années de réhabilitation méticuleuse et complexe, le projet touche à sa fin.

Restaurer le passé pour préserver l’avenir

« Pour Eldorado et Hellas, l’assainissement des anciennes zones de résidus permet de présenter les progrès réalisés dans les pratiques minières par rapport aux pratiques d’autrefois, tout en éliminant simultanément les risques environnementaux qu’elles posent, surtout dans le cas de phénomènes météorologiques extrêmes », déclarait Nora Lozano, vice-présidente chargée de la santé, de la sécurité et du développement durable chez Eldorado Gold. « Cette initiative a toujours été plus qu’un projet environnemental. C’était une opportunité de nous montrer à la hauteur de nos principes. »

Contrairement aux pratiques plus anciennes, qui n’intégraient pas la gestion des résidus sur le long terme, Eldorado intègre la planification de la remise en état dans chaque phase du développement minier, de l’exploration à la fermeture de la mine. Pour les projets miniers en activité, Eldorado et sa filiale ont recours à l’assainissement en parallèle, ce qui leur permet de réhabiliter des terres perturbées par leurs activités minières dès que possible, plutôt que d’attendre la fermeture de la mine.

Le site de l’ancienne installation de gestion des résidus d’Olympias avant que la société Hellas Gold, filiale d’Eldorado Gold, n’entame son projet de remise en état. Avec l’aimable autorisation d’EldoradoGold 

Le site tel qu’il se présente aujourd’hui, à moins d’un an de l’achèvement du projet.. Avec l’aimable autorisation d’EldoradoGold

Cette approche était évidente dans le développement par Eldorado de l’ancienne IGR d’Olympias. La société a commencé à restaurer l’ancien site de résidus tout en modernisant simultanément la mine d’or souterraine d’Olympias avec une technologie de pointe, qui inclut aujourd’hui un réseau 4G/LTE, l’abattage à l’explosif à distance, une infrastructure d’aérage à la demande et une usine de remblai où sont traités la plupart des résidus pour produire une pâte utilisée pour remblayer les zones qui ne sont plus productives. La production commerciale à la mine d’Olympias a repris en 2017.

Les déchets restant sont envoyés vers une nouvelle installation de gestion des résidus à Kokkinolakkas, qu’Eldorado a construite pour la mine d’Olympias. L’IGR de Kokkinolakkas utilise une technologie de résidus filtrés, une méthode qui draine et compacte les déchets, réduisant ainsi considérablement les risques environnementaux et renforçant la stabilité par rapport au stockage traditionnel de résidus. L’installation intègre également un système avancé de revêtement composite pour éviter la contamination des sous-couches du sol, ainsi qu’un système de collecte et de traitement des eaux d'infiltration pour garantir une protection totale de l’environnement.

La remise en état de la mine d’Olympias et la construction de l’IGR de Kokkinolakkas se sont achevées en 2017. Toutefois, la réhabilitation de l’ancienne IGR s’est avérée être une entreprise considérable et complexe à plusieurs étapes, qui aura requis plusieurs années supplémentaires pour l’achever.

Enjeux complexes

La première étape dans le projet de réhabilitation d’Hellas Gold de l’ancienne IGR d’Olympias, qui a bénéficié d’un investissement de capitaux de 100 millions d’euros (environ 150 millions de dollars), consistait à étudier les résidus et à évaluer les conditions du site. En plus des risques géochimiques, l’ancienne IGR présentait des enjeux physiques. La digue périmétrique construite en 1976 à l’aide des résidus contenant des métaux lourds constitue à la fois une relique des pratiques d’antan et un risque aujourd’hui.

Sous la surface, l’absence de revêtement de base a laissé libre cours à la migration de contaminants provenant des résidus vers les couches de galets, créant des voies de pollution souterraine. Hellas Gold a installé un système moderne de surveillance des eaux souterraines, qui a révélé des niveaux d’arsenic bien supérieurs au seuil de sécurité autorisé par l’Union européenne (UE) pour les eaux souterraines et l’eau potable, le fruit des pratiques antérieures des anciens propriétaires du site.

En surface, des essais dans le sol ont confirmé que le matériau à grains fins de qualité médiocre du site (de 0,02 millimètres de diamètre en moyenne) se transformait en poussière pendant les étés très secs de la région, répandant les particules saturées d’arsenic dans un large périmètre. Ceci a entraîné des préoccupations environnementales et de santé publique.

La société a déterminé qu’un déclassement progressif était nécessaire pour éviter les effondrements de talus pendant l’enlèvement de déblais. En outre, chaque décision du plan de remise en état d’Hellas Gold, qu’elle concerne les profondeurs d’excavation ou les stratégies de confinement, a dû se conformer à des normes environnementales strictes définies par le ministère grec de l’Environnement et de l’Énergie ainsi que de l’UE.

Transporter et traiter les résidus

Lorsqu’il a été question de retirer les anciens résidus, Hellas Gold a adopté une approche de lutte contre le gaspillage.

« Lorsque l’ancienne mine d’Olympias était en service, les techniques avancées que nous utilisons aujourd’hui pour atteindre des taux élevés de récupération pendant le traitement du minerai n’existaient pas », déclarait Emmy Gazea, responsable de l’environnement à Hellas Gold, qui a travaillé sur le projet de réhabilitation et d’assainissement d’Olympias.

« Ainsi, des métaux résiduels ont été laissés dans les résidus, surtout de l’or. »

Entre 2016 et 2020, Hellas Gold a commencé à retirer les anciens résidus et à les transporter vers son usine de flottation moderne à la mine d’Olympias. Elle retraitait 2 400 tonnes de résidus par jour pour récupérer du concentré de pyrite contenant de l’or laissé par les anciennes activités minières.

Au total, Hellas Gold a récupéré dans les anciens résidus 340 tonnes d’arsénopyrite et de concentré de pyrite contenant de l’or commercialisables, affichant 20 grammes d’or par tonne. Les résidus ainsi produits étaient ensuite envoyés à l’IGR de Kokkinolakkas pour l’empilement à sec.

À l’aide des 49 trous forés à une profondeur de 261 mètres et d’un logiciel de cartographie et modélisation avancée en 3D, l’équipe a cartographié les zones sensibles contenant de l’arsenic dans le sol sous les résidus, permettant de guider les excavateurs pour l’élimination de 1,15 million de mètres cubes de terre à des profondeurs minutieusement calculées. Le sol contaminé a aussi été transporté vers l’IGR de Kokkinolakkas pour l’élimination finale.

Grâce au retrait et à l’élimination en toute sécurité des matériaux contaminés, les dernières étapes du projet ont préparé le terrain pour une restauration écologique totale de l’ancienne IGR d’Olympias.

Renaissance écologique

Outre l’enlèvement des anciens résidus et du sol contaminé, la société réhabilite progressivement le site de l’ancienne IGR. « Avant de pouvoir revégétaliser la terre pour la remettre en état, le sol doit être assaini », expliquait Mme Gazea. « Nous avons cherché les meilleures options et mené diverses études pilotes. Notre approche à plusieurs volets avait pour objectif de lui rendre son état naturel. »

Pour améliorer la teneur en nutriments du sol, la société a fait équipe avec la municipalité locale pour réutiliser ses déchets compostables en mélangeant du compost broyé, des déchets verts et des déchets de coupe comme adjuvants dans le sol.

La pépinière grecque est l’une des plus grandes pépinières d’Europe. Elle cultive 1 000 000 de plantes indigènes par an. Avec l’aimable autorisation d’Eldorado Gold

« L’une des premières mesures que nous avons prises pour réhabiliter la propriété des mines de Kassandra était de construire notre propre pépinière », indiquait Mme Gazea. « Plutôt que de compter uniquement sur les semences, nous avons décidé de faire pousser nos propres plantes après avoir récolté des graines de la région. »

Ce n’est pas une pépinière ordinaire. La « pépinière grecque », comme elle a été baptisée, est la plus grande de tout le pays. Elle est conçue pour contribuer à l’assainissement de la mine en cultivant des plants endémiques qui revégétalisent et stabilisent les sols.

Dans cette pépinière, qui occupe 15 hectares, sont cultivées aujourd’hui un million de plantes indigènes chaque année, représentatives de 250 espèces différentes. Toutes les plantes sont cultivées à partir de graines et de boutures locales afin d’assurer la meilleure adaptation possible au climat de la région et aux conditions du sol.

« L’utilisation de plantes endémiques est essentielle », indiquait Mme Gazea. « Elles sont résilientes et contribuent à la reconstitution de l’écosystème naturellement. »

La pépinière fonctionne de manière durable en réutilisant l’eau d’exhaure excédentaire de la mine pour l’irrigation, réduisant ainsi la dépendance envers des ressources externes. En réintroduisant des plantes endémiques, Hellas Gold a non seulement restabilisé les sols, mais également ravivé la biodiversité des terres.

« Il s’agit non seulement d’assainir la terre, mais aussi de recréer un système vivant », ajoutait-elle.

Retour vers la nature

Hellas Gold a installé des stations de surveillance pour la période suivant l’assainissement à l’ancienne IGR d’Olympias afin de suivre la qualité de l’eau, la stabilité des sols et la croissance de la végétation, qui sont contrôlés chaque mois.

« L’enlèvement d’anciens résidus et du sol contaminé, associé à la réhabilitation ciblée des sols et l’introduction d’espèces végétales indigènes, a permis de stabiliser le site et de réduire les risques environnementaux », indiquait Mme Gazea.

Désormais dans sa phase finale, le projet s’achèvera d’ici l’année prochaine, lorsque le site de résidus vieux de plusieurs décennies sera entièrement transformé en un habitat naturel et un parc écologique, un écosystème vert et abritant une biodiversité qui se marie harmonieusement avec son environnement.

Pour Eldorado Gold et Hellas Gold, le projet constitue un modèle en matière de pratiques minières durables, qui montre que la restauration de l’environnement et l’engagement de la communauté peuvent coexister avec l’exploitation minière.

« La remise en état du site d’Olympias sera un modèle de pratiques minières durables », indiquait Mme Lozano. « Cette initiative montre que les exploitations industrielles et la bonne intendance de l’environnement ne sont pas incompatibles, et peuvent offrir des avantages économiques à la communauté locale, notamment la création d’emplois. »

Cette terre de plus de vingt-cinq siècles d’histoire minière vit aujourd’hui la transformation des méthodes du XXe siècle vers une nouvelle ère d’exploitation minière durable, qui accorde la priorité à la responsabilité environnementale.

Traduit par Karen Rolland