Le tunnel de récupération du minerai et le convoyeur de cailloux du projet aurifère Tocantinzinho de G Mining Ventures au Brésil. Avec l’aimable autorisation de G Mining Ventures
Après la publication de ce profil de projet dans le numéro d'août de CIM Magazine, G Mining Ventures a déclaré, le 3 septembre, que la mine d'or de Tocantinzinho était en production commerciale.
En juin 2024, G Mining Ventures a commencé à broyer le premier minerai à son projet phare d’exploitation aurifère à ciel ouvert de Tocantinzinho (TZ) situé dans l’État de Pará, au Brésil. Ce tournant arrivait moins de deux ans après l’annonce par la société en septembre 2022 de sa décision de construire ce projet de 458 millions de dollars. La mise en service à chaud a commencé le 11 juin et la première coulée d'or a eu lieu quatre semaines plus tard ; au cours de cette même période, environ 77 000 tonnes de minerai ont été traitées par l'usine. La production commerciale devrait débuter dans quelques mois, dans le respect du calendrier et du budget.
Une fois que TZ aura atteint le stade de pleine production, il s’agira de la troisième plus grande mine d’or du Brésil. Le schéma de traitement comprendra une flottation en deux étapes et un circuit de lixiviation au carbone (CIL, de l’anglais carbon-in-leach), avec une capacité de traitement de 12 890 tonnes par jour. Situé à 200 kilomètres au sud-ouest de la ville d’Itaituba, le gisement de Tocantinzinho est lié à une intrusion granitique le long d’une importante zone de faille régionale orientée vers le nord-ouest qui intercepte des roches ignées d’un arc magmatique plus anciennes. Il forme un corps minéralisé subvertical de 900 mètres de long et de 200 mètres de large.
Le projet consiste en deux concessions minières, couvrant une superficie de 12 889 hectares. Ses réserves prouvées sont de 17 973 tonnes, à une teneur moyenne de 1,46 gramme d’or par tonne (g/t). Ses réserves probables sont de 30 703 tonnes, à une teneur de 1,22 g/t. La totalité des réserves probables et prouvées estimées du projet s’élève à plus de deux millions d’onces d’or. Il devrait produire environ 175 000 onces d’or et sa durée de vie initiale est estimée à 10,5 ans.
Toutefois, G Mining Ventures détient également 23 permis d’exploration pour TZ et les environs, couvrant une superficie de 76 116 hectares. La société a également déposé deux demandes de permis d’exploration pour une zone couvrant 10 569 hectares. Ainsi, la société a bon espoir que la durée de vie de la mine soit prolongée. « C’est une enveloppe foncière conséquente », expliquait Jessie Liu-Ernsting, vice-présidente des relations et des communications avec les investisseurs à G Mining Ventures. « Nous avons une grande superficie à explorer et bon espoir de trouver un deuxième gisement. »
Par ailleurs, G Mining Ventures prévoit de traiter les résidus laissés par de nombreux projets d’extraction minière artisanale dans cette zone au fil des décennies. « En survolant le site, on peut voir les vestiges de l’activité d’extraction minière artisanale passée », déclarait Mme Liu-Ernsting. « Qu’il s’agisse d’une activité en cours ou abandonnée, les mineurs artisanaux n’utilisent [généralement] pas de cyanure. Ils laissent donc une grande quantité d’or [dans les résidus]. »
G Mining Ventures prévoit de traiter tout l’or laissé par l’extraction minière artisanale et de procéder à la reforestation des sites. « De toute évidence, nous effectuons toutes nos démarches conformément aux normes modernes de réhabilitation du terrain », indiquait-elle. « C’est réellement préférable pour l’exploitation minière officielle, car nous sommes ensuite en mesure de revégétaliser les sites correctement. »
Le site du projet est isolé, et aucune communauté environnante, y compris des communautés autochtones, ne se trouve en aval du site. Il est relié au système routier brésilien par 103 kilomètres de routes d’accès praticables en tout temps. En plus d’être un lieu d’extraction minière artisanale depuis les années 1970, le projet a attiré un grand nombre de petites sociétés minières au fil des ans, notamment Brazauro Resources Corp., qui y a investi 90 millions de dollars américains. Toutefois, en 2010, Brazauro a vendu TZ à Eldorado Gold pour 120 millions de dollars américains. Malgré une étude de faisabilité réalisée pour TZ en 2019, Eldorado a tiré sa révérence et s’est retirée d’un
projet qui était globalement considéré comme isolé et complexe. G Mining Ventures a saisi l’occasion et a racheté le site pour 115 millions de dollars américains en octobre 2021.
Une exécution de projet rationalisée
La vitesse et l’efficacité de la construction du projet seraient impressionnantes pour n’importe quelle société. C’est toutefois d’autant plus stupéfiant que G Mining Ventures n’a que quatre ans d’activité derrière elle. La force à l’origine de cet accomplissement réside toutefois dans les deux générations d’expertise de la famille Gignac.
Intronisé au Temple de la renommée du secteur minier canadien (TRSMC) en 2016, Louis Gignac a utilisé pour la première fois l’approche dite « d’auto-exécution » au développement de projet (qui consiste à exécuter les projets avec l’expertise interne plutôt que d’externaliser le travail) alors qu’il était président et directeur général de Cambior Inc., un producteur d’or basé à Québec, poste qu’il a occupé pendant 20 ans. À l’aide de cette approche, il a contribué au développement de la société en un producteur d’or international, qu’il a vendue à Iamgold en 2006 pour 1,3 milliard de dollars américains.
Chargement du minerai dans le broyeur semi-autogène de la mine de Tocantinzinho. Avec l’aimable autorisation de G Mining Ventures
Il a ensuite créé G Mining Services en 2006, une société de génie-conseil familiale offrant un service intégral, qui utilise la même approche d’auto-exécution pour le développement de projets miniers. Depuis, lui et ses trois fils ingénieurs ont mis au point, construit et optimisé des projets pour des clients tels que Newmont et Iamgold en utilisant cette approche. D’après eux, elle leur aurait permis de livrer les projets dans les temps ou en avance, en respectant le budget ou en le réduisant, 100 % du temps.
En 2020, une société distincte, G Mining Ventures, a été créée pour acquérir la propriété directe de projets miniers. La société a été fondée par le fils aîné, Louis-Pierre Gignac, qui en est le directeur général et l’administrateur, avec le soutien de son père Louis Gignac et des actionnaires fondateurs loyaux. Grâce à cette approche d’auto-exécution, la famille Gignac développe ses projets miniers de taille intermédiaire de prochaine génération, à commencer par TZ.
« Les deux sociétés sont des entités distinctes, même si la famille est propriétaire de G Mining Services et un actionnaire important de G Mining Ventures », indiquait Mme Liu-Ernsting. « Pour être totalement transparents et veiller aux intérêts de nos actionnaires, nous disposons d’une convention-cadre de services, supervisée par le comité de vérification du conseil d’administration, qui sont tous des membres indépendants du conseil. »
La famille Gignac, G Mining Services et sa solide réputation pour l’exécution de projet efficace et économique ont permis à G Mining Ventures d’attirer 481 millions de dollars américains d’investissement de Franco-Nevada, La Mancha, Eldorado et Cat Financial en juillet 2022 pour le développement et la construction de TZ. G Mining Ventures a collaboré avec l’équipe de G Mining Services pour l’exécution du projet de construction grâce à l’approche d’auto-exécution, avec l’aide de l’équipe interne de la société de génie. Les membres de l’équipe ont mené tous les travaux techniques, ont directement acheté l’équipement et les matériaux, et ont embauché les 2 200 travailleurs nécessaires à la construction du projet pour une intégration totale et pour éviter les risques inhérents à la formation de nouvelles équipes de projet. Ceci a facilité l’exécution du projet, et a permis d’éliminer les dépenses supplémentaires associées aux profits réalisés par chaque sous-traitant. Cette approche a, par ailleurs, permis d’éliminer les coûts associés à tout changement de portée ou droit d’usage.
« Cette approche demande bien plus de travail et de responsabilité qu’une approche classique d’ingénierie, de fourniture des équipements et de supervision de la construction », déclarait Louis-Pierre Gignac. « Nous l’appelions jusqu’ici l’approche du gentleman-mineur, celui qui reste assis dans sa tour, ne se salit jamais les mains, arrive au travail en costard cravate, signe en bas de page un contrat qu’il attribue, et son travail s’arrête là. »
« Dans le cas présent, c’est un groupe de personnes qui se salit les mains, qui prend des responsabilités. Souvent, les personnes travaillant au bureau sont celles qui effectuent l’étude de faisabilité, l’estimation ou la sélection des matériaux et de l’équipement. Puis ils vont sur le terrain. Ils font partie de l’équipe d’exécution qui supervise la construction ou l’installation de l’équipement, et enfin, ils font partie de l’équipe chargée de la mise en service. Certains des ingénieurs sont extrêmement accomplis. Ils voient leur conception exécutée. Cela leur donne des informations en retour et ils peuvent voir les choses [devant] être ajustées. »
Les deux partenaires de G Mining ont pu actualiser l’étude de faisabilité de TZ en février 2022, soit seulement quatre mois après la finalisation de l’acquisition. Le précédent projet
d’Eldorado comprenait l’utilisation de camions de 40 tonnes pour l’étape de construction, puis le passage à des tombereaux miniers de 100 tonnes pour les activités minières. L’une des mises à jour de G Mining Services concernant la réduction des coûts consistait à éliminer les camions plus petits. « G Mining Services a une grande expérience dans la construction de mines pour d’autres clients dans le même type d’environnement que celui où se trouve TZ », déclarait Mme Liu-Ernsting. « Compte tenu de cette expérience, nous savions que nous pouvions utiliser dès le départ des tombereaux miniers. »
L’équipe à TZ possédait également un logiciel capable de suivre avec précision le travail fait quotidiennement sur le projet de construction. « Certaines personnes se moquaient de nous, elles nous demandaient si l’on était sûrs de nos résultats, si le projet était terminé à 82 % et pas à 85 %. Elles nous demandaient pourquoi on était si précis, pourquoi on parlait en pourcentages plutôt qu’en chiffres complets », déclarait Mme Liu-Ernsting. « La raison est [que] nos superviseurs et le contremaître sur le terrain ont tous des iPads équipés du logiciel de suivi. Ils connaissent exactement le budget disponible pour finaliser une certaine tâche en un certain nombre d’heures-homme. À la fin de chaque poste, ils voient si les objectifs ont été atteints ou non, ou dépassés. C’est une mesure en temps réel [des] progrès réalisés par rapport aux progrès qui ont été intégrés au budget. Nous savons non seulement comment [se profile] le projet, mais nous connaissons aussi notre productivité. »
Relier l’infrastructure
D’après M. Gignac, G Mining Ventures s’est engagée à construire une mine haute technologie dès les premières étapes. « Nous ne sommes pas autonomes. Normalement, on ne procède pas ainsi dès le départ. On se donne généralement le temps de commencer les activités », indiquait-il. « Mais nous avons mis ce processus en place pour l’usine de traitement. Nous essayons de mettre en œuvre des commandes de processus industriels sur le circuit de broyage et le circuit de flottation. Nous avons installé des câbles de fibre optique sur 108 kilomètres dans la jungle jusqu’à notre site, [de manière à] avoir une excellente communication sur place. On ne s’attend pas à cela en pleine jungle, mais nous n’avons pas le choix. Pour pouvoir exploiter tous ses systèmes, il faut être connecté. »
G Mining Ventures a annoncé la première coulée d’or le 9 juillet. Avec l’aimable autorisation de G Mining Ventures
G Mining Ventures a aussi construit et financé une ligne de transmission électrique de 193 kilomètres et 138 kilovolts qui relie le site au réseau électrique brésilien, lequel est approvisionné à 90 % par de l’énergie hydroélectrique. La ligne électrique a un coût d’investissement de 33 millions de dollars américains et sa construction s’est achevée en janvier 2024. « Ceci nous a permis de réduire notre empreinte carbone dans notre usine de traitement », expliquait M. Gignac. « Mais essentiellement, nous avons passé le relais à l’entreprise de services publics [Companhia Energética de Minas Gerais (CEMIG)]. Elle fait désormais partie d’une infrastructure publique. »
L’accord d’achat d’électricité de la société avec CEMIG, signé en juin 2023, garantit que TZ recevra 100 % d’énergie renouvelable hydroélectrique, solaire ou éolienne jusqu’à fin 2026. Cet accord octroie au projet des coûts d’électricité tout compris de 25 % inférieurs à ceux prévus dans l’étude de faisabilité de TZ de 2022. Ce sont des économies considérables, car l’électricité représente environ 25 % des coûts de traitement à la mine et environ 10 % des coûts d’exploitation totaux de la mine.
G Mining Ventures espère que la production commerciale à TZ commence au troisième trimestre cette année. « Tout le monde disait que ce projet allait être isolé et difficile à développer », concluait M. Gignac. « Je crois que nous avons montré à tout le monde que nous avons su le mettre sur pied ».