Le 12 août 2021, Hudbay Minerals annonçait que son concentrateur récemment rénové de New Britannia, dans la région de Snow Lake (Manitoba), avait commencé à produire de l’or à sa mine de Lalor, quatre mois avant le calendrier initial. Pour la société, cette étape marquait l’aboutissement d’une planification méticuleuse sur le long terme (et de ses réflexes rapides et opportuns) visant à repositionner Lalor en tant que mine d’or, et non plus comme une mine produisant principalement du zinc et du cuivre. Grâce à son concentrateur rénové qui est doté de l’un des tout premiers circuits de flottation au Canada entièrement composés de cellules de flottation Jameson pour le traitement des métaux communs, à la capacité de multiplier par deux, voire plus, la production d’or de Lalor pour atteindre 180 000 onces (l’équivalent de 5 tonnes) par an, et à la découverte d’un certain nombre de zones aurifères au sein et aux alentours de Lalor, l’avenir de Hudbay dans le Manitoba s’annonce désormais brillant.

Lalor

Les premiers travaux de remise à neuf de l’usine de traitement de New Britannia de Hudbay remontent à 2008. La société menait ses activités minières dans la région depuis 1927 et avait acquis un certain nombre d’anciennes mines et usines de traitement. À l’époque, elle travaillait sur sa mine phare 777 ainsi que sur un concentrateur et une usine de zinc à Flin Flon, dans le Manitoba. Hudbay espérait également construire une nouvelle mine à son gisement de sulfures massifs volcanogènes de Lalor, dans la région de Snow Lake. Cette année, l’équipe d’exploration de la société a découvert une zone aurifère dans le gisement. Cette découverte, expliquait un porte-parole de Hudbay à l’époque, augmentait la probabilité que Lalor devienne sa prochaine mine dans la ceinture.

Cette probabilité est devenue une réalité en 2014, lorsque la mine récemment construite de Lalor a commencé à envoyer du minerai de zinc, de cuivre et d’or au concentrateur rénové de Stall, à 16 kilomètres de Lalor, ainsi qu’une plus petite quantité à son usine de Flin Flon. À la fin de l’année 2020, la mine avait produit 8,8 millions de tonnes de minerai. Toutefois, avec leur circuit traditionnel pour les métaux communs, Stall et Flin Flon ne pouvaient récupérer que 55 % d’or en moyenne du minerai de Lalor. Il semblerait que l’optimisation de l’extraction des minerais de cuivre et d’or de la mine ne soit pas si simple.

« Il y a différentes lentilles minéralisées à Lalor et toutes sont différentes en termes de minéralogie », déclarait Peter Amelunxen, vice-président des services techniques à Hudbay. « C’est un défi intéressant du point de vue de la minéralurgie. Les lentilles de métaux communs, qui sont essentiellement composées de cuivre et de zinc, contiennent également de l’or. On trouve ensuite les lentilles des zones aurifères, qui ne contiennent généralement pas beaucoup de zinc. Elles ne requièrent pas de grand circuit, mais leur [contenu] en or étant plus élevé, on ne préfère pas les envoyer à Stall, où l’on récupère seulement 55 % de l’or. On préfère procéder à leur lixiviation et en retirer plus de 90 %. »

Pour ce faire, il faudrait broyer tout le minerai à environ 80 microns. « La taille de broyage nécessaire pour libérer l’or est dictée par sa minéralogie », expliquait M. Amelunxen. « C’est dire à quel point nous devons broyer finement le minerai pour libérer l’or. Mais à Stall et Flin Flon, nous le broyons plus grossièrement car les facteurs économiques de ces deux usines de traitement sont principalement déterminés par le cuivre. »

New Britannia a été placée en mode de soins et maintenance par l’ancien propriétaire en 2005. Avec l’aimable autorisation de Hudbay Minerals

En 2015, une possibilité de résoudre le problème s’est présentée. QMX Gold, le propriétaire à court d’argent de la mine d’or et du concentrateur de New Britannia à Snow Lake (une ancienne exploitation qui était en mode de soins et de maintenance depuis 2005) était à deux doigts de faire faillite. Hudbay a sauté sur l’occasion. « L’or ne se portait pas bien, et les affaires avaient du mal à démarrer, aussi nous avons pris la relève », indiquait Cashel Meagher, premier vice-président et directeur de l’exploitation à Hudbay. Hudbay a racheté la propriété pour la somme de 12,3 millions de dollars et a commencé à explorer les meilleures manières d’utiliser le nouveau concentrateur.

« On voulait déterminer si l’on pouvait augmenter la production à la mine de Lalor et traiter l’or séparément, de manière à avoir une récupération plus élevée que celle que l’on atteint généralement dans notre concentrateur de Stall pour les métaux communs », indiquait M. Meagher. « C’est ce qui a poussé Hudbay à vraiment se pencher sur l’or en tant qu’entité distincte. La valeur du cuivre-or est énorme. »

Hudbay a mis au point un plan pour optimiser ses opérations pour deux courants de minerai, l’une pour le minerai de cuivre et les minerais aurifères à haute teneur, et l’autre pour un courant classique de minerais de zinc.

New Britannia, qui a produit 1,6 million d’onces d’or (l’équivalent de 45 tonnes) avant d’être placée en mode de soins et de maintenance par son précédent propriétaire, représentait la solution naturelle pour traiter les minerais de cuivre et d’or à haute teneur. Cependant, l’acquisition de la propriété n’a pas suffi à résoudre les difficultés liées à l’optimisation de la récupération de l’or à Lalor.

« L’ancienne mine de New Britannia n’avait pas de cuivre dans les lentilles minéralisées qui étaient exploitées. On y trouvait essentiellement de l’or », indiquait M. Amelunxen. « Nous devions faire quelque chose pour le cuivre. »

La rénovation de New Britannia

En 2019, la société annonçait son projet d’investir environ 125 millions de dollars dans la rénovation de New Britannia, et d’ajouter un circuit de flottation totalement innovant pour extraire le cuivre du minerai en premier lieu. Les résidus pauvres dépourvus de leur cuivre seraient ensuite envoyés dans un circuit traditionnel de lixiviation de l’or.

En choisissant la technologie à utiliser avec son nouveau circuit, Hudbay visait trois choses : l’efficacité, de manière à minimiser ses coûts de production ; une empreinte environnementale aussi faible que possible afin de respecter ses objectifs dans ce domaine ; et un système qui permettait de traiter de manière rentable les fines de 80 microns pour la lixiviation de l’or en aval. La technologie de flottation qui respectait ces critères était la cellule Jameson, inventée il y a plus de 30 ans comme alternative à la technologie traditionnelle de flottation par mousse. Au lieu d’utiliser un agitateur mécanique qui crée des bulles et mélange les boues, la cellule Jameson aspire la boue par une ouverture restreinte. Ceci engendre une chute de la pression qui aspire l’air de l’atmosphère pour le mélanger avec la boue et produit des bulles fines qui se mélangeront avec les particules, notamment des particules très fines, en vue de produire un taux de récupération élevé et régulier. Le taux de récupération élevé des cellules Jameson réduit les besoins en cellules pour un circuit de flottation. Dans le même temps, il réduit les coûts totaux d’investissements et opérationnels du circuit ainsi que l’empreinte du circuit. La technologie est déjà utilisée en Australie et dans d’autres pays et les résultats sont très prometteurs. Toutefois, le secteur des métaux communs au Canada s’est montré méfiant car les précédentes versions présentaient des problèmes de conception, d’après M. Amelunxen. C’est cependant de l’histoire ancienne, grâce aux changements opérés dans la conception il y a plusieurs années. Ces changements ajoutaient notamment un système interne de recyclage. Du point de vue de Hudbay, la technologie Jameson est une solution qui profite à tous. Le coût total d’investissements du circuit était inférieur de 10 à 15 millions de dollars par rapport à la technologie traditionnelle TankCell© que Hudbay avait envisagée, et son empreinte était de 35 % à 40 % inférieure, indiquait M. Amelunxen.

Avec l’aide de la société australienne Glencore Technologies, Hudbay a mené une série d’essais pilotes à son concentrateur de Stall. Les résultats positifs ont convaincu la société que New Britannia pourrait disposer d’un circuit de flottation comprenant quatre cellules Jameson.

« C’est une technologie exceptionnelle si l’on sait s’en servir. Si votre équipe est prête à écouter et à collaborer, les occasions ne manquent pas », ajoutait M. Amelunxen.

Lorsque la nouvelle du circuit de flottation à cellules Jameson de Hudbay a été révélée, la société a commencé à être contactée par des sociétés minières du Canada et du monde entier, qui souhaitait en savoir plus quant à leur décision d’utiliser cette technologie, indiquait M. Amelunxen.

« Peut-être a-t-on réussi à faire bouger les choses. Si c’est le cas, j’en suis ravi », indiquait-il.

Traitement rapide

Au vu de la forte augmentation des prix de l’or en 2020, Hudbay a exploré ses options pour déterminer s’il était possible d’accélérer la production d’or au concentrateur de New Britannia avant la mise en service du circuit à cellules Jameson, qui ne pouvait pas avoir lieu avant la fin de l’année 2021.

Le circuit de lixiviation de l’or de New Britannia a été totalement rénové, aussi Hudbay a décidé d’installer un circuit provisoire pour retirer le cuivre du minerai à l’aide de deux réacteurs modulaires de flottation directe (DFR, de l’anglais direct flotation reactors) de Woodgrove Technologies. Ce système, expliquait M. Meagher, était simple et rapide à installer. En outre, étant donné sa modularité, on peut le réutiliser une fois le circuit à cellules Jameson mis en service. Si l’installation était provisoire, l’investissement, présentait quant à lui des avantages sur le long terme.

Un circuit provisoire a été créé à l’aide de deux réacteurs modulaires de flottation directe (DFR) de Woodgrove Technologies. Avec l’aimable autorisation de Hudbay Minerals

La présence d’esprit de l’équipe de Hudbay a permis à la société de tirer parti de la hausse des prix de l’or et de bénéficier de l’équivalent de quatre mois de recettes des ventes de l’or produit à New Britannia, aux prix forts de la pandémie. Les travailleurs de New Britannia ont, en outre, pu se familiariser avec le système de lixiviation de l’or au concentrateur, expliquait M. Amelunxen, avant de se concentrer sur l’installation du circuit à cellules Jameson.

Un plan d’optimisation beaucoup plus vaste

La rénovation du concentrateur de New Britannia, dont l’exploitation commerciale commencera début 2022, constitue l’une des nombreuses mesures prises par Hudbay pour optimiser son exploitation de Snow Lake, alors même que la société se prépare à fermer sa mine 777, qui arrivera en fin de vie en 2022.

La première coulée d’or a eu lieu quatre mois avant le calendrier initial. Avec l’aimable autorisation de Hudbay Minerals

La mine de Lalor a été creusée plus profond, de 1 000 mètres à 1 200 mètres, pour pouvoir exploiter les zones aurifères profondes. Afin d’améliorer les rendements et la production, Hudbay a construit une usine de broyage centralisée pour Stall et New Britannia, réduisant par là même les coûts et éliminant les risques associés à la rénovation de l’ancienne usine de broyage de New Britannia. Elle a également ajouté des fonctionnalités activables à distance pour sa flotte de pelles et de brise-roches. Après s’être rendue compte que les pelles à Lalor avaient besoin de jusqu’à une heure et demie pour aller au poste de ravitaillement en carburant et revenir dans la mine, l’équipe de Hudbay a acheté un camion-citerne pour la livraison de carburant qui se rend à tous les niveaux de la production à chaque poste, ce qui permet de gagner du temps. Par ailleurs, l’été dernier, la société a mis en place un centre de réparation de pointe à Lalor, en vue de réduire les coûts et le temps passés à envoyer les équipements au centre de réparation de la mine de Chisel, située à environ 45 minutes en voiture. « On peut désormais procéder à l’entretien et aux reconstructions majeures en interne, ce qui est bien plus rapide », déclarait Robert Assabgui, vice-président de l’unité fonctionnelle de Manitoba de Hudbay.

« Nous avons fait tout cela, mis à profit certaines technologies, procédé à des améliorations au niveau de la mine avec le service technique et opérationnel pour optimiser l’exploitation », indiquait-il. Par conséquent, la production à Lalor est passée de 3 000 à 4 500 tonnes par jour. L’objectif est d’atteindre 5 300 tonnes par jour, indiquait M. Assabgui. Et ce n’est que le début. Parmi ses nombreuses nouvelles initiatives, Hudbay prévoit de rénover le concentrateur de Stall en l’équipant de cellules Jameson. La construction devrait commencer durant l’été 2022.

« Notre vision est [de] promouvoir une culture axée sur l’amélioration continue », expliquait M. Meagher. « Le record d’aujourd’hui sera la base de demain, et il faut bien comprendre que l’on cherche constamment à améliorer les choses. »

Traduit par Karen Rolland